La Thérèse (mercredi, 23 janvier 2013)

J'ai vécu mon enfance dans un village de Haute-Savoie.  C'était  un univers terriblement clos. Fermé, et cette finitude me désespérait. D'où le sentiment aujourd'hui d'avoir vécu une enfance ennuyeuse, pas malheureuse, mais ennuyeuse. D'aussi loin que je me souvienne je n'éprouvais qu'un seul désir : partir.

Être ailleurs... 

C'est sans doute la raison pour laquelle les gens que j'ai côtoyés dans ce périmètre limité à la maison, l'école et l'église, lesquelles étaient côte à côte, prennent dans les souvenirs un certain relief.

Nous vivions sous la coupe des adultes : pas tant celle de nos parents qui étaient finalement moins présents que les parents d'aujourd'hui, mais de tous les adultes que nous rencontrions dès que nous mettions le nez dehors.

Tous se sentaient autorisés à nous remettre dans le droit chemin. Il y avait les bienveillants et ceux qui l'étaient moins, voire pas du tout.

Comme la Thérèse.

Célibataire, elle vivait comme c'était la coutume à la campagne : chez ses parents, nos voisins. Séche, maigre, acariâtre, elle était redoutable la Thérèse. Régulièrement elle remplaçait la garde-barrière au passage à niveau. Passage obligé sur le chemin de l'école. Nous étions en bande et quand on arrivait devant la Thérèse qui nous attendait de pied ferme, plantée à côté de la barrière, c'était la panique dans nos rangs. Elle avait toujours une réflexion vacharde ou une taloche à distribuer... Cela rassurait nos parents ! 

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