Le bonami (mardi, 07 décembre 2010)

Une visite familiale récente m'a remis en mémoire ce vieux mot du langage savoyard que j'avais oublié depuis des lustres.

Le bonami(e)

Un bonami c'est un amoureux, ce n'est pas encore le fiancé... C'est celui qui courtise, en principe on ne couche pas avec... Survivance savoyarde de l'amour courtois peut-être...

Je me suis souvenue avoir eu un bonami. C'était à l'école primaire car ensuite le mot a disparu de mon univers. Il fallait avoir un bonami, c'était classe, une question de standing. Dans mon village, école des filles et école des garçons étaient séparées d'un kilomètre... que nous parcourions évidemment à pied et en groupes. Les deux groupes, celui des garçons et celui des filles, se croisaient presque toujours au même endroit : vers la tuilerie R. seule "entreprise" du village. Des mots s'échangeaient mais plus souvent des regards niais tant à cette époque garçons et filles étaient gênés les uns vis-à-vis des autres. Un jour, les filles m'ont déclaré : Robert veut être ton bonami ? Pourquoi lui ? Mystère... J'ai accepté ce qui était présenté comme une évidence. Robert était un garçon doux et tranquille... Notre relation s'est alors limitée à un geste qui devint quotidien : quand le groupe des garçons croisait celui des filles, Robert me serrait la main.

Ls deux groupes repartaient satisfaits, c'était dans l'ordre des choses : j'étais bien sa bonamie.

À onze ans je suis partie en pension et je n'ai finalement jamais revu Robert même si j'ai eu de ses nouvelles régulièrement. Il a fait sa vie et moi la mienne.

Mais dimanche dernier, en entendant le mot "bonami" prononcé par la compagne de mon frère, ce mot m'a ramené des images d'une époque calme et paisible où on avait un ou une bonami(e).

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