Charles Juliet (suite) (samedi, 10 février 2007)

J'ai déjà exprimé mes raisons d'aimer Charles Juliet...
Une visiteuse a présenté "Lambeaux".
Pour ma part, je vais revenir sur son journal mais je pense que la clé de son oeuvre, parce que la clé de sa personnalité, est dans "L'année de l'éveil" où il fait le récit de ses quatre années passées aux enfants de troupe, dans l'école militaire d'Aix en Provence...
Charles Juliet dans son journal revient, à plusieurs reprises, sur sa conception du rôle de l'écrivain...
Voilà un passage qui me paraît significatif...
"Il est des écrivains qui révèlent une incontestable singularité, mais cette singularité ne renvoie à rien, elle est pauvre, anecdotique, fermée sue elle-même. Pourquoi cela ? Parce que ces écrivains sont encore ligotés par le moi, parce qu'ils s'assèchent à l'intérieur de ses limites, qu'ils n'écrivent que pour se raconter, s'ébattre en eux-mêmes, qu'ils n'accèdent pas à la pensée-laquelle est prise de distance, possibilité d'élucider les significations du vécu, connaissance de soi et d'autrui.
Le vrai écrivain est celui dont la singularité parle à chacun. En se renonçant, il a dénudé en lui cette part commune à tous, il s'est révélé semblable à des milliers d'autres hommes, il est devenu partie de l'ensemble. Ainsi, il a acquis le droit d'écrire, il est un microcosme."

Traversée de nuit
12 janvier 1965

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