Fragiles adolescences... (samedi, 24 mars 2012)

Les spécialistes de l'adolescence s'accordent pour reconnaître qu'aujourd'hui celle-ci va jusqu'à trente ans. Le tueur de Toulouse était dans la troisième étape dite "post-adolescence".

J'en profite pour rééditer une note ancienne sur un sujet qui me tient à coeur : la fragilité des adolescents.

Adolescence, espace de vie presque magique... L'adolescent sait et peut raisonner comme un adulte mais il a encore cette fragilité des bourgeons d'avril qu'un coup de gelée peut détruire. L'adolescent marche incertain sur la crête de l'avenir d'où il peut basculer, sur un versant comme sur l' autre.

Il est dans un monde où tout est possible.
C'est pourquoi j'ai tellement aimé les adolescents. Il m'est arrivé de retrouver, adultes, d'anciens élèves. Ils étaient (légitimement) fiers de me montrer ce qu'ils étaient devenus mais en les félicitant je ne pouvais m'empêcher de regretter les adolescents qu'ils avaient été. Là se trouve la différence entre les parents et le professeur.
Les parents sont heureux -à juste titre- de voir leurs enfants installés dans l'existence, établis, le professeur le plus souvent porte le deuil de l'adolescent qu'il a connu.

J'ajoute la citation d'une visiteuse de l'époque, Marie-Thérèse.
 
" "Dans cette zone bien connue de "turbulences" liée à l'explosion pubertaire, c'est le champ des possibles qui s'ouvre et une certaine trajectoire de flèche qui prend une allure imprévisible. On ne chevauche pas une flèche, on la suit des yeux et on s'efforce d'être bienveillants à tous les moments de son "périple". C'est sans doute pour cela que les professeurs et les parents en arrière-fond sécurisants sont si importants dans la vie des jeunes qui guettent à chaque angle de leurs vies les modèles d'identification qui leur permettent de trouver un sens à leurs efforts et à leur désir. Le tâtonnement et la volte-face font partie des mouvements naturels de cette période et il faut comme eux tenir la distance, autant dire le défi. L'intelligence et l'intransigeance adolescentes nous fascinent car elles sont enviables, les voir apaisées avec le temps et ayant construit quelque chose d'habitable et de confortable d'un point de vue personnel et social est à la fois un soulagement et un regret. Tant de possibles ont été refoulés dans les limbes du passé. Charles Juliet disait récemment qu'il se sentait parfois dans la peau d'un adolescent, ce n'est pas une question d'âge mais de mouvement intérieur, de contact intime et lucide avec celui-ci. Bien sûr il a conscience de ce qu'il y a d'incongru et de surprenant à montrer cela. C'est pourquoi il préconise que le feu intérieur soit sans cesse affiné et entretenu dans des limites qui l'exaltent, comme cette petite souffleuse de braises dont le souvenir me revient dans l'oeuvre du peintre Georges de la Tour.

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