Le Résistant et les Haïtiens (jeudi, 17 avril 2008)

Il y a deux semaines, nous avons reçu, au musée de la Résistance de Lyon, un groupe de lycéens haïtiens. Mon ami Georges, ancien Résistant, qui fut déporté à Mauthausen et témoigne dans les lycées, a de nouveau été mis à contribution.

Ces lycéens sont en classe de Première au lycée français Alexandre Dumas de Port-au-Prince, bien sûr des privilégiés. Dans ce lycée où se côtoient aujourd'hui descendants d'esclaves et descendants d'esclavagistes, le professeur d'Histoire organise chaque année un voyage sur les lieux de Mémoire, de l'esclavage, mais aussi, thème de cette année, de la dernière guerre mondiale.

Ainsi le groupe arrivait du fort du Joux, dans le Doubs, où est mort Toussaint Louverture, le grand héros haïtien libérateur. Auparavant les lycéens avaient visité Auschwitz.

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Ce musée  est situé dans les murs où le sinistre Barbie, chef de la Gestapo lyonnaise, torturait les Résistants , dont Jean Moulin. On y projette un film avec des extraits de son procès, constitué des dépositions de témoins faites à la barre. C'est particulièrement dur et émouvant, impossible ou presque de voir ce film sans pleurer. Pour ma part je l'ai regardé une fois et serais incapable de le revoir. Ce sont donc des adolescents très bouleversés que nous avons retrouvés après la séance. Notre "jeune homme" de 89 ans a détendu l'atmosphère en racontant  sa vie dans la Résistance et en concentration. Il est toujours très pudique sur les souffrances endurées se concentrant essentiellement sur ce qui l'a aidé à survivre.

 Il a même fait sourire les jeunes avec des anecdotes comme celle du vélo volé.

Quand il est entré dans la Résistance, on a exigé de Georges qu'il ait un vélo. Ne sachant comment s'en procurer un, il l'a volé à un soldat allemand sur les conseils d'un ami. Ainsi toute son activité de résistant, écourtée par son arestation, s'est faite avec un vélo de l'armée allemande.

 On a terminé par une séance de photos, notre Georges ayant, malgré son âge, toujours plaisir à se trouver en compagnie de jolies filles.

 

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Le groupe poursuivait sa route sur Nantes, la ville qui a eu le courage d'assumer son passé esclavagiste. L'an dernier, une élève a dit à l'un de ses professeurs : "j'espère ne pas retrouver le nom de ma famille", dans la liste des noms d'esclavagistes.

Les jeunes Haïtiens  sont rentrés chez eux pour  être confrontés aux émeutes de la faim, la pire des atteintes aux Droits de l'Homme. Le lycée français est fermé.

09:46 | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : lyon, vive la vie |  Facebook |  Imprimer