Je ne suis pas un héros (dimanche, 11 janvier 2009)
Bizarre !
On apprend au lycée à parler des écrivains, à les analyser, on tartine pour le bac, à la fac
mais quand l'un d'eux pousse la porte des Xanthines
et s'assied tranquillement avec son épouse (mon mari dit toujours "mon épouse" alors il me semble que ça fait mieux)
à une des fameuses tables style école-maternelle (si, si on nous l'a dit) du bistrot
boit une bière
vous vous retrouvez toute intimidée et incapable d'écrire deux lignes sur ce monsieur dont le livre vous a pourtant régalée
et vous vous vous dites : quelles quantités de conneries j'ai dû écrire par le passé sur ces auteurs qui dans leurs tombes ne pouvaient pas protester.
Bon PAG Pierre Autin-Grenier, ton indulgence s'il te plaît, je ne suis pas critique professionnel !
Pourtant lire "Je ne suis pas un héros" est la lecture adéquate pendant la période sirupeuse des vacances de Noël où les bons sentiments peuvent finir par vous écoeurer. D'ailleurs il y a des anges dans le livre de PAG même s'il les fait croquer par son chien où les écrase sous les roues de sa voiture. Mais PAG réhabilite les anges même si ne sont pas ceux de la crèche, "Les Anges dans nos campagnes" ce n'est pas tout à fait son genre...
Difficile de définir les petites histoires de PAG. Une image me vient à l'esprit. Ces textes sont comme des passes de rock'n roll. Vous démarrez une petite nouvelle, tranquille, bien rythmée dans un contexte charmant, rassurant même et hop ! vous ne vous y attendez pas, vous vous retrouvez en un coup de reins et quelques mots balancé dans la poésie surréaliste, le fantastique le plus insolite ou la transgression la plus osée.
Que ce soit les monstres des cauchemars, la mort qui vous regarde dans les yeux, ou le bras qu'on perd en secouant la salade, le burlesque et l'insolite vous surprennent et vous saisissent sans que vous ayez pu réagir. Si vous lisez dans le bus méfiance ! Un simple coup d'oeil pour vérifier votre arrêt et, reprenant votre lecture, vous avez changé d'univers.
Ceci dit PAG nous délivre de merveilleuses leçons de vie. Pour apprendre à apprivoiser le temps, tout un art. pour ne pas vous ennuyer avec les fâcheux : il suffit de se promener dans le désert du Kalahari (J'ai retenu la leçon mais moi je partirai pour le Taklamakan qui m'est plus familier).
Mieux, il n'hésite pas à liquider un complexe d'oedipe sans doute impossible en balançant sa mère par la fenêtre : là aussi j'ai retenu la leçon.
Leçon ultime : plutôt que de vouloir refaire le monde, mieux vaut chasser les gastéropodes de ses bégonias ou déguster une bonne andouillette.
"Jadis j'étais comme un garçon de café égaré dans la philosophie. je courais d'une idée à l'autre, un plateau chargé de boissons de couleurs à bout de bras. J'aurais voulu trouver une clef à l'absurde et au dérisoire de tout l'univers. (...) Je n'éprouve plus le lancinant besoin d'élucider à moi seul toutes les énigmes du cosmos, ni de farfouiller dans la lingerie de l'enfance pour y dénicher les lambeaux de réponse à mon insouciance actuelle. Non, je mets simplement quelque maniaquerie à réaliser de mon mieux les deux ou trois choses inutiles inscrites à mon programme ; et pour le reste : que le Dieu des chrétiens s'en charge !"
"Je ne suis pas un héros" Pierre Autin-Grenier chez Folio
18:34 | Lien permanent | Commentaires (28) | Tags : littérature, lyon, vive la vie | Facebook | Imprimer
Commentaires
Demain, aux Xanthines ? j'y passerai en fin de journée pour retrouver "mon épouse" tu crois que je pourrais avoir la chance de rencontrer PAG ?
Écrit par : Yves | dimanche, 11 janvier 2009
Ah Rosa! je découvre que tu connais le désert du Taklamakan! il est très cher à mon coeur car un ami que j'adore y a tourné il y a quelques années un film sur les momies retrouvées là-bas, et j'ai beaucoup rêvé à son voyage avant, pendant, et après
Écrit par : Sophie L.L | dimanche, 11 janvier 2009
Yves tu devrais avoir compris que PAG est là où on ne l'attend pas.
Oui Sophie, j'ai longé le Taklamakan seulement sur la route de la soie.
Écrit par : Rosa | dimanche, 11 janvier 2009
Quelle chance, quelle merveille. Tu es allée très souvent en Chine?
Écrit par : Sophie L.L | dimanche, 11 janvier 2009
Cinq fois Sophie mais surtout j'ai beaucoup lu et rencontré des Chinois en France.
Écrit par : Rosa | dimanche, 11 janvier 2009
...moi, à mon niveau c'est du Balavoine !
Écrit par : AlsaCop | dimanche, 11 janvier 2009
Aux Xanthines, j'apporterai une histoire chinoise mercredi.
Écrit par : Nénette | dimanche, 11 janvier 2009
Nénette tu fais bien de me le dire je viendrai avec ma petite-fille.
Écrit par : Rosa | dimanche, 11 janvier 2009
Alsa, c'est une question que je suis posée : LE TITRE !
Lien avec Balavoine ?
En fait il correspond parfaitement aux récits...
Écrit par : Rosa | dimanche, 11 janvier 2009
Pierre Autin-Grenie, je n'ai rien lu, que vient faire Ballavoine? en écrivant, j'ai compris! je note Rosa
Bonne journée aux xanthines
Bonsoir à tous et toutes
Écrit par : noelle | dimanche, 11 janvier 2009
Noelle, "Je ne suis pas un héros" est aussi le titre d'une chanson de Balavoine.
Écrit par : Rosa | dimanche, 11 janvier 2009
Pardon mesdames.
Écrit par : AlsaCop | dimanche, 11 janvier 2009
Oui, j'avais compris en posant la question!
Écrit par : noelle | dimanche, 11 janvier 2009
Je m'en doutais...
Écrit par : at nono | dimanche, 11 janvier 2009
Si je comprends bien, à Lyon on conjure l'excès de pollution en se réunissant autour d'un auteur aux Xanthines. J'approuve, et le livre me tente, je mets le titre en réserve, j'ai trop de lectures en retard (c'est la faute à ces "môdits" auteurs de théâtre que je dois lire pour mon collectif sur le théâtre contemporain!) Bisous
Écrit par : Laurencel | dimanche, 11 janvier 2009
Bonjour
pas critique... mais tu sais donner envie de lire
j'ai noté et je vais le chercher
bonne journée, et, si ce n'est déjà fait, bonne année à toi et toutes et tous ici
cordialement
rony
Écrit par : rony | lundi, 12 janvier 2009
A moi aussi, vous m'avez donné furieusement envie de découvrir le livre et l'auteur. Je vais passer à ma librairie. Merci et bonne semaine! Natacha S.
Écrit par : Natacha | lundi, 12 janvier 2009
Chère Rosa, viens lire la lettre d'un directeur d'école primaire que je publie, elle réunit toutes les valeurs d'honnêteté et d'abnégation qui m'ont fait toujours défendre l'école de la république. Bisous
Écrit par : Laurencel | lundi, 12 janvier 2009
Cet après-midi j'étais sur le pont à siroter mon café lorsqu'un phoque est passé me faire un petit coucou !
Super !!!
Écrit par : Yves | lundi, 12 janvier 2009
J'avais oublié que tu étais près du pôle sud...
Écrit par : AlsaCop | lundi, 12 janvier 2009
Le titre n'a rien à voir avec Ballavoine, mais est tiré directement de "Roberto Zucco" la pièce de Koltès qu'affectionne particulierement autin-grenier (d'ailleurs en partie cité en exergue) :
"Je suis un garçon normal et raisonnable, Monsieur. Je n’ai rien de remarquable. Aurais-je attiré votre attention si je n’étais pas venu m’asseoir à côté de vous ? Je me suis toujours dit : la meilleure façon de vivre en paix, c’est d’être aussi transparent que du verre… C’est tout un art, être transparent, c’est un exploit ; être invisible, c’est un vieux, un très vieux rêve.
Je ne suis pas un héros. Les héros sont des malfaiteurs. Il n’existe pas de héros dont les vêtements ne sont pas imprégnés de sang, et le sang est la seule chose au monde qui ne peut pas passer inaperçue…"
fortiche n'est-ce pas!
Écrit par : antoine, l'exégète | lundi, 12 janvier 2009
Merci Antoine et bienvenue.
Bienvenue Natacha je ne peux, ne vous connaissant pas, vous affirmer que ce livre vous plaira mais
pour l'électron libre je suis absolument certaine qu'il appréciera, Rony de quoi alimenter tes élucubrations.
Laurence promis je vais chez toi.
Quant aux Olibrius vous vous êtes trompés de pont...
Écrit par : Rosa | lundi, 12 janvier 2009
Chère Rosa, que ton billet est bien écrit... Et tu voi, en cet instant, je me dis que je serais bien à la retraite pour passer du temps chez toi, pour m'instruire, pour découvrir, pour élargir mon "petit" esprit, si-si, j'en conviens tout à fait !
Il faut que l'on fasse des retrouvailles dans ton petit café, maintenant, je peux en parler, je peux essayer d'organiser... avec des copinautes de bonne volonté, on va y arriver !
Je n'ose pas te dire que le titre du livre m'a fait penser à ce regretté Balavoine...
Je n'ose pas te dire que ce soir, je vais me régaler avec un bonne andouillette de chez la Colette Sibilia !
Il me tarde de te connaître enfin, chère Rosa... ainsi que ton "époux" !
Bisous de Lyon à tous les deux et @ bientôt ?
Écrit par : Plume | lundi, 12 janvier 2009
D'accord Plume, on organise sur ton blogue ?
Écrit par : Rosa | mardi, 13 janvier 2009
Lors de la lecture à Lyon de Claude Ollier (1984 ?), dans le cadre de la "Revue parlée de l'elac", je rédigeai une présentation un peu risquée que l'organisateur de la soirée lut, et que Claude Ollier écouta attentivement.
J'aimerais relire ce petit texte, me demandant s'il "tenait la route", mais hélas il est perdu.
J'ai eu l'occasion, alors que j'étais sous-fifre de cette "Revue parlée", de pouvoir côtoyer nombre d'auteurs pour quelques heures. Parfois c'était décevant, l'auteur ne parlant que des potins et magouilles du milieu littéraire. Quand d'autres écrivains, poètes, étaient passionnants, émouvants…
Écrit par : kl loth | mercredi, 14 janvier 2009
kl loth, l'elac existe encore ?
Je ne connais pas Claude Ollier... un texte perdu, quel dommage, ça ne devrait pas exister.
Écrit par : Rosa | mercredi, 14 janvier 2009
Le lieu "elac" existe toujours, au dernier étage du centre d'échanges de Perrache.
Il sert pour les cours des "Pratiques Plastiques Amateurs" Beaux Arts de Lyon.
http://ppa.enba-lyon.net/?id=perrache
En tant que lieu d'exposition, c'est fini, remplacé par le Musée d'Art Contemporain, quai Charles de Gaulle. Eh oui, les budgets sont limités.
Et puis il y a maintenant les Subsistances, mais c'est bien moins accessible que l'était l'elac, à quelques mètres seulement du métro et des parkings.
Quant à la "Revue parlée", elle a duré longtemps, devenue plus tard "L'Écrit Parade" de la Bibliothèque Municipale de la Part-Dieu.
C'est la "Scène Poétique", animée par Patrick Dubost, passionnant poète à Lyon, qui lui a succédé.
Quant à Claude Ollier, c'est un très grand écrivain, peu médiatisé hélas. À constater d'ailleurs que les meilleurs écrivains sont rarement ceux que la télévision met en avant. France Culture est beaucoup plus fiable comme source d'information.
http://www.pol-editeur.fr/catalogue/ficheauteur.asp?num=150
À lire, par exemple, La Mise en scène (disponible en édition de poche), Le Maintien de l'ordre…
Écrit par : kl loth | mercredi, 14 janvier 2009
Oui j'aimais bien ce lieu de Perrache, au coeur de la ville active.
Merci pour le lien.
Écrit par : Rosa | mercredi, 14 janvier 2009