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vendredi, 08 août 2014

Terrasse de Saint-Bonaventure

Lyon, France.jpgCet été, pour ceux qui restent à Lyon, le sanctuaire de Saint-Bonaventure organise ses terrasses pour la seconde année tous les jeudis à 20 heures. Intéressant et sympathique. J'ai eu le plaisir d'animer hier une rencontre autour des poètes lyonnais dont Louis Calaferte et Pierre Autin-Grenier.

Un texte de chacun d'eux.

 Simple

Un caillou, un bout de bois, un morceau de ficelle… Il écrit tout ça sur une feuille de papier qu'il faut bien dire d'une blancheur impressionnante. Il ajoute un chien mouillé aussi ; un verre vide, une calebasse emplie de citrons posée sur un coin de la table de marbre...

Moins blanche la page maintenant. Déjà noircie au tiers (l'écriture est généreuse) par ces mots, si simples.

Alors levant les yeux vers les yeux de celui qui lisait, intrigué par-dessus son épaule, il dit humblement : "ça n'est que ça la poésie." Et l'autre, surpris, lui parle alors d'où il vient : un pays de cailloux. Lui parle de bouts de bois et morceaux de ficelle avec lesquels il fabriquait, jadis, les jouets de son enfance...

Les verres ne restent pas vides longtemps quand on cause ainsi des choses de tous les jours. Tout le monde a aimé aussi un chien mouillé, une fois au moins dans sa vie. Mais certains, par pudeur, n'en disent rien. C'est pour ceux-là - qu'ils osent enfin parler - que le poète écrit parfois un poème. Très simplement. Pour des gens comme lui en sommes, simples.

"Patron ! Remettez-moi ça !"

Pierre Autin-Grenier

"Jours anciens"

 

Un matin transparent.

L'ombre bleue d'un arbre.

Une lune blanche.

Une rose rouge.

Une rose jaune.

Une rose jaune.

Une rose rose.

Un visage de femme.

Un verre d'eau glacée.

Un livre vingt fois relu.

Une maison calme et tiède.

Une joue d'enfant ronde.

Et tout ce qui est beau.

Et pur.

Et émouvant.

Et tout ce qui fait de moi un homme de foi debout dans la Vie.

 

Louis Calaferte

"L'homme vivant."