Septembre 1914 (jeudi, 11 septembre 2014)

11 septembre 1914

Ma chère Marie

J'ai recu avant hier ta lettre du 18 et tes deux cartes du 22 et 27 août.

Inutile de te dire le plaisir qu'elles m'ont causé. Nous sommes actuellement à 30 Km de Paris.

Je vais toujours bien, je passe entre les obus, espérons que la chance durera. Je n'ai besoin de rien. l'oncle Marie a-t-il été chercher le bois ? Dis le moi il faut l'amener si les chemins sont encore bons. A-t-il toujours son cheval ? 

As-tu des nouvelles de Louis et de Léon ? Jeanne en a-t-elle de son fiancé ?

Que disent les docteurs du village de la guerre ?

Tous ça m'intéresse, mais tu ne m'en dis jamais un mot.

Et toi comment vas-tu ? ne te force pas trop au travail ma chérie. Que je te trouve toujours fraîche et jolie quand je reviendrai.

Mais je crois qu'il y en a pour un moment avant que se signe la paix car ça ne vas pas vite. C'est aussi bien triste quand on voit des villages entiers brulés, des routes pleines de gens qui fuient. D'autres qui rentré chez eux ne retrouvent que des ruines fumantes.

Estimons nous encore heureux que la guerre ne soit pas portée chez nous.

Ca n'est pas rose non plus pour l'allemand, les soldats que j'ai vu prisonniers ramassaient du pain moisi dans la boue et le dévoraient. Nous nous touchons bien nos vivre.

Vite une lettre ma petite, ton petit Zouaves qui t'embrasse bien bien bien fort.

H.Mermin

 

Chères soeurs

Comment prenez vous l'affaire ! vous ne passez des vacances comme vous en escomptiez. Vous avez bien raison de ne pas vous faire de bile, ça ne sert a rien. Je dis cela surtout pour Jeanne a moins que ses pleurs aient cessé. Quant a moi j'y prend le mieux du monde ne pouvant faire autrement jusqu'a présent pas de balles, rien que des obus, on se met a plat ventre quand on les entend venir après on rigole. 

Je vous embrasse toutes les trois en attendant de se redisputer avec vous. Votre frangin

H.M.

(écrit sur  la même feuille de papier) 

 

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