Des rats très particuliers. (lundi, 15 octobre 2007)

Avant de repartir à Changri La, quelques mots sur un passionnant roman policier chinois dont je termine la lecture.

La littérature policière est, pour moi, le dernier refuge du réalisme, tout du moins en France.

 Les romans policiers permettent également de se promener avec beaucoup d'intérêt dans la Chine d'aujourd'hui et il est un auteur que j'aime tout particulièrement

c'est QIU XIAOLONG

dont j'avais adoré le roman "Mort d'une Héroïne rouge".

Qiu Xiaolong vit aux Etats-Unis, il écrit en anglais. et je préfère pour ma part le titre anglais du roman dont je vous parle

"Red Rats, a case of two cities", qui à mon avis rend mieux compte de l'intrinsèque du livre,

 à son titre français

"Le très corruptible Mandarin".

Il s'agit d'une histoire de corruption dans la Chine du XXIème siècle, et plus précisément d'une enquête sur la mort d'un policier qui a participé à cette lutte.

Mais les deux titres rappellent

, chacun à leur manière, que la corruption est en Chine un état d'esprit quasi millénaire.

Le mot "rat" du titre anglais évoque une fable taoïste qui parle de corruption, racontée dans les premières pages.

"Dans une grange, des rats pensent que celle-ci leur appartient car les propriétaires semblent l'avoir abandonnée. Ils se gavent de blé et deviennent si gras qu'ils ne peuvent plus courir. Le propriétaire les tue alos facilement."

Bien sûr la parabole ne dit pas ce qu'il en a coûté au propriétaire sur sa récolte ! Mais nous avons un bel exemple des méthodes de lutte chinoise : on n'attaque pas de front.

Ainsi débute notre roman. Pas d'incipit addictif dès les premières lignes selon les techniques anglo-saxonnes.

Un crime certes, mais l'auteur semble très vite l'oublier pour vous inviter à visiter la société chinoise.

Cette visite est guidée par l'inspecteur Chen, héros récurrent de Qiu Xiaolong. Un personnage absolument extraordinaire comme on ne peut en rencontrer que dans un roman chinois.

Comme tous ses contemporains, l'inspecteur Chen n'a pas choisi son métier qui lui a été attribué par l'Etat, sans "aucune considération pour ses goûts personnels". Il est  diplômé de littérature occidentale. L'inspecteur Chen est d'abord poète. Il publie régulièrement ses oeuvres dans des revues littéraires et se réfère, au cours de ses enquêtes, à la poésie traditionnelle qu'il cite en permanence. Sutout celle de l'époque de la dynastie Tang, âge d'or de la poésie.

Le texte est donc émaillé de poèmes courts car, faut-il le rappeler, ce sont les Chinois qui ont inventé cette forme de poème.

Mais aussi l'inspecteur Chen est un fin gourmet : avec lui vous dégustez les meilleurs plats des meilleurs restaurants de Shangai. Vous vous régalez.

Enfin l'inspecteur Chen est profondément confucéen, d'où une morale à toute épreuve qui lui permet de résister à toutes les tentations et d'être le meilleur inspecteur de Shangai.

Car bien sûr comme dans tout policier digne de ce nom,  l'énigme policière est résolue.

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