Le Totem du Loup (mardi, 04 août 2009)

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Je dois à Patoo la découverte de ce fabuleux roman chinois, en fait  récit largement autobiographique. L'auteur, Jiang Rong, né en 1946, est parti, comme son héros, vivre dans la steppe mongole pendant la Révolution culturelle. Comme son héros, il y restera onze ans.

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Le personnage principal, Chen Zen, est  un "jeune instruit" qui, en 1967,  se porte volontaire pour aller travailler chez les Mongoles et leur apporter la bonne parole maoïste.

C'est lui qui sera transformé.
Il va découvrir avec passion l'univers des nomades mongoles et la vie dans la steppe.
Et surtout il se prendra d'une telle passion  pour les loups qu'il essaiera d'élever un louveteau afin de comprendre d'où vient leur force.
Les Mongoles chassent les loups, mais pas n'importe comment, et surtout les respectent.
Le loup dévore les agneaux et les poulains mais élimine les gazelles et autres herbivores qui broutent l'herbe des moutons.Donc les chasseurs mongoles ne détruisent ni leur caverne, ni les mères, ni les portées de louveteaux.
Il existe ainsi une alliance subtile et tacite entre les différents habitants de la Mongolie chinoise car ce milieu naturel est trè fragile : de l'herbe sur du sable. Il en faut peu pour que la steppe devienne un désert.
Chen Zen, initié par un vieux chasseur mongole au mystère du loup, établit tout au long de son expérience en Mongolie, un parallèle entre le règne animal et les civilisations.
Les Mongoles ont été initiés par les loups, en vivant dans leur intimité, à l'art de la guerre. Une scène superbe et spectaculaire décrit comment les loups arrivent, par une stratégie d'encerclement, à acculer les gazelles vers des marais gelés où elles vont mourir constituant pour les loups une réserve de viande. Affamés, les loups ont su attendre que les gazelles aient brouté, ne pouvant plus courir aussi vite l'estomac plein.
Les loups ont également éduqué les Mongoles au goût de la liberté et à la solidarité.
Pour Chen Zen, les nomades, libres eux aussi, excellents dans l'art de la guerre puisqu'ils ont conquis la Chine sous Gengi sKhan, établissant une dynastie et leur capitale à Pékin, sont des modèles car  le nomadisme conduit à la démocratie.
Il leur oppose les Hans. (on prononce "rane", il s'agit des Chinois représentant 90% de la population). Les Hans sont sédentaires, issus de l'agriculture. Or l'agriculteur a un respect excessif de la hiérarchie qui le prédispose à accepter la dictature. Chen Zen rejette ainsi le Confucianisme qui a rendu les Chinois dociles et peureux.
Ce roman est d'abord une fable et une métaphore.
Jiang Rong a mis six ans pour l'écrire et le livre est devenu un best-seller en Chine. Ce qui n'est pas pour plaire aux autorités chinoises car Jiang Rong appelle les Chinois à devenir comme des loups, libres et courageux et non serviles comme les chiens.
C'est son premier livre : il dit qu'il n'en écrira pas d'autres car il le portait en lui depuis trente ans.
Pour ma part je reste dans cet univers avec "La piste mongole" de Christian Garcin.

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