jeudi, 10 janvier 2008
L'hiver reprend ses droits
Il faut quitter les sables chauds de Mauritanie où je n'ai pas eu d'ailleurs, comme dans la chanson, le plaisir de rencontrer un beau légionnaire et retrouver l'hiver.
Solitude
L'hiver est là, partout, sur le toit, sur le lierre,
Aux marches du perron, assis sur le vieux banc,
Il effraie mes volets, badigeonne de blanc
La fenêtre où le froid cisèle des fougères.
Je suis là, moi aussi, près d'un feu qui frissonne,
A me mordre les doigts, à compter mes regrets.
J'ai fermé le piano, plié le chevalet.
A qui rêver ? De quoi ? Quand on n'aime personne !
J'ai beau chanter, prier, secouer les apôtres,
Ma solitude dure et si ça continue,
J'aurai pour réchauffer mon vieux coeur de laitue
Qu'un verre de cassis chez la vieille d'un autre.
Bernard-Dominique Lacroix
Poète savoyard
La liqueur de cassis (maison) est une spécialité de ma région.
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Commentaires
Il fait froid. Gris. Je me crois à Lyon quand j'étais jeune et que le crayon disparaissait. Ou à Bugey, Cattenom, Blayais ou Dieppe, le Hague même, quand mon métier m'ammenait à jouer avec les Centrales.
Mais que c'est agréable, quand on a un chez soi, de boire un whisky glace auprés du feu quand le feu brule...
Ce weekend, s'il fait mauvais, j'ouvre une boite de cassoulet avec un Bergerac...
Chouette poeme... Je ne connaissais que les poetes du Nord à la Verharen... Mais c'est chouette de remplacer les usines et les terrils par de la neige
Écrit par : Falconhill | jeudi, 10 janvier 2008
Merci aussi pour cette découverte. Très émouvant ce poème, qui m'évoque plein de choses. Notamment ce haïku de Issa, que je t'offre en retour:
Etre là,
Tout simplement
Au milieu de la neige qui tombe
Écrit par : Bruno | jeudi, 10 janvier 2008
Surtout Bernard Dominique ne ferme pas le piano
Ouvre lui son âme,fa,sol,la,si,do
L'ombre des tilleuls est là
Alors ne ferme pas le piano
Ouvre lui son coeur ,fa ,sol,la,si,do.
Pierre
Écrit par : ulm pierre | jeudi, 10 janvier 2008
Bonsoir Rosa,
Pour une semaine à Perpignan chez ma mère. Pour une fois la ville la plus ensoleillée de France est grise et pluvieuse, je crois qu'après la conférence de Sarko l'ensemble de la France est morose! Bisous
Écrit par : Laurencel | jeudi, 10 janvier 2008
Bernard-Dominique est un vieil ami de ma famille et ce qu'on appelait au village un "vieux garçon". Il a réuni durant toute sa vie un impressionnant musée d'outils et autres objets anciens constituant un musée qui lui a été racheté par la mairie de Thonon-les-bains.
Pour le Faucon, ce poème évoque en effet Verharen mais aussi Francis Jammes.
Écrit par : Rosa | jeudi, 10 janvier 2008
Le fait que vous parliez de Emile Verhaeren me remonte loin trés loin en arrière où j'ai appris un poème d'Emile mais je ne me souviens pas mais il était court alors ce n'est pas: l'Escaut car il est long.
"Sauvage et bel Escaut"
Pierre
Écrit par : ulm pierre | jeudi, 10 janvier 2008
Veux-tu dire par là que le sirop de cassis adoucira ton hivere ? je suis preneur si cela est;
Écrit par : pierre2 | jeudi, 10 janvier 2008
à Pierre Ulm
L'Escaut
Et celui-ci puissant, compact, pâle et vermeil,
Remue, en ses mains d'eau, du gel et du soleil ;
Et celui-là étale, entre ses rives brunes,
Un jardin sombre et clair pour les jeux de la lune ;
Et cet autre se jette à travers le désert,
Pour suspendre ses flots aux lèvres de la mer
Et tel autre, dont les lueurs percent les brumes
Et tout à coup s'allument,
Figure un Wahallah de verre et d'or,
Où des gnomes velus gardent les vieux trésors.
En Touraine, tel fleuve est un manteau de gloire.
Leurs noms ? L'Oural, l'Oder, le Nil, le Rhin, la Loire.
Gestes de Dieux, cris de héros, marche de Rois,
Vous les solennisez du bruit de vos exploits.
Leurs bords sont grands de votre orgueil ; des palais vastes
Y soulèvent jusques aux nuages leur faste.
Tous sont guerriers : des couronnes cruelles
S'y reflètent - tours, burgs, donjons et citadelles -
Dont les grands murs unis sont pareils aux linceuls.
Il n'est qu'un fleuve, un seul,
Qui mêle au déploiement de ses méandres
Mieux que de la grandeur et de la cruauté,
Et celui-là se voue au peuple - et aux cités
Où vit, travaille et se redresse encor, la Flandre !
Tu es doux ou rugueux, paisible ou arrogant,
Escaut des Nords - vagues pâles et verts rivages -
Route du vent et du soleil, cirque sauvage
Où se cabre l'étalon noir des ouragans,
Où l'hiver blanc s'accoude à des glaçons torpides,
Où l'été luit dans l'or des facettes rapides
Que remuaient les bras nerveux de tes courants.
T'ai-je adoré durant ma prime enfance !
Surtout alors qu'on me faisait défense
De manier
Voile ou rames de marinier,
Et de rôder parmi tes barques mal gardées.
Les plus belles idées
Qui réchauffent mon front,
Tu me les as données :
Ce qu'est l'espace immense et l'horizon profond,
Ce qu'est le temps et ses heures bien mesurées,
Au va-et-vient de tes marées,
Je l'ai appris par ta grandeur.
Mes yeux ont pu cueillir les fleurs trémières,
Des plus rouges lumières,
Dans les plaines de ta splendeur.
Tes brouillards roux et farouches furent les tentes
Où s'abrita la douleur haletante
Dont j'ai longtemps, pour ma gloire, souffert ;
Tes flots ont ameuté, de leurs rythmes, mes vers ;
Tu m'as pétri le corps, tu m'as exalté l'âme ;
Tes tempêtes, tes vents, tes courants forts, tes flammes,
Ont traversé comme un crible, ma chair ;
Tu m'as trempé, tel un acier qu'on forge,
Mon être est tien, et quand ma voix
Te nomme, un brusque et violent émoi
M'angoisse et me serre la gorge.
Escaut,
Sauvage et bel Escaut,
Tout l'incendie
De ma jeunesse endurante et brandie,
Tu l'as épanoui :
Aussi,
Le jour que m'abattra le sort,
C'est dans ton sol, c'est sur tes bords,
Qu'on cachera mon corps,
Pour te sentir, même à travers la mort, encor !
Recueil : Toute la Flandre - Les héros (1908)
Écrit par : Rosa | jeudi, 10 janvier 2008
à Pierre le photographe
la liqueur de cassis de Haute-Savoie a un parfum puissant et fruité et bien sûr adoucit la gorge.
Écrit par : Rosa | jeudi, 10 janvier 2008
Peut on être un gardois provencal et avoir un réel amour pour le Nord, la Belgique, le stade Bollaert et ces paysages de Brel et de Verharen ? Ben vi...
Amusant : j'avais découvert verharen en 1993', en classe de seconde au lycée, et j'avais enfin trouvé un poète qui ne me lassait pas et qui me peignait quelque chose que je trouvais magnifique.
Et en MathSup, en 95', sur les hauts d'une colline lyonnaise, Verharen était au programme littéraire des classes préparatoires scientifique. Des textes sur les villes, avec un roman de Butor (qui m'avait marqué) et une piece de Brecht...
Merci du poeme. Avec la grisaille de la journée qui surplombe le Rhone, ce poeme tombe à pic.
Écrit par : Falconhill | vendredi, 11 janvier 2008
Faucon, j'adore les poèmes longs et qui racontent car je suis un peu comme les vaches : j'aime ruminer...
En maths sup avais-tu comme prof de Lettres Patrick de Lambert ? C'était un bon copain de Fac hélas récemment décédé.
Écrit par : Rosa | vendredi, 11 janvier 2008
Moi, je vous assure qu' Emile Verhaeren je l'ai appris en primaire mais bien sûr trés court pour nous.Je me rappelle plus d'Emile Verhaeren que de la fameuse poésie à cause de son nom qui était le même qu'un coureur cycliste...lol.
Pierre
Écrit par : ulm pierre | vendredi, 11 janvier 2008
Moi aussi Pierre, j'ai appris des textes de Verhaeren à l'école primaire comme Francis Jammes d'ailleurs...
http://www.francis-jammes.com/
Écrit par : Rosa | vendredi, 11 janvier 2008
Rosa, ça ne me dit rien comme non. J'ai eu deux freres comme professeurs, je te redonnerai les noms (je dois les avoir sur mes cahiers d'époque)
Écrit par : Falconhill | vendredi, 11 janvier 2008
Bonsoir Rosa
Bon alors je vais m'y faire : je suis une vache aussi . J'aime ruminer... les longs et compliqués poèmes ... Quelqu'un aurait-il un paturage à nous prêter ? lol
bises
Écrit par : Cathy | samedi, 12 janvier 2008
@ Cathy
Au fait bonne année avec du rêve et de l'émotion cent fois,mille fois comme un ciel car il est sans fin......
Pierre
Écrit par : ulm pierre | samedi, 12 janvier 2008
OH c'est gentil et c'est joli ce que tu écris Pierre . Merci et bonne année à toi .
Une grosse bise pour toi !
Cathy
Écrit par : Cathy | dimanche, 13 janvier 2008
J'aurais bien pris un verre de cassis, mais ici le temps est plus doux !
Écrit par : stéphane | dimanche, 13 janvier 2008
Cathy, il y a les "verts pâturages" où on pourrait aller brouter!
Stéphane, mieux vaut la douceur angevine que le verre de cassis.
Écrit par : Rosa | dimanche, 13 janvier 2008
Stephane , Rosa a raison ! Restons dans le raisonnable .lol
Rosa : pourquoi pas ? Toi tu sera la vache milka et moi la chèvre de monsieur seguin , d'accord ?
Bon sérieusement , je peux mettre ici un poème long et en francien ? Et vous le devinerez ? Qu'en penses tu Rosa ?
Écrit par : Cathy | dimanche, 13 janvier 2008
Mais bien sûr Cathy ! Viens donc enrichir cette page poétique.
Écrit par : Rosa | lundi, 14 janvier 2008
Ballade de bon conseil
Hommes failliz, bersaudez de raison,
Desnaturez et hors de congnoissance,
Desmis du sens, comblez de desraison,
Folz abusez, plains de descongnissance,
Qui procurez contre vostre naissance,
Vous subzmettans a detestable mort
Par lascheté, las! Que ne vous remort
L'orribleté qui a honte vous maine?
Voyez comment maint jeunes homs est mort
Par offenser et prendre autruy demaine.
Chascun en soy voye sa mesprison!
Ne nous vengons, prenons en pacïence:
Nous cognoissons que ce monde est prison
Aux vertureux franchis d'impacïence.
Batre, rouiller, pour ce n'est pas scïence;
Tollir, ravir, piller, meurtrier a tort:
De Dieu ne chault, trop de verité se tort
Qui en telz faitz sa jeunesse demaine,
Dont a la fin ses poins doloreux tort,
Par offenser et prendre autruy demaine.
Que vault piper, flater, rire en trayson,
Quester, mentir, affermer sans fïance,
Farcer, tromper, artifier poison,
Vivre en peché, dormir en deffïance
De son prouchain sans avoir confïance?
Pour ce conclus: de bien faisons effort,
Reprenons cueur, ayons en Dieu confort;
Nous n'avons jour certain en la sepmaine.
De noz maulx ont noz parens le ressort,
Par offenser et prendre autruy demaine.
Vivons en paix, exterminons discort;
Ieunes et vieulx, soyons tous d'ung accort:
La loy le veut, l'appostre ramaine
Licitement en l'epistre rommaine.
Ordre nous fault, estat ou aucun port.
Nottons ces poins, ne laissons le vray port,
Par offensser et prendre autruy demaine.
Écrit par : Cathy | lundi, 14 janvier 2008
BON ben maintenant il faut traduire ... le françien est typique à la langue d'oïl .... Bon je donne l'auteur quand meme : Rutebeuf....
Écrit par : Cathy | lundi, 14 janvier 2008
Je me disais aussi...
Le francien, la bête noire de mes années universitaires...
En fait même si on ne comprend pas tout de ce poème de Rutebeuf, on comprend au moins une chose : il est toujours d'actualité.... Hélas !
Écrit par : Rosa | lundi, 14 janvier 2008
oui ! l'avenir est un long passé ....
Écrit par : Cathy | lundi, 14 janvier 2008
Cathy, tu commences la semaine en faisant de la philosophie : tu m'impressionnes !
Écrit par : Rosa | lundi, 14 janvier 2008
euh... Merci Rosa... je n'ai pas l'habitude des compliments ... Mais en vérité , je philosophe sans cesse mais je me cache ... ( car ça fait un peu prétentieux, non ?)
Pour le françien les philosophes se battent , certains disent que c'est une langue qui n'existe pas et d'autres disent que c'est lié à la légende de Arthur de Bretagne et de la table ronde ; de son vrai nom : Arthur Pendragon
Écrit par : Cathy | lundi, 14 janvier 2008
Pour plaisanter, je disais à mes élèves que le francien était le "patois de l'Ile de France" mais je ne suis pas sûre de cette affirmation. C'était en effet la langue de certains romans de la littérature courtoise comme les romans de Chrétiens de Troyes mais ce n'est pas lui qui est à l'origine du cycle du Graal et des chevaliers de la Table Ronde : c'est plus ancien et anglo-axon. Chrétien de Troyes a repris ces légendes : il faudrait que je me replonge dans mes cours...
Écrit par : Rosa | lundi, 14 janvier 2008
Je sais peu de choses mais je sais que cette langue était interdite dans certaines régions comme : le bourguignon (je ne sais pas l'écrire ) et d'autres contrées... Par contre je ne sais pas pourquoi .ouI Chrétiens de Troyes faisaient des textes dans cette langue . Ils étaient 9 ou 10 je crois ... Cette langue était aussi reprise par les troubadours aux moyen-age . Ils la mettaient en chanson ...
ça fait drole de voir mon nom dans " à propos" . Merci ....
Écrit par : Cathy | lundi, 14 janvier 2008
Cathy, si mes souvenirs sont bons les troubadours étaient en langue d'oc et les trouvères en langue d'oïl.
Écrit par : Rosa | lundi, 14 janvier 2008
j'ai toujours confondu les deux mais je crois que la langue d'oc a remplaçé la langue d'oil ... le mot quoi ... il faudrait que je recherche ... pour ne pas dire de bêtises...
Écrit par : Cathy | lundi, 14 janvier 2008
Merci Rosa pour ce poème
il me touche au coeur et il est beau.
Cordialement
Écrit par : rony | lundi, 14 janvier 2008
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