Roman familial (lundi, 04 juin 2007)

A Lyon se tenaient les Assises Internationales du Roman, dans un lieu magnifique, un ancien fort restauré en bord de Saône : Les Subsistances.
J'avais réservé ma place pour la rencontre sur le roman familial, thème qui m'intéressait particulièrement.
Comble de l'ironie, j'ai expédié, ce dimanche, le repas de la fête des mères pour assister à cette table ronde où l'on a dit ... beaucoup de mal de la famille.
Première auteure intervenante, Zeruya Shalev, écrivaine très célèbre dans son pays : Israël. Passionnante.
En effet "Comment peut-on vivre dans un pays tellement politisé et écrire sur la vie de famille ?" nous a-t-elle dit. Pourtant là est sa quête : le couple, la famille, l'intime. En Israêl le modèle familial est imposé par la Bible et ses histoires familiales fondatrices. "Nous naissons et grandissons dans l'ombre d'une histoire familiale vieille de milliers d'années." Je pense que je lirai son livre :"Thèra"
Après elle intervention d'une autre écrivaine, l'américaine Rikki Ducornet. Alors là, je zappe. Je n'ai pas compris ses histoires présentées comme oniriques mais faisant large place à la scatologie.
Elle fut suivie par un Danois, Jens Christian Grondahl lui aussi très intéressant car, se confrontant à l'auteure israélienne, il a fait ressortir que son pays ayant, au contraire d'Israël, échappé à l'emprise de l'Histoire, la famille n'en avait pas été épargnée pour autant. L'individu doit fuir le cercle familial, contraignant, pour aller vers des affinités électives. Tout en reconnaissant que la famille est le lieu de rencontre de l'individu et de la société, car elle permet de défendre la langue individuelle contre la langue sociale. Remarque pour cet écrivain danois : il parlait un français excellent...
Enfin est intervenu le jeune écrivain français, un vrai surdoué : Christophe Honoré également cinéaste, auteur du film "Chansons d'Amour" dont j'ai parlé il y a quelques jours.
On a assisté à un changement de génération par rapport aux écrivains précédents. C'était le seul d'ailleurs dont j'avais lu le roman "Le livre pour enfants". Un curieux titre qui l'a amené à parler de son itinéraire, de lecteur d'abord. Hervé Guibert, dont les romans ont constitué sa "famille originelle", une famille de fantômes a-t-il précisé. Il s'est présenté comme un écrivain "fossoyeur" "vicieux et sentimental".
Il a expliqué son passage par la Littérature pour enfant, le livre pour enfant, rencontre d'un adulte et d'un enfant, crée d'autres liens que les liens du sang.
Je vous épargne les réponses aux questions sinon pour signaler deux échanges intéressants.
L'un entre le Danois et l'Israélienne par rapport au poids de l'Histoire sur la famille et leurs romans : apparemment Zeruya Shalev rencontre des critiques en Israël.
Le second échange, remarquable, a été entre l'Américaine Rikki Ducornet et Christophe Honoré. L'Américaine semble faire une large place dans ses livres aux enfants abusés. Christophe Honoré a dit préférer "les enfants qui abusent"... Ajoutant, qu'en tant que cinéaste il n'imaginait même pas faire tourner un acteur enfant dans le rôle de l'enfant abusé. J'ai trouvé que c'était lui qui, finalement, avait la vision la plus saine de la famille...
Il s'est présenté comme un fossoyeur et profanateur, la mort semble très présente dans son oeuvre : événement fondateur sans doute. Pour ma part dans son roman j'ai vu davantage Antigone, un enfant désemparé avec le cadavre de son père sur les bras ...
Curieuse fête des mères quand même !

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