Littérature jeunesse (mardi, 24 mars 2009)

IMGP1286.JPGTant pis, Cuba ce sera pour plus tard.

Aujourd'hui j'ai envie de parler de littérature jeunesse car c'est important. Les livres lus très jeunes laissent des marques indélébiles dans l'imaginaire et dans la sensibilité de l'adulte. Leur manque ou leur privation également.

Ashab, le libraire, qui devrait reprendre son blogue prochainement, est, à Lyon, et le défenseur et le militant d'une littérature jeunesse de qualité. Il a beaucoup de mérite car il faut reconnaître que cela n'intéresse pas grand monde. Même les enseignants d'école primaire semblent s'en désintéresser.

Ashab m'a donc entraînée dans la pré-sélection d'un prix  de la littérature jeunesse, le prix devant être décerné par les enfants d'écoles acceptant de participer. Dans la catégorie 8/12 ans, catégorie d'âge que je connais fort mal. J'ai été une piètre recrue, incapable de juger, déconcertée par les livres retenus. J'ai donc jeté l'éponge ayant lu la moitié des livres. En revanche j'ai écouté avec un intérêt immense les professionnels de cette littérature jeunesse échanger leurs impressions sur les ouvrages de la sélection.

Mais cela m'a rendu perplexe sur les lectures qu'on propose aujourd'hui aux enfants.

Tous les problèmes de société y sont abordés. Les divorces des parents, l'émigration, la pédophilie etc. Trois livres, sur 25, étaient consacrés au sort des enfants juifs pendant l'Occupation. L'un des trois, plus intéressant que les autres, racontait la  lutte d'une mère contre Klaus Barbie. Plus intéressant que les autres car l'histoire n'y était pas abordée sous l'angle de la victimisation -véritable fléau de notre société- mais sous celui du combat. Je m'interroge beaucoup sur ce réalisme des livres destinés aux enfants. Incitation à la lecture, vraiment ?

Sans doute suis-je un dinosaure mais, à cet âge là,  j'aimais les livres qui permettaient l'évasion. Mes enfants, un peu moins dinosaures pourtant, également.

Évasion dans le passé, évasion dans l'ailleurs, évasion dans le fantastique. Les exploits de héros ou héroïnes qui faisaient vibrer. Les grands sentiments également amour ou amitié envers et contre tout. Il m'a semblé que tout cela avait disparu de la littérature jeunesse. Ashab va penser que je suis de mauvaise foi, n'ayant pas tout lu. Serais-je tombée sur la moitié des livres les moins intéressants ?

Je me suis ainsi replongée dans l'histoire qui avait le plus marqué mon enfance. En fait un livre qui avait appartenu à mon père.

Contes.jpgLes contes d'Erckmann-Chatrian, ce qui m'a permis de découvrir qu'il s'agissait de deux auteurs, lorrains et non allemands comme je le pensais.

Le conte est  encore dans ma mémoire

j'ai retrouvé intacts les mêmes frissons en la relisant.

Il s'intitule "La voleuse d'enfants".

Le récit se déroule à Mayence en 1817.

Une femme  erre dans les rues, folle depuis que sa fille qu'elle tenait par la main a disparu.

Elle alerte les autorités pour dire qu'on lui a volé son enfant mais on refuse de l'écouter puisqu'elle est folle.

Jusqu'au jour où un conte perd son fils de la même manière. Lui décide d'écouter Christine, la mère folle, qui le conduit à un taudis où vivent deux femmes sinistres et abominables.  La folle se précipite sur l'une d'elle...

"La misérable était armée d'un grand couteau de boucher..."

Chritine est égorgée

"...un jet de sang inonda la soupente ; la vieille  venait de lui couper la gorge."

Et j'ai retrouvé cette phrase intacte dans ma mémoire

"Il entendait Christine râler en bas, et les gouttes de sang tomber de marche en marche au milieu du silence."

Le Conte va tuer les deux mégères en découvrant l'atroce vérité : elles transformaient en pâtés les enfants qu'elles volaient pour les vendre au marché !

Voilà ce que je lisais à dix ans !

 

 

17:14 | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : littérature, lyon |  Facebook |  Imprimer