Lectures plurielles (lundi, 03 août 2009)

Récemment j'ai entendu une interview de Marc Lévy sur France-Inter.

Il ne fait pas partie de mes auteurs et je n'ai jamais rien lu de lui. J'avoue que l'envie de lire un écrivain est, chez moi, inversement proportionnelle à l'importance de la  pile de livres qu'il présente en librairie. Je dois être une des rares en France à avoir détesté "L'Èlégance du hérisson" même si j'adore ces petites bêtes. Ce n'est pas du snobisme, c'est ainsi.

Pour en revenir à Marc Lévy j'ai été intéressée par ses propos. Sur la Résistance, sur les Juifs, sur Israël, une pensée personnelle qui m'a plu. Mais ce qui a retenu mon attention est ce qu'il a dit de son lectorat : des jeunes et je lui dis "bravo".

S'il parvient à accrocher des adolescents à la lecture, il aura toute mon estime à défaut de ma lecture dont il se passe d'ailleurs très bien.

Peu importe finalement comment on entre en lecture : l'essentiel est d'y entrer. On ne demande pas à un converti par quelle porte d'église il est passé, l'important est qu'il soit dedans. La progression vers des lectures plus exigeantes et surtout plus personnelles viendra peut-être plus tard.

Je me souviens de mon itinéraire personnel.

Née dans un milieu familial qui comptait de nombreux instituteurs j'ai eu accès très jeune à une littérature enfantine de qualité.

Tout a failli se gâter quand je suis devenue pensionnaire chez les religieuses de Saint-Joseph. Elles étaient braves mais bornées.

Chez elles sévissait la censure. Il fallait que les livres soient aspergés d'eau bénite, chargés d'une pensée morale destinée à fabriquer les futures bonnes mères de famille que nous étions censées devenir.

Quand nous rentrions à l'internat le dimanche soir, il fallait soumettre à la validation de notre professeur principal (toujours une religieuse) le livre forcément suspect que nous rapportions de l'extérieur.

Il y avait la liste des interdits avec Zola en tête,

-à l'époque la censure catholique mettait des auteurs à l'Index, on pouvait être excommunié de les lire-

d'où l'amour que je lui ai gardé. Dans les prescrits et vivement recommandés, je me souviens d'Hector Malot, de René Bazin mais pas Hervé, de Bernanos d'où la méfiance que j'ai conservée à son égard. Mais aussi de toutes les fadaises bien pensantes pour filles : Delly et Berthe Bernage. Marc Lévy est sans doute de la grande  littérature  par comparaison.

Si le livre n'était dans aucune des deux listes, il fallait s'abstenir... le risque de sa nuisance étant établi d'emblée.

Rebelle, je lisais sous la couverture, à la lumière de la lampe de poche, quand la dernière ronde était passée, tous les livres interdits.

Zola bien sûr et Moravia jugé sulfureux.

Mais aussi des fadaises quand c'était au grand jour et je m'en suis sortie.

Donc l'essentiel est bien de lire...

08:43 | Lien permanent | Commentaires (27) | Tags : lyon, littérature |  Facebook |  Imprimer