La littérature française est en deuil (jeudi, 04 janvier 2018)
L'année 2018 commence mal pour la Littérature française.
On apprend ce matin le décès, dans un accident de voiture, de Paul Otchakovsky-Laurens, fondateur de la maison d'édition POL créée en 1984, qui a permis la découverte et l'éclosion de nombreux talents. Bien que son capital soit détenu en majorité par les éditions Gallimard, cette maison d'édition avait une vocation moins commerciale et son directeur une plus grande liberté dans ses choix d'auteurs.
Quelques uns de ces écrivains m'ont particulièrement marquée.
Bien sûr le très célèbre Emmanuel Carrère, pour ses "romans russes" dans lesquels il revient sur les origines de sa mère Hélène Carrère d'Encausse. On retiendra "Un Roman russe" et "Limonov".
Il a par ailleurs édité le journal de Charles Juillet, écrivain d'origine lyonnaise, dont la carrière littéraire a commencé fort tard.
Un autre grand écrivain, bien que peu connu du grand public, a eu son oeuvre publiée chez POL : Frédéric Boyer. Tous ses romans mais aussi ses deux très belles traductions "Les Aveux", traduction des Confessions de Saint-Augustin et "Rappeler Roland", très belle oeuvre autour de La Chanson de Roland.
Mais l'auteur que j'ai découvert chez POL, et qui m'a le plus enthousiasmée est certainement Atiq Rahimi. Cet écrivain d'origine afghane est arrivé en France en 1984 comme réfugié politique et écrit en français.
Il a offert à POL son seul prix Goncourt avec Syngué sabour. Pierre de patience.
Ce livre magnifique fait parler une jeune femme assise au chevet de son mari inconscient et lui raconte sa vie, ses confidences avançant progressivement vers l'inavouable. Atiq Rahimi a réalisé lui-même son adaptation en film.
Autre très beau roman d'Atiq Rahimi, "Maudit soit Dostoïevski," qui reprend la trame de "Crime et châtiment" mais en l'adaptant à la réalité afghane d'aujourd'hui.
La littérature est en deuil, un deuil douloureux car il faudra que la maison d'édition POL trouve un successeur à la hauteur, faisant comme Paul Otchakovsky-Laurens, preuve de hardiesse pour découvrir des talents pas forcément destinés à des succès commerciaux.
17:23 | Lien permanent | Commentaires (5) | Facebook | Imprimer
Commentaires
POL était aussi l'éditeur d'Éric VILLENEUVE, un auteur rigoureux et sensible vivant à Lyon.
http://www.pol-editeur.com/index.php?spec=auteur&numauteur=192
Écrit par : kl loth | jeudi, 04 janvier 2018
Merci à toi. Je connais Eric Villeneuve de nom mais n'ai jamais rien lu. A découvrir donc
Écrit par : Rosa | samedi, 06 janvier 2018
Rebonjour Rosa, la disparition d'un éditeur, c'est une perte pour la littérature de qualité. Singhé Sabour : un grand livre. Je n'ai pas lu "Maudit soit Dostoïevski" Je note. Bonne soirée;
Écrit par : dasola | mercredi, 07 février 2018
prochaine note Rosa ??
prochain commentaire Rosa ??
salut Rosa !!
Écrit par : Doume | vendredi, 09 février 2018
Bonjour Rosa
d 'Atic Rahimi, un très beau récit, " la balade du Calame" " l'exil ne s'écrit pas.Il se vit."
"Alors j’ai pris le calame, ce fin roseau taillé en pointe dont je me servais enfant, et je me suis mis à tracer des lettres calligraphiées, implorant les mots de ma langue maternelle."
Bises, bonne journée !
Écrit par : noelle | mardi, 27 février 2018