Le journal d'Hélène Berr (jeudi, 12 juin 2008)

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Ce soir j'ai assisté à Lyon, grâce à Blandine qui m'a transmis l'information, à une présentation du Journal d'Hélène Berr. Vous avez sans doute entendu parler de cette jeune femme juive morte en camp fin avril 1945, quelques jours avant la Libération. Elle avait tenu un journal jusqu'au jour de son arrestation. Ce journal a été publié à l'initiative du Mémorial de la Shoah.

Nous avons rencontré sa nièce, Mariette Job, qui a permis cette parution.

Rencontre très émouvante, car c'est l'histoire  d'une famille juive dont une partie est morte en déportation alors que l'autre a survécu avec le poids de la tragédie, confinant dans le silence les rescapés. Mariette a voulu savoir, a pu lire ce manuscrit à l'âge de 15 ans, ressentant une grand affinité avec cette tante belle et intelligente.

"On savait mais on n'en parlait pas " nous a-t-elle dit.

L'histoire de ce journal est étonnante.

Hélène a commencé à écrire son Journal en 1942. Elle a 21 ans et voudrait préparer l'agrégation d'anglais, concours auquel elle n'aura pas le droit de se présenter car elle est juive. Elle est par ailleurs fiancée à Jean Morawiecki. Celui-ci s'engage dans les Forces Françaises libres en novembre 1942. Hélène vit alors seule avec ses parents et confie à Andrée Bardiau, au service de sa famille, des pages de ce journal au cas où elle serait arrêtée. Cette arrestation survient pour elle et ses parents le 8 mars 1944.

Andrée Bardiau a confié ce journal, écrit sur un cahier d'écolier, à son frère Jacques Berr qui l'a lui-même transmis à Jean Morawiecki. Jean a reçu ce douloureux héritage comme un trésor à conserver mais en évitant de le lire pour s'épargner la souffrance. Pour la même raison il n'avait pas revu la famille d'Hélène. Le journal  avait été dactylographié pour la famille. "On savait qu'il existait mais on n'en parlait pas."

 En 1992, Mariette la nièce, décide de retrouver l'original et rencontre Jean Morawiecki. Celui-ci accueille sa demande comme une "délivrance, une libération par rapport à un devoir non accompli." En 1994 il remet le cahier à Mariette qui l'estime trop précieux pour être conservé dans la sphère familiale et le confie au Mémorial de la Shoah. Après lui avoir consacré une vitrine, le Mémorial finit par le faire éditer.

Je lirai ce livre plus tard. J'ai retenu qu'il avait une valeur de témoignage historique mais aussi littéraire. 

Hélène était jeune, belle, généreuse, cultivée. Elle est morte de la barbarie mais ses mots  vaincront la barbarie.

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