Pélerinage à Verdun (dimanche, 26 août 2018)
Cette année 2018, contrairement à 2008, je n'ai eu aucune envie de commémorer mai 68 et de faire mon ancienne combattante.
Cette année j'ai réalisé que c'était le centenaire de la fin de la première guerre mondiale qui était le plus important.
Mon grand-père, quatre de mes grands-oncles ont été tués dans cette guerre. Que pèse mai 68 par rapport au sacrifice de tous ces jeunes hommes ?
En juillet, je suis allée à Verdun, sur les lieux des combats. Visites très émouvantes.
Quand on va à Verdun, on n'est pas un touriste ni un simple visiteur : on est un pélerin. On se rend sur un lieu sacrificiel, d'ailleurs la route qu'empruntaient les Poilus s'appelait la route sacrée.
Sur le différents sites, les gens sont silencieux et recueillis, nous avons croisé beaucoup de familles avec enfants et adolescents. Les familles allemandes étaient également très nombreuses. Nous y avons donc passé deux jours.
Nous avons donc visité le musée mémorial, inauguré en 2016, qui est extrêmement bien fait, intéressant mais surtout émouvant. Puis Douaumont, à quelques kilomètres, l'ossuaire et l'immense nécropole où se trouve la tombe d'un grand-oncle, Émile Favre,
La Nécropole de Douaumont
Nous avons visité également le Fort de Douaumont conquis par les Allemands en février 1916 et repris par l'armée française en octobre 1916.
C'est essentiellement l'armée d'Afrique qui a livré cette bataille et repris le fort.
La bataille de Verdun a duré dix mois, elle a été remportée par les Français mais cette victoire n'a pas été décisive sur l'issue de la guerre. Pourtant Verdun est le symbole le plus fort de la guerre de 14-18. Par l'héroïsme de la résistance des soldats : la route ente Bar-le-Duc et Verdun s'appelle la voie sacrée parcque les soldats qui l'empruntaient au moment de la relève savaient qu'ils risquaient fortement de ne pas revenir.
Aujourd'hui la région est recouverte d'une belle forêt. L'État a acheté dans les années 20 les 10 000 hectares des champs de batailles pour y planter des arbres.
Mais on voit encore tous les stigmates des combats : trous d'obus et surtout les entonnoirs. C'est la guerre des mines.
On ne se rend peut-être pas bien compte sur la photo. Il s'agit d'un immense cratère. Les Allemands creusaient sous les tranchées françaises de longues galeries qu'ils bourraient de tonnes de dynamite, cela s'appelait les sapes. Ils les faisaient exploser à distance. Les poilus entendaient creuser... Il y a une scène terrible dans le roman "Les Croix de bois " de Roland Dorgelès. Une compagnie entend creuser une sape pendant plusieurs jours. Ils sont délivrés par l'arrivée de la relève, mais en partant ils croisent leurs frères d'armes et savent que ce sont eux qui y passeront.
Dorgelès a certainement écrit le roman le plus juste sur cette guerre, il l'a faite et en est revenu. Ce qui est remarquable c'est qu'il avait été réformé mais il s'est fait pistonner pour pouvoir partir au combat. Son roman paru en 1919, s'est trouvé en concurrence avec celui de Marcel Proust, "A l'ombre des jeunes filles en fleurs" qui l'a emporté. Pour la petite histoire, son éditeur avait mentionné sur la manchette 4 voix sur 10 et s'est fait condamner.
Autre découverte impressionnante durant ce voyage : celle des "villages morts pour la France". Ainsi le village de Douaumont, un peu moins de 500 habitants, qui a été détruit en un jour, le 21 février 2016. Il n'a pas été reconstruit, sauf une chapelle. Des stèles indiquent les emplacements des fermes, artisans, commerces... Ils ont gardé une existence juridique et ont un maire. Il y en sept autour de Verdun.
Nous avons terminé ce séjour par une visite sur la tombe d'Alain Fournier, auteur du "Grand Meaulnes", livre qui a marqué mon adolescence. Il est mort au début de la guerre dans un petit village, Saint-Remy-la-Calonne, le 22 septembre 1914. Il était sous-lieutenant et en repérage avec ses hommes. Ils ont tous été tués et enterrés dans une fosse commune par les Allemands. On les a retrouvés en 1991.
Le petit cimetière où est enterré Alain Fournier
La plupart des tombes qui l'entourent sont celles d'inconnus
Tombe de l'écrivain Alain Fournier
Entre les deux guerres mondiales, on compte 700 écrivains et hommes de Lettres déclarés "morts pour la France". Pour la première guerre mondiale, les plus connus sont : Charles Peguy (1914) René Dalize, poète, (1917) Guillaume Apollinaire, poète (1918) Louis Pergaud, auteur de "La guerre des boutons" (1915)
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Commentaires
Salut Rosa, ne crois pas que personne ne regarde, mais effectivement c'est difficile de persévérer... mais FB c'est tellement impersonnel et que veut dire AMI ?! je te demande ?
Pour ce qui est de Verdun nous y avons passé quelques journées du temps que le papa de Do était encore présent, il avait de l'intérêt pour cet endroit, moi perso je ne m'y suis pas attardé hormis le fait que ce fut la guerre et que ça évidemment je n'aime pas !
En attendant ta note est intéressante et le rapprochement littéraire aussi... Bonne journée et à bientôt ! Et s'il te plait prends le temps de commenter quand tu passeras...
Bises
D.
Écrit par : Doume | jeudi, 30 août 2018
Je suis allée là-bas en septembre 2013, je voulais aller voir les lieux où mon grand-père paternel a bataillé (j'ai publié son journal de guerre sur TheBookEdition). Ce fut un voyage très émouvant. J'y étais allée en 1958 avec mes grands parents et mes parents, mais je ne m'en souviens plus, il n'y a que les photos noir et blanc pour attester que j'y étais car j'avais 5 ans et dix mois en août 1958. Bon week end.
Écrit par : elisabeth | samedi, 01 septembre 2018
Je suis verdunoise d’origine, j’ai passé toute ma jeuness à Verdun, et je reste très attachée à ma ville et à son histoire.
Bravo et et merci Rosa pour votre très beau reportage, parfaitement documenté. Et j’es qu’un jour vous reviendrez en Meuse pour apprécier la beauté de cette région au CXIème siècle. Amicalement
Écrit par : Francine Schneider | dimanche, 02 septembre 2018
La chorale avec laquelle je chante dans mon village prépare la commémoration sur deux jours avec la municipalité d'un village voisin.
Pendant deux mois il va être question de répéter et de restituer des chants comme Craonne, Sambre et Meuse, Mimi, etc...
Je sais qu'il s'agit de rendre hommage à tous ces soldats perdus ; je sais aussi que voir Verdun est troublant d'émotions par le témoignage d'amis.
Mais je renonce à participer à ces deux jours et je ne sais pas si j'irai un jour mettre les pieds là où tant de sang a coulé.
Ca ne les fera pas revenir, ça n'empêche pas d'autres atrocités de perdurer autour de nous, ça ne fait que mettre mal à l'aise ceux qui préfèrent regarder devant.
C'est ma pensée.
Écrit par : anne | vendredi, 07 septembre 2018
J'avais oublié à quel point les blogs étaient bien plus intéressants que FB mais la facilité ... le temps aussi sûrement... m'ont fait me diriger vers FB. Quand je reviens ici et que je vois à quel point c'est intéressant je me dis que je me suis fourvoyée..... à bientôt
Écrit par : Joëlle | samedi, 08 septembre 2018
Merci à tous pour vos commentaires.
Oui Doume je passerai te voir.
Elisabeth tu soulignes l'importance d'emmener des jeunes, je le partage également
Anne, le ressenti ne se discute pas...
Francine je suis très touchée par votre visite.Oui je retournerai dans la Meuse car indépendamment de la découverte historique j'ai aimé votre région. Les for^ts sont magnifiques
Joelle, je suis partagée, je n'aime pas vraiment FB. J'espère aussi qu'on reviendra aux blogs.
Écrit par : Rosa | samedi, 08 septembre 2018