Ils auraient mérité le prix Nobel de la paix. (vendredi, 14 mai 2010)

200px-HenriIV.jpgParadoxal XVIe siècle ! Il commence avec la lumineuse beauté de l’humanisme de la Renaissance. L’homme devient une personne et non le maillon d’une lignée. La première moitié du siècle, celle des grands humanistes, de la poésie et des châteaux de la Loire, renoue avec la pensée antique. De même, dans l’Église catholique, des « réformateurs » vont revenir aux Écritures, chasse gardée des clercs. Ainsi vont naître la Réforme et l’Église protestante. Le siècle bascule dans la violence terrible des guerres de Religion.

Trois hommes auxquels aujourd’hui on attribuerait le prix le Nobel de la Paix ont œuvré pour elle. Henri IV, Montaigne et François de Sales : le politique, le philosophe et le religieux. Henri IV (1553-1610) a instauré la paix par l’Édit de Nantes (1598) : cela lui a coûté la vie.


 

La thèse du moine exalté est remise en cause. On sait que ce bon roi était aussi détesté, précisément parce qu'il était bon. Les conservateurs, conduits par les Guise , lui avaient déjà interdit le trône de France, rameutant les Parisiens pour empêcher le roi béarnais de s'installer au Louvre. Les Guise, le parti ultra-conservateur des ultra-catholiques, n'ont jamais cessé de combattre les Bourbon et les Condé, progressistes, et protestants.


 

200px-Montaigne.jpgMontaigne (1533-1592) a lui soutenu le roi de France, Henri IV,  dont il a été l'ami. Mais il a décliné sa proposition de le servir à la Cour. Ce qui ne l'a pas empêché à la Mairie de Bordeaux, d'oeuvrer à la réconcilation entre  catholiques et protestants.  Le philosophe s'est élevé contre le fanatisme de tout bord en suggérant de passer la pensée au crible du doute.

st-Francois-de-Sales.jpgFrançois de Sales (1567-1622) était Savoisien. "Je suis de toute façon savoisien et de naissance et d'obligation." Ce grand maître spirituel et grand écrivain, ramena la Haute-Savoie du Nord dans l'Église catholique mais par la douceur. "Rien par  contrainte, tout Amour" est au coeur de sa spiritualité. Ami d'Henri IV, qui appréciait sa sagesse et son rôle de médiateur avec les Protestants, il est pourtant resté fidèle à "son" monarque : le duc Charles-Emmanuel de Savoie. D'autant que les relations entre les deux pays n'étaient pas excellentes.

Cette époque ressemble terriblement à la nôtre : la violence d'une part mais aussi l'écroulement d'un monde de certitudes confortables bousculées par la modernité.

Et quelle régression ensuite...

L'Édit de Nantes révoqué par Louis-XIV relançant la persécution des Protestants.

La spiritualité de douceur de François de Sales disparue à sa mort, l'Église catholique s'enferma pendant des siècles dans le moralisme le plus conservateur.

Quant à Montaigne, qui avait déjà dénoncé les méfaits du colonialisme après les grandes découvertes, il ne fut guère plus écouté.

On aime et honore les hommes de Paix quand ils sont morts.

Il y a 400 ans aujourd'hui que Henri IV a été assassiné.

 

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