Une odeur de gingembre (mardi, 08 septembre 2009)

51KYW6QH6ML._SS500_.jpgIndépendamment du fait que j'adore le gingembre, j'ai eu un vrai coup de coeur pour ce livre qui n'est pas tout à fait récent.

Son auteur, Oswald Wynd, est un Écossais né au Japon en 1913, et revenu da son pays à l'âge de vingt ans. Le récit retrace la vie d'une très jeune Écossaise qu'on suit pendant quarante ans à travers son journal et sa correspondance. Elle débarque à Pékin en 1904, pour épouser un officier écossais qu'elle n'a rencontré qu'une seule fois. À la suite d'une très brève liaison avec un officier japonais, elle est contrainte de quitter la Chine pour le Japon, où elle parviendra à se défendre avec un courage et une intelligence exceptionnels. Récit très émouvant car cette femme, au départ timide et naïve, paie très cher, à travers ses enfants, cette survie dans une société totalement hostile. On découvre à quel point la société japonaise du début du XXème siècle est une véritable moulinette à broyer les femmes.

Récit passionnant par la vie d'une héroïne infiniment attachante. C'est le premier intérêt du livre mais surtout on découvre les codes complètement figés

et ultra compliqués qui emprisonnent voire ligotent complètement chaque membre de la société.

Je ne sais pas ce qu'il en est aujourd'hui, le Japon n'ayant pas connu de révolution culturelle, mais dans ce récit on a l'impression que la nation est une prison pour chacun de ses habitants. C'est aussi un roman historique qui rappelle toutes les tentatives impérialistes du Japon sur l'ensemble de l'Asie, surtout la Chine,  pendant toute la première moitié de ce XXème siècle. Apparemment le récit d'Oswald Wynd comprend de nombreux éléments autobiographiques et l'on peut s'interroger : une  femme de sa famille ou amie aurait-elle vécu une telle destinée ?

 

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Oswald Wynd a connu le Japon non seulement durant les vingt premières années de sa vie mais aussi comme prisonnier  des Japonais pendant la dernière guerre mondiale. L'esprit samouraï dont on a fait, à tort,  une sorte de code admirable : il  le connaît et ne l'admire pas. D'ailleurs il se gausse, à travers son héroïne, de l' admiration de certains Occidentaux pour le Japon.
"Les Nippophiles-ces Occidentaux convertis au mode de vie japonais- ne font qu'amuser les autochtones, qui se cachent la bouche d'une main polie pour rire tout à leur aise. J'en ris aussi, à présent, sans mettre la main devant ma bouche."

 

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