Eloge de l'insécurité (jeudi, 19 août 2010)

" Faudrait se caler dans la tête, et une bonne fois pour toutes, que l'insécurité, c'est pire que la prostitution ; et que ça date même de bien avant la prostitution.

L'insécurité est née avec l'apparition du sexe, avec la venue du rythme, de la couleur, avec le mélange, c'est-à-dire le crime capital, la Faute, le péché originel. C'est dire que l'insécurité remonte à la nuit des temps, à l'apparition du vivant. Elle est inhérente à la condition humaine. Alors faut pas rêver ! L'insécurité est une affaire de sexe, et elle disparaîtra avec le sexe, avec l'Autre, l'altérité. Perspective qui ne relève plus du rêve, par les temps clonesques qui courent : c'est pour demain c'est-à-dire bientôt. Donc un peu de patience, et on n'entendra plus parler de l'insécurité ; encore moins de liberté, car il n'est pas de liberté sans altérité. Autrement dit, l'insécurité est consubstancielle à la liberté.

Quand l'Identité aura enfin retrouvé le moyen de se perpétuer sans le concours du sexe, alors la Différence, la liberté, l'insécurité, la spiritualité, l'art, le "con" et la langue disparaîtront ; le poète se taira à jamais..."

Marcel Zang

Libération du 18 août 2010

J'ai adoré ce texte !

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