Lectures de l'été : premières impressions (vendredi, 27 juillet 2007)

Tout d'abord en ce qui concerne le débat sur Dantec (note sur lectures d'été suite ) la palme revient à ses lecteurs et défenseurs.

A dire vrai je n'ai pas lu tout ce que j'avais prévu, faute de temps.
Je me suis régalée avec "L'Obèle" de Martine Mairal
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Martine Mairal fait revivre Marie de Gourmay, fille spirituelle et éditrice de Montaigne. Livre savoureux car l'auteure imite à merveille la prose de Montaigne, ressuscitant le langage de cette époque pas encore épuré des mots du terroir : heureusement Malherbes n'était pas encore venu. Mais surtout le roman évoque la situation des femmes "savantes" de cette époque, ridiculisées à tords par Molière. Je sais, vous allez me dire que Molière n'a dénoncé que les excès des femmes instruites, c'est ce qu'on dit pour défendre notre monument national de la Littérature mais à ce jour je n'en suis plus si sûre : lisez "L'Obèle". Histoire de passion : pour la pensée, la littérature. Amour passionné de Marie pour Michel: lui répond par l'amour filial de celui qui a trouvé sa véritable héritière spirituelle, sa fille adoptive. Dévotion de Marie pour le restant de ses jours ; elle suivra l'édition de toutes ses oeuvres, et apparemment ce n'était pas une mince affaire, d'où le titre. L'obèle est une petite croix qui, dans la marge, signale un renvoi à un rajout et apparemment Montaigne en faisait beaucoup.
Ainsi ce petit livre a-t-il décidé d'une semaine de vacances dont le contenu n'était pas fixé : j'irai visiter Bordeaux que je ne connais pas.

J'ai beaucoup aimé "L'Infamille" de Christophe Honoré.

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J'ai préféré ce roman à "Livre pour Enfant" du même auteur. La famille finalement c'est le seul sujet important car nous sommes tous d'une famille et il nous faut vivre avec. Je parle de notre famille d'origine. J'aime le ton du roman qui aborde ce sujet dans la tragédie, le réalisme mais aussi la drôlerie. Des trouvailles inoubiables, comme les cendres du père, cachées après l'incinération dans un sac d'aspirateur. C'est ce que j'aime chez Christophe Honoré, il fouille des êtres dans le plus intime, leur faisant cracher l'inavouable tout en restant dans la banalité de la vie quotidienne. J'adhère à son idée de la famille : un groupe humain, fait de hasard dont on cherche à se libérer mais dont on ne peut se passer.
Le roman qui a le plus marqué mon début d'été est "Tokyo" de Mo Hayder. Et je remercie Myster de me l'avoir fait découvrir.
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C'est un thriller qui repose sur un fait historique abominable, trop ignoré des Occidentaux : le massacre de Nankin.
En 1937, les Japonais ont envahi la Chine affaiblie par la décadence de la famille impériale et les guerres que la Chine a subi de l 'Europe durant le XIXème siécle. Les Japonais ont occupé Pékin où ils ont soumis la population de manière humiliante (lire Lao She). Le gouvernement de Tchang Kaï Chek s'étant installé à Nankin, les Japonais
sont entrés dans sa capitale de la manière la plus brutale qui soit, massacrant les civils avec une cruauté sans égal dans l'Histoire.
Le roman de Mo Hayder, c'est l'histoire d'une jeune anglaise en recherche d'une rédemption pour une faute qu'elle n'a pas commise. Dans sa quête, elle part sur les traces d'un témoin chinois du massacre de Nankin qui vit au Japon. Et c'est là que le roman est magistral : la cruauté de l'armée niponne de 1937 trouve écho dans la cruauté des yakuzas actuels. Tous des monstres. On suit en parallèle l'aventure de la jeune anglaise embauchée dans un club à hôtesses et le journal de décembre 1937 du Chinois dont le secret est bien verrouillé.
Il faut savoir aussi que les Japonais pratiquent un révisionnisme terrible par rapport à cet épisode de leur Histoire. Je suis allée sur un site Japonais consacré au massacre de Nankin : j'ai posé une question modérée sur le rapport à la mémoire. Quand je suis retournée ma question avait disparu.
à lire absolument.

Parce qu'on me l'a offert, j'ai parcouru "L'élégance du hérisson". Bofffff!!!!!! De la veine d'Amélie Poulain avec une bonne tartine de gloubi-boulga philosophico-culturel. Tout ce que je déteste ! J'ai du mal à comprendre ce phénomène de "best seller".

Et vous ? vos lectures ?

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