Chansons d'amour (mercredi, 30 mai 2007)

Un film troublant et réjouissant, réalisé par le jeune Christophe Honoré...Présenté comme une "comédie musicale", ce qu'il n'est pas à mon avis, même pas tout à fait comédie. Un film plutôt grave finalement mais surtout très profondément émouvant.
La première partie paraît légère. Dans un no man's land générationnel, trois personnages-deux filles et un garçon- ne sont plus des adolescents mais pas tout à fait des adultes... Ils se retrouvent sous la couette pour des jeux amoureux marqués par la drôlerie avec, au passage, un petit coup de lèche du réalisateur qui est aussi écrivain, à son éditeur... Dialogues ping-pong aux répliques pétillantes. Or papa et maman ne sont pas loin. Au repas de famille, on découvre les soeurs et une mère fusionnelle qui s'insinue abusivement dans les confidences de sa fille. Chansons et parapluie : ça nous rappelle quelque chose ! Pour ma part je préfère Cherbourg à Paris mais cette madeleine de Proust cinématographique est agréable à croquer.
Chansons d'amour puis chanson de mort car la mort passe là où elle n'a pas le droit de passage.
Le chagrin est bouleversant, regardé sans mièvrerie ni camouflage. Eclatement du groupe et sauve qui peut amoureux. Irruption des sentiments, irruption de la poésie... Le film est réconfortant car à contre-courant du cynisme de notre époque. A moins que le cynisme soit déjà derrière nous et que revienne le droit à la tendresse.
Les jeunes acteurs sont vraiment fantastiques. Louis Garrel en particulier avec le regard ténébreux de Jean-Pierre Léaud est époustouflant. Ludivine Sagnier dans son petit manteau blanc style Courrèges fait aussi terriblement penser à la Deneuve des "Parapluies de Cherbourg".
Mais ne nous y trompons pas : malgré tous ces clins d'oeil le film n'a rien à voir avec le film de Demy. Ne serait-ce que pour la liberté des jeux amoureux qui sont, eux, bien de notre époque. Les chansons accompagnent, plutôt discrètes, les émois des personnages mais elles ne sont pas tout le film.
Très belle images en fin de film, presque esthétisantes... Des images qui restent en vous très longtemps.

22:15 | Lien permanent | Commentaires (10) |  Facebook |  Imprimer