Sauver le Comoedia (vendredi, 07 décembre 2007)
Mille excuses aux lecteurs extérieurs à Lyon.
Le Comoedia est le seul cinéma indépendant de Lyon.
C'est une institution, l'un des plus anciens.
Trop vétuste, il avait fermé il y a quelques années.
Nous l'avons retrouvé rénové, avec de jolies salles, une programmation de qualité, les films étrangers en VO, des prix modérés : avec abonnement la place est à 5 euros.
Des animations culturelles et conviviales en font un lieu à part dans la vie culturelle lyonnaise.
Mais aujourd'hui il est attaqué et menacé par les grands groupes de distribution de films...
LE COMOEDIA A BESOIN DU SOUTIEN DE SES SPECTATEURS
La presse nationale s’en était fait l’écho depuis quelque temps déjà, c’est maintenant au tour des medias locaux de relayer l’information :
Deux procédures ont été engagées par UGC contre le Comoedia devant les tribunaux lyonnais
- la première devant le tribunal administratif pour contester l’aide sélective attribuée au Comoedia par le Centre National du Cinéma pour les travaux de rénovation. Il faut savoir que plus de 2 000 salles de cinéma en France ont déjà bénéficié d’une aide de ce type. C’est seulement la deuxième fois en 20 ans qu’une contestation par rapport à cette aide est engagée devant les tribunaux !
Pas encore de calendrier.
- la deuxième devant le tribunal de grande instance pour essayer d’interdire l’utilisation du nom Comoedia… sachant que le cinéma de l’avenue Berthelot porte ce nom depuis 1924.
Cette procédure pour contrefaçon est assortie d’une demande de dommages et intérêts d’un million d’euros ! Avec une action en référé qui arrivera devant le juge courant décembre et une action au fond courant 2008.
A notre connaissance, il n’y a aucun précédent en France avec un grand groupe s’attaquant de façon aussi
violente et devant les tribunaux à un exploitant indépendant. UGC - qui a fermé le Comoedia fin 2003 alors que rien ni personne ne lui demandait de le faire - semble bien décidé à gêner la nouvelle équipe qui a entrepris de le faire revivre.
Cette affaire est aussi à mettre en relation avec l’arrivée prochaine de trois nouveaux multiplexes dans l’agglomération, dont deux Pathé à Vaise (2008) et au Carré de Soie (2009) et dont un nouveau UGC Ciné Cité à la Confluence (2010). UGC veut manifestement essayer empêcher le Comoedia d’installer son fonctionnement et de développer normalement son public d’ici cette ouverture.
Ces implantations, décidées et voulues par le Grand Lyon, ne sont accompagnées à ce jour d’aucune réflexion sérieuse visant à permettre la cohabitation la plus harmonieuse possible de ces très gros équipements cinématographiques avec les salles d’art et essai et de proximité de Lyon et du Grand Lyon.Il serait pourtant bienvenu de se poser des questions de politique culturelle et d’aménagement du territoire si l’on ne veut pas aboutir à des déserts cinématographiques irrémédiables et à une uniformisation encore plus poussée.
L’enjeu étant tout de même de permettre à la diversité des films de rencontrer la diversité des publics !
09:45 | Lien permanent | Commentaires (19) | Facebook | Imprimer
Commentaires
Chère Rosa,
Je suis un "pragmatique". Ce sont les films qui intéressent les gens, pas le nom du cinéma ou de son propriétaire.
UGC le sait aussi.
Si ce petit cinéma est rentable, UGC consacrera une des salles de son complexe au type de films que tu aimes.
La seule différence (modernité oblige) est que la sono sera un peu plus bruyante!
Quant au reste, les avocats de tous bords doivent vivre!
Comme dit Bobby Mcferrin: "Don't Worry, Be Happy"!
Amitiés, j'adore tes coups de coeur!
Écrit par : Armand | vendredi, 07 décembre 2007
Cher Armand,
Justement, soyons pragmatique. Les complexes actuels ne programmes pas les films que programme l'UGC, a savoir des petits films indépendant. L'UGC doit avant tout remplir des grandes salles de 200 personnes.
Le Comoedia propose aussi des projections pour les écoles et accueil aussi des clubs de cinéfiles ce que ne fait pas le Comoedia.
De plus, je n'ai personnellement pas les moyens de payer une place de cinéma à l'UGC à 9,50 euros ni même de voiture pour m'y rendre. Donc si le comédia ferme je n'irais plus du tout au cinéma...
Écrit par : Sebastien | vendredi, 07 décembre 2007
Je n'ai pas bien compris. Reste-t-il d'autres salles d'art et d'essai à Lyon ? Ou bien le Comoedia est le seul survivant ?
A Angers il existe également 1 cinéma indépendant qui semble bien marcher puisqu'il s'est agrandi.
Pour ma part, je vais de moins en moins au cinéma, déçu par la production contemporaine. (et le prix prohibitif que vous soulignez).
A Paris, j'ai eu l'occasion de goûter aux salles d'art et d'essai. Une possibilité de voir facilement des films anciens qui ne passent plus ailleurs, dans un cadre souvent sympathique.
Écrit par : stéphane | vendredi, 07 décembre 2007
J'ajouterai que ce qui se passe pour le comoedia correspond complètement au totalitarisme de notre époque. Seul le "système" thésaurise les moyens d'expressions, les autres étant systématiquement étouffés. Je discutais BD l'autre jour avec un dessinateur qui m'expliquait que les maisons d'éditions imposent un travail commandé. Il n'y a plus la liberté artistique.
J'ai confiance que ce système explose, les "consommateurs", lecteurs et clientèle se désintéressant de la culture de masse qu'on leur impose.
C'est particulièrement flagrant lorsque l'on écoute de la musique à la radio. Je suis convaincu que la chanson française vaut mieux que tout ce que l'on peut écouter sur la bande FM aujourd'hui.
Écrit par : stéphane | vendredi, 07 décembre 2007
L'une des solutions www.jamendo.com
Écrit par : stéphane | vendredi, 07 décembre 2007
Armand, je ne suis pas du tout d'accord avec toi.
-le prix de la place est important (comme le souligne Sébastien), surtout pour moi qui fréquente beaucoup les salles obscures
- d'autre part j'ai HORREUR de voir un bon film à côté d'un spectateur qui mange des pop-corns...
A Stéphane : oui il y a encore des salles d'Art et Essai à Lyon.
Mais peu adaptées aux films en VO car il m'est arrivé de prendre des torticolis pour lire les sous-titrages.
Ce qui n'est pas le cas au Comoedia.
La particularité du Comoedia est qu'il est INDÉPENDANT, il diffuse des films commerciaux mais de qualité.
Bientôt nous n'aurons plus le choix que pour les salles pop-corn...
D'accord avec toi Stéphane pour ton analyse.
Écrit par : Rosa | vendredi, 07 décembre 2007
Chère Rosa,
Le Coemedia fonctionne sans subsides, si j'ai bien compris.
Une entente (pour satisfaire tout le monde) n'est-elle pas dans l'intérêt de tous car les anciens films sont aussi plus économiques à la location.
Je crois me souvenir avoir regardé avec plaisir "Les enfants du Paradis" il y a quelques années. C'est le genre de films que tu regardes, n'est-ce pas? Pourquoi cela ne serait-il pas possible chez UGC, dans une de leurs petites salles?
Ceci est le cas ou "la fonction crée l'organe" comme dirait Lamarck.
Une petite salle peut devenir rentable... sans être trop onéreuse grâce aux économies d'échelle du géant UGC!
Quant aux bavardages à voix haute dans les salles (qui me dérangent bien plus que les dégustateurs de pop-corn)... oui, c'est une façon de vivre universelle que je n'approuve pas! (Les "vieux" étant généralement mieux éduqués que les gamins, il n'y aurait pas de pop-corn dans une salle UGC qui montrerait des anciens films.)
Mais, parler d'éducation est une autre histoire...
Amitiés
Écrit par : Armand | vendredi, 07 décembre 2007
Armand je vois beaucoup de films récents ! Pour les anciens en effet je choisis des DVD. Mais à Lyon nous avons aussi l'Institut Lumière qui passe des anciens films dans une salle aménagée dans le hangar dit du Premier film où les frères Lumière avait filmé la sortie de leurs ateliers.
Le problème du Comoedia n'est pas un problème économique : c'est un problème JURIDIQUE : UGC lui fait un proçès.
Écrit par : Rosa | vendredi, 07 décembre 2007
Chère Rosa,
Pour les frères Lumière, j'ai vu plusieurs fois le film dont tu parles et où l'on voit le personnel qui sort de l'usine.
J'ai eu un métier passionnant (optique diffractive) où l'information enregistrée est basée sur les retards pris par la lumière selon le relief. (Holographie et réseaux).
Si je t'en parle, c'est parce que Lippmann a réalisé des photo-couleurs par procédé interférentiel avant 1900... Il avait été précédé par le noir et blanc (mais basé sur un tout autre principe) de Niepce. Il y a aussi eu le Praxinoscope où des petits dessins collés derrière un miroir tournant restituaient le mouvement. La naissance du cinéma des frères Lumière était préparée... Mais tu savais déjà tout ça!
.
Le problème juridique de Comedia, je ne m'en préoccupe pas de trop, n'étant pas administrateur de cette société et ne connaissant rien en droit... Je suis certain que ses sponsors (ceux qui ont investi dans la salle) ont des avocats très compétents et que la justice triomphera... dans quelques dizaines d'années!
Amitiés
Écrit par : Armand | vendredi, 07 décembre 2007
Chère Rosa,
Passer chez toi est toujours un plaisir (dont j'avais été privé, ces derniers temps) Bravo pour ta passion intacte et comme toi, je défends les petits cinémas indépendants, mais à Paris nous sommes encore un peu gâtés, sur ce plan là. Biz et encore merci pour tes petits mots amicaux.
Écrit par : Laurencel | vendredi, 07 décembre 2007
Armand, toutes ces informations sont passionnantes.
Les Frères Lumière étaient des chimistes plutôt que des physiciens. Ils se sont en fait débarrassés assez vite de leur invention : le cinéma qu'il jugeait futile et ont continué dans la Chimie et la biologie.
Je crois qu'il étaient mariés à des filles (des soeurs !) d'une grande famille industrielle belge...
Laurence à bientôt pour des nouvelles plus encourageantes.
Écrit par : Rosa | vendredi, 07 décembre 2007
J'espère que vous allez arriver à maintenir votre cinéma qui a l'air très bien et accueillant.
Je vous souhaite bon courage, ce n'est vraiment pas gagné.
Il n'existe pas une association d'indépendants ?
Écrit par : Fauvette | samedi, 08 décembre 2007
Chère Rosa,
Toute petite précision: Pour l'holographie Lippmann, il fallait normalement fabriquer (et coucher sur verre) soi-même ses gélatines dichromatées (ou émulsions à l'argent colloïdal) ou utiliser des émulsions spéciales et développer avec des recettes personnelles...
J'ai donc un peu connu la chimie argentique et les gélatines utilisées.
Chimie et physique collaborent plus souvent qu'on ne le croit...
Amitiés
P.S. Si tu veux en savoir davantage, je te propose de voir chez Google (mots clefs: besançon optique fourier lippmann). Il y a 72 entrées mais c'est fort compliqué!
Écrit par : Armand | samedi, 08 décembre 2007
Le comoedia n´est pas le seul cinéma d´art et d´essai de Lyon mais c´est un très beau cinéma avec une programmation qui ne fuit pas les risques, des animations pour les adultes et les enfants... Il montre que la culture ne peut pas se limiter à un simple commerce !
Espérons que cette mobilisation sera grande non pas pour défendre mais pour promouvoir cette idée de la proximité !
Nous avons fait un lien vers votre article sur notre site LYonenFrance.blogspot.com
Écrit par : lyonenfrance | samedi, 08 décembre 2007
Bonjour
Merci pour votre soutien
Voici le lien de notre blog
http://cinemacomoedia.over-blog.com/
Au plaisir de vous accueillir dans nos salles
Bien cordialement
L'équipe du cinéma Comoedia
Écrit par : Cinéma Comoedia | samedi, 08 décembre 2007
Fauvette je ne sais pas s'il existe une association des cinémas indépendants...Il en existe pour les cinémas d'Art et d'essai
Écrit par : Rosa | dimanche, 09 décembre 2007
Rosa, bon courage !
Écrit par : Fauvette | dimanche, 09 décembre 2007
Président d'une association de spectateurs, et des adhérents à lyon,nous avons décidé en C.A. d'apporter notre soutien aà Comoedia.
nous voulons par ailleurs leur transmettre un édito de notre journal ou nous dénonçons l'attaque d'UGC contre le Méliès de Montreuil(93).
Comme , je n'arrive pas à trouver leurs coordonnées e-mail, pourriez-vous nous les faire parvenir?..
Merci
Écrit par : André Gomar | dimanche, 16 décembre 2007
Monsieur Gomar vous ne ne donnez pas d'adresse à laquelle vous répondre....
Écrit par : Rosa | dimanche, 16 décembre 2007