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samedi, 12 avril 2014

Adieu Pierre

L'ami poète, Pierre Autin Grenier dont j'ai souvent parlé sur ce blogue est décédé ce samedi 12 avril. Je suis encore dans l'émotion même si cette mort était prévisible. Je lui consacrerai donc une note plus tard...

"Mourir ne dure jamais très longtemps, vivre, guère plus.(...) 

On mène ainsi une vie à grands coups de galoches, ignorant des heures les plus précieuses minutes et que trahir s'avance au moindre souffle des vents. Jeunesse dure, mon amour, l'instant d'un incendie de poubelles ! 

On se retrouvera bientôt ventru à jouer au billard sous les lumières blafardes d'un bistrot de banlieue, avec pour habitude l'aube et ses poivrots apeurés. Chaque matin la mer te prendra dans ses bras avec ses nouveaux vertiges ; il me faudra cesser de fumer...

Enfin un jour tout tremble, la vie elle-même s'inquiète et pour un rien on prendrait froid aux pieds. A petits gestes froissés on court encore vers quelque chose bien sûr, mais déjà les oiseaux dans les arbres et leurs plumes vous laissent indifférents. La mémoire rend méconnaissables les anciens secrets, on meurt de son vivant. Alors vient un soir formidable où l'on s'endort, du sang plein les yeux.

Et pourtant : jamais sais-tu, personne de ceux que j'ai aimés n'est mort."

Jours anciens

2003

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lundi, 24 décembre 2012

Noêl

 Très beau Noël à tous...

noël,littérature,poésie

Une seule fois

Une seule

Dans l'histoire du monde

La nuit,

Délaissant pour un instant

La peur et la mort,

La guerre et le crime,

Le vice et la misère...

 

Une seule fois

Une seule 

Dans l'histoire du monde

La nuit

mère abusive de l'ombre,

A enfanté de la lumière.

 

Bernard-Dominique Lacroix

lundi, 23 avril 2012

Lendemain d'élection...

Grâce à un commentaire de Gil, j'ai redécouvert ce très beau poème chinois que je trouve émouvant. Il faut revenir à l'essentiel : la poésie !

Je  réédite la note intégralement : dans les commentaires, celui de Gazelle qui est partie comme Yves...

 

Pour Aliscan et Bruno

amateurs de Haïku.

La poésie chinoise classique est également très riche en magnifiques textes courts.

Ainsi le "ci" classique qui était une poésie chantée par les courtisanes.

De Guan Daosheng, poétesse chinoise du XIII ème siècle, ce joli texte d'amour.

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Toi et moi brûlons

l'un pour l'autre,

comme perdus dans le four du potier.

D'une poignée

de glaise, forme un toi,

forme un moi. Réduis-nous

de nouveau en glaise, ajoute

de l'eau, reforme

un toi, reforme un moi.

Afin que tu sois dans mon corps et moi dans le tien.

 

Comme de nombreux poètes, Guan Daosheng était également peintre et calligraphe.

 

 

 

 

Je retourne quelques jours au Havre mon mari ayant décidé d'y faire une tournée d'adieux. Profitez-en pour apprendre le poème par coeur, excellent pour les neurones.

vendredi, 02 mars 2012

Le printemps des poètes

Le printemps des poètes

Mars est, on le sait, le mois de la poésie.

Belle  occasion de lire  les poètes d’aujourd’hui…

 J'ai découvert récemment Jean-Pierre Lemaire   à lire absolument.

Son dernier recueil, « Figure humaine » porte bien son nom : on découvre une poésie incarnée dans le temps présent, dans la vie réelle. Ici pas de métaphores abstraites et stériles… Il y a des hommes, des femmes, des fleurs, le rythme des saisons… La relation à l’Autre est instaurée par le « tu » : on est dans le dialogue…Le rythme est paisible, serein les mots cheminent et prennent leur temps.  

La poésie de Jean-Pierre Lemaire est également  profondément imprégnée de spiritualité sans être dans le religieux. 

Pour célébrer mars et la poésie, savourons le printemps de Jean-Pierre Lemaire.

 

"Assis au pied des choses,

Tu reprends doucement ton ancien métier

de musicien des rues :

tu notes les gouttes

capricieuses de mars

tombant du toit sur les jacinthes,

les oiseaux revenus,

la conversation des filles qui passent

avec leurs secrets.

Toutes les voix se posent

sur les balcons, les branchent, les fils parallèles

qui traversent ton cœur.

Toutes sont accordées.

Tu cherches des yeux au sommet des arbres,

Entre les nuages,

L’ange silencieux qui t’a rapporté

La mesure et la clé. »

 

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jeudi, 17 juin 2010

Songer à son père

41oO3Gcv8YL._SL500_AA300_.jpgLa remise en cause de Freud et de la psychanalyse est dans l'air du temps. Ce n'est pas pour me déplaire car j'ai toujours ressenti ces théories comme terriblement oppressantes. Le poids de l'inconscient auquel il serait difficile d'échapper m'est toujours apparu comme insupportable. Selon ces théories, il va de soi que tous les maux que nous subissons viendraient de nos ascendants, de nos parents en particulier.

Les Chinois ont échappé à cette culture, on dit qu'ils le regrettent et que certains s'y intéresseraient.

Certainement pas l'écrivain Yan Lianke.

Lui serait plutôt dans le retour au Confucianisme également dans l'air du temps en Chine.

Ainsi ce magnifique petit livre, "Songeant à mon père", est-il à lire pour confronter la relation que nous avons à nos parents à celle des Chinois.

La première partie, consacrée à de courtes nouvelles, fragments que l'auteur dits "écrits dans la paume de la main" , souvenirs épars de l'enfance, peignent l'univers vers lequel revient le narrateur qui fut officier de l'armée chinoise.

Le paysage de son enfance pour nous aider à comprendre.

La seconde partie, tout à fait bouleversante, ressemblerait à une confession mais n'en est pas une car la culpabilité en est absente. C'est pourtant un long examen de conscience, lucide et courageux. L'auteur examine tous les torts qu'il a eus à l'égard de son père et dont celui-ci serait mort. C'est impressionnant, tout à fait étranger à la culpabilisation pathologique dont on ferait preuve en Occident, mais sans complaisance.

Le ton est donné par cette très belle phrase reprise en quatrième de couverture.

"Je me suis assis pour écrire et je peux, à travers la vie et la mort de mon père, comprendre le monde, regarder en face ce qu'il y a de bon et de mauvais en moi, regarder en face la vie et la mort, la décadence et la prospérité de toutes choses, l'eau tarie du fleuve, les feuilles mortes, regarder en face, à travers ma propre vie, la disparition et la renaissance, la renaissance et la disparition de tout ce qui vit."

À méditer durant l' été !

mardi, 08 septembre 2009

Une odeur de gingembre

51KYW6QH6ML._SS500_.jpgIndépendamment du fait que j'adore le gingembre, j'ai eu un vrai coup de coeur pour ce livre qui n'est pas tout à fait récent.

Son auteur, Oswald Wynd, est un Écossais né au Japon en 1913, et revenu da son pays à l'âge de vingt ans. Le récit retrace la vie d'une très jeune Écossaise qu'on suit pendant quarante ans à travers son journal et sa correspondance. Elle débarque à Pékin en 1904, pour épouser un officier écossais qu'elle n'a rencontré qu'une seule fois. À la suite d'une très brève liaison avec un officier japonais, elle est contrainte de quitter la Chine pour le Japon, où elle parviendra à se défendre avec un courage et une intelligence exceptionnels. Récit très émouvant car cette femme, au départ timide et naïve, paie très cher, à travers ses enfants, cette survie dans une société totalement hostile. On découvre à quel point la société japonaise du début du XXème siècle est une véritable moulinette à broyer les femmes.

Récit passionnant par la vie d'une héroïne infiniment attachante. C'est le premier intérêt du livre mais surtout on découvre les codes complètement figés

et ultra compliqués qui emprisonnent voire ligotent complètement chaque membre de la société.

Je ne sais pas ce qu'il en est aujourd'hui, le Japon n'ayant pas connu de révolution culturelle, mais dans ce récit on a l'impression que la nation est une prison pour chacun de ses habitants. C'est aussi un roman historique qui rappelle toutes les tentatives impérialistes du Japon sur l'ensemble de l'Asie, surtout la Chine,  pendant toute la première moitié de ce XXème siècle. Apparemment le récit d'Oswald Wynd comprend de nombreux éléments autobiographiques et l'on peut s'interroger : une  femme de sa famille ou amie aurait-elle vécu une telle destinée ?

 

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Oswald Wynd a connu le Japon non seulement durant les vingt premières années de sa vie mais aussi comme prisonnier  des Japonais pendant la dernière guerre mondiale. L'esprit samouraï dont on a fait, à tort,  une sorte de code admirable : il  le connaît et ne l'admire pas. D'ailleurs il se gausse, à travers son héroïne, de l' admiration de certains Occidentaux pour le Japon.
"Les Nippophiles-ces Occidentaux convertis au mode de vie japonais- ne font qu'amuser les autochtones, qui se cachent la bouche d'une main polie pour rire tout à leur aise. J'en ris aussi, à présent, sans mettre la main devant ma bouche."

 

lundi, 03 août 2009

Lectures plurielles

Récemment j'ai entendu une interview de Marc Lévy sur France-Inter.

Il ne fait pas partie de mes auteurs et je n'ai jamais rien lu de lui. J'avoue que l'envie de lire un écrivain est, chez moi, inversement proportionnelle à l'importance de la  pile de livres qu'il présente en librairie. Je dois être une des rares en France à avoir détesté "L'Èlégance du hérisson" même si j'adore ces petites bêtes. Ce n'est pas du snobisme, c'est ainsi.

Pour en revenir à Marc Lévy j'ai été intéressée par ses propos. Sur la Résistance, sur les Juifs, sur Israël, une pensée personnelle qui m'a plu. Mais ce qui a retenu mon attention est ce qu'il a dit de son lectorat : des jeunes et je lui dis "bravo".

S'il parvient à accrocher des adolescents à la lecture, il aura toute mon estime à défaut de ma lecture dont il se passe d'ailleurs très bien.

Peu importe finalement comment on entre en lecture : l'essentiel est d'y entrer. On ne demande pas à un converti par quelle porte d'église il est passé, l'important est qu'il soit dedans. La progression vers des lectures plus exigeantes et surtout plus personnelles viendra peut-être plus tard.

Je me souviens de mon itinéraire personnel.

Née dans un milieu familial qui comptait de nombreux instituteurs j'ai eu accès très jeune à une littérature enfantine de qualité.

Tout a failli se gâter quand je suis devenue pensionnaire chez les religieuses de Saint-Joseph. Elles étaient braves mais bornées.

Chez elles sévissait la censure. Il fallait que les livres soient aspergés d'eau bénite, chargés d'une pensée morale destinée à fabriquer les futures bonnes mères de famille que nous étions censées devenir.

Quand nous rentrions à l'internat le dimanche soir, il fallait soumettre à la validation de notre professeur principal (toujours une religieuse) le livre forcément suspect que nous rapportions de l'extérieur.

Il y avait la liste des interdits avec Zola en tête,

-à l'époque la censure catholique mettait des auteurs à l'Index, on pouvait être excommunié de les lire-

d'où l'amour que je lui ai gardé. Dans les prescrits et vivement recommandés, je me souviens d'Hector Malot, de René Bazin mais pas Hervé, de Bernanos d'où la méfiance que j'ai conservée à son égard. Mais aussi de toutes les fadaises bien pensantes pour filles : Delly et Berthe Bernage. Marc Lévy est sans doute de la grande  littérature  par comparaison.

Si le livre n'était dans aucune des deux listes, il fallait s'abstenir... le risque de sa nuisance étant établi d'emblée.

Rebelle, je lisais sous la couverture, à la lumière de la lampe de poche, quand la dernière ronde était passée, tous les livres interdits.

Zola bien sûr et Moravia jugé sulfureux.

Mais aussi des fadaises quand c'était au grand jour et je m'en suis sortie.

Donc l'essentiel est bien de lire...