Lin Yutang (lundi, 12 mars 2007)
Amoureuse de la Chine depuis très longtemps, j'ai grand déplaisir à toujours entendre parler de cette nation soit pour s'extasier sur son taux de croissance soit pour critiquer son incapacité à respecter les Droits de l'Homme...
Pour moi la Chine c'est une grande, admirable et ancienne civilisation dans laquelle la philosophie, la littérature-en particulier la poésie- occupent la première place...
Ainsi j'ai envie de vous présenter Lin Yutang, écrivain presque contemporain (début du XXe siècle) qui permet de bien faire comprendre l'âme chinoise aux Occidentaux puiqu'il est le produit des deux cultures...
La Saga de Lin Yutang "Un moment à Pékin" (2 tomes édités chez Picquier) s'intéresse à cette période passionnante où la Chine bascule dans la modernité. Il balaie une page d'Histoire qui va de la révolte des Boxeurs- en fait déjà une révolte contre l'intrusion de la culture occidentale- en 1900 jusqu' au début de la seconde guerre mondiale.
C'est l'histoire de deux familles aisées, l'une taoïste et l'autre confucianiste, vues à travers les femmes... Deux d'entre elles se dégagent plus particulièrement pour incarner l'une l'attachement viscéral aux valeurs traditionnelles, l'autre l'ouverture aux idées nouvelles car ces deux familles sont également bouleversées par les événements du début du XXe siècle.
Ce qui plaît dans la lecture de cet ouvrage, c'est l'éclairage apporté par le roman sur les détails de l'organisation sociale, les rites et coutumes de la Chine traditionnelle. Tous les gestes de la vie quotidienne sont stictement codifiés, la place de chacun définie dans la hiérarchie familiale sans dérogation possible. On se régale tout particulièrement de la description des grandes cérémonies comme celles des mariages et des enterrements.
On comprend qu'en Chine tenir sa place est fondamental, et que "perdre la face" est ce qui peut arriver de pire à un Chinois, c'est pire que la mort...
D'où le tact dont nous devons faire preuve quand nous les rencontrons.
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Commentaires
j'ai lu beaucoup Pearl Buck quand j'étais, jeune fille. le pays qui me séduit et qui a certainement une ressemblance est le Japon je m'intéresse beaucoup à l'écriture du haïku , à la poésie japonaise.
mais vous éveillez ma curiosité surtout que je possède une anthologie de la poésie chinoise classique
Adeline
un petit extrait :
LE JADE
Il est au monde un objet merveilleux
Très précieux, simple et sans ornement
Le taille-t-on pour un vulgaire usage ,
Sa pureté s'altère en un instant.
Wei Wing Wou
Écrit par : adeline | samedi, 03 mars 2007
Moi aussi j'ai lu Pearl Buck mais quelles que soient les qualités de ses romans qui ont eu précisément le mérite de sensibiliser notre génération à la culture chinoise, c'est quand même la vision d'une occidentale...
La vision de Lin Yutang est plus vraie et plus riche,(car celle d'un chinois) de lecture tout aussi plaisante...
Pearl Buck et Lin Yutang ont un point commun : ils ont tous deux un père pasteur protestant...
Tout le monde admire, à juste titre, les haïku japonais mais qui connaît le distique chinois dont la prosodie est très contraignante et très intéressante. Dans "Un moment à Pékin" il y a d'ailleurs une scène très intéressante ou des jeunes chinois se livre à un concours de distiques à la fin d'un repas de famille comme nous ferions une partie de scrabble.
Écrit par : Rosa | samedi, 03 mars 2007
Absence de relecture : où... se livrent...
Pardon Choubine !
Écrit par : Rosa | samedi, 03 mars 2007
Je connais très mal ce pays et sa littérature. Merci Rosa pour m'avoir ouvert cette porte.
Écrit par : L.Myster | samedi, 03 mars 2007
Tant mieux ! Voilà de quoi cmpenser l'absence de bons films sous les cocotiers.... Car je suppose que vous faites comme tous les Ex-pat : vous vous faites rapporter des livres par les copains...
Écrit par : Rosa | samedi, 03 mars 2007
Je vous en prie, Rosa!
Écrit par : Choubine | samedi, 03 mars 2007
J'ai connu le haïku grâce à une japonaise qui a épousé un français. elle a des amis japonais dans notre région et lors de leurs réunions et repas il y a toujours un petit concours de haïku qui est un hommage à l'hotesse m'a-t-elle dit
j'aimerais connaître un peu les règles des distiques chinois. j'aime les textes courts et découvrir les différentes formes d'écriture , même si je n'écris qu'en libre ( mais justement ma liberté s'inspire souvent de tout ce que je sais de la poésie )
Écrit par : adeline | dimanche, 04 mars 2007
Je ne connais du distique chinois que ce qu'en dit Lin Yutang dans son roman
Sur google j'ai trouvé deux pages intéressantes mais je ne sais pas créer le lien directement
Il s'agit de Poésie Tang, prosodie et stylistique
et un article d'une revue spécialisée Parallèles Chine Occident
Le distique chinois fonctionne sur un parralélisme par rapport à un thème, soit dans l'opposition soit dans la complémentarité, avec une alternance de mots "pleins" (concrets) et de mots "vides" (abstraits)
il y a aussi des questions de prosodie avec un nombre de syllabes mais aussi une histoire de tons.
Bref difficilement adaptables au français me semble-t-il.
Pour le plaisir je vous cite le début de cette scène où l'on fait un concours de distiques.
"On s'installa donc autour des tables. M.Yao, qui ne se sentait pas de joie, se tourna vers les jeunes gens et leur dit :
- Je vais vous mettre à l'épreuve. Vous voyez le paysage qui s'étend devant nous. A l'ouest, le canal encercle le promontoire; mais de de ce côté-ci, le monticule encercle le canal. Allons, qui composera le meilleur distique sur le vers suivant :
L'eau encerclante embrasse la colline, la colline embrasse l'eau.
Le distiique offrait de la difficulté, parce qu'il fallait répéter trois mots, qu'il devait s'appliquer à la scène actuelle, et que les tons devaient être parfaitement contrastés."
Lin Yutang
Un Moment à Pékin tome 2
Écrit par : Rosa | dimanche, 04 mars 2007
Désolée Adeline, je vous avais préparé une longue réponse , je ne sais si j'ai dépassé le temps réglementaire prévu par monsieur Hautetfort mais on m' a compliqué la validation de mon commentaire qui ne paraît pas avoir été enregistré : je referai un essai demain !
Écrit par : Rosa | dimanche, 04 mars 2007
Finalement le commentaire était passé : c'est à n'y rien comprendre...
Écrit par : Rosa | dimanche, 04 mars 2007