Dimanche (dimanche, 16 mars 2014)

Je réédite ce texte que l'AFP m'avait interdit de publier parce que j'y utilisais leurs statistiques sur le travail du dimanche. Mais j'aime bien ce souvenir, et il me permet de retrouver des commentaires d'amis "disparus". J'espère que l'AFP me laissera tranquille ! 

J'arrive en retard à l'église avec ma grand-mère toute déhanchée par l'artrose. Nous avons traversé le village, calme. Je passe le seuil de l'église. Au fond, les bancs des hommes. ils se sont rasés ce matin mais leurs cravates sont de travers. Puis ceux des femmes, assises droites en bord de bancs. J'arrive à ceux des filles du cathéchisme. Tout devant, les garçons sont dans des chapelles latérales et nous regardent sournoisement. Une religieuse nous surveille, pas question de parler ni même de se retourner. Elle n'hésite pas à  vous faire sortir du banc et à vous placer à ses côtés en cas de mauvaise conduite. La honte. De la tribune descend la musique de l'harmonium, on entend presque les doigts sur les touches et complètement les grincements à chaque note. Puis la chorale où perce la voix de Philomène, tellement plus haute, on se demande jusqu'où elle va monter et surtout si elle va pouvoir redescendre. Je jette un coup d'oeil subrepticement. On dirait qu'Yvonne, la chef de choeur va passer par dessus la barrière. Les choristes ont le privilège de pouvoir défiler les premiers à la communion. Ils savent qu'on les regarde, les femmes mains jointes et confites en dévotion, les hommes à l'allure dégagée. Enfin éclate le chant final "Chez nous soyez reine...". Libérateur. Les hommes sont déjà dehors et se dirigent vers le café. Les femmes chantent encore à pleins poumons. Mais dès la dernière note, elles se hâtent pour préparer le repas. Mon père va retrouver ses conscrits au café, chaque dimanche, à la même table.

Je rentre avec ma grand-mère qui claudique en bavardant avec les voisines.

Aujourd'hui le dimanche on va chez Conforama...

 

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