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jeudi, 19 mars 2015

Il est mort le poète

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Bernard Lacroix que j'ai souvent cité sur ce blogue est décédé hier. Pendant le printemps des poètes. Il était poète mais pas seulement. Il avait constitué un musée exceptionnel, mémoire de notre région.  La collection Lacroix, acquise par le Département de la Haute-Savoie en 2001, représente l’un des plus importants témoignages de la vie quotidienne et artisanale des habitants de l’arc alpin.

Elle comprend plus de 17000 objets, tous réunis par Bernard Lacroix tout au long de sa vie. Collectionneur donc, mais aussi poète, artiste peintre et sculpteur, il a passé la majeure partie de sa vie à Fessy, dans le Chablais.

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Mais ce sont les mots du poète que je retiens aujourd'hui.

 

"Le poète

C'est celui qui rit pour ceux qui ne rient pas,

Qui pleure pour ceux qui ne pleurent pas.

 

Le poète

C'est celui qui porte la joie

Et la croix des autres..."

 

samedi, 24 mai 2014

Les Allobroges

 

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Les Allobroges étaient surtout connus pour leurs qualités de guerriers, ils étaient aux yeux des romains un peuple rebelle par excellence. La guerre était pour eux une occupation et un métier traditionnels, à tel point que les autres tribus celtes les recrutaient comme mercenaires(gaesati). Ils firent donc partie de nombreuses expéditions militaires, notamment pour venir en aide à leurs cousins de la plaine du Pô, menaçant Rome à plusieurs reprises. Il est intéressant de noter que de tout temps, les régions montagneuses ( Kabylie, Suisse...) ont produit des mercenaires. La rudesse du pays (climat et relief) conjuguée au manque de terres arables facilite en effet cette forme d'exode et cette particularité était aussi vraie pour les Ligures des montagnes avant la venue des Celtes. En 274 avant J.-C., des mercenaires celtes, engagés par les Grecs, ont même fondé un royaume en Anatolie (Galates).

Lire la suite de ce texte 

de François Ory Lacroix

Sur le blog des Amis de Bernard Lacroix

 

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La Mémoire des Allobroges est célébrée dans l'hymne savoyard. La région est frontalière, proche de la Suisse et de l'Italie. 

Voilà pourquoi demain je voterai avec enthousiasme pour l'Europe.

 

lundi, 02 mai 2011

Petit ramoneur

On est loin du ramoneur porte-bonheur. Je lui trouve l'air triste... J'ai retrouvé cette carte ancienne, de la fin du XIXème siècle vraisemblablement, en triant des archives familiales. Certes, sur toutes les photos de cette époque, il n'est pas de mise de sourire...Il n'empêche, ce petit savoyard ne semble pas heureux d'être là. Pourtant la légende lui fait, ainsi qu'à ses compagnons d'infortune, une réputation de joyeux luron...La réalité, on la connaît : une vie difficile pour ces petits travailleurs des cheminées.  Arrachés à leur famille et à leur village, ils allaient sur les routes sous la conduite d'un patron qui les exploitait. Mal nourris, peu payés, ils partaient pour ôter à leurs familles infiniment pauvres, une bouche à nourrir. Ils ne revenaient pas tous de ces longues campagnes...Paris, c'était l'étranger. Ils ne parlaient pas français...

Comme elles devaient leur paraître hautes-certains se tuaient dans des chutes- et encrassées les cheminées françaises.

Aujourd'hui, la Savoie est une des régions les plus riches de France. Qui se souvient du sacrifice des petits ramoneurs ?

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Enfant, j'avais comme beaucoup de petites filles de ma génération, reçu une poupée représentant le petit ramoneur, soigneusement rangée dans la vitrine du  "cosy" de ma chambre. C'était devenu un porte-bonheur : curieux quand même... On n'a jamais transformé en porte-bonheur les enfants qui, à cette époque, travaillaient dans les mines...

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 Pour terminer sur une note gaie, cette chanson grivoise attribuée aux ramoneurs...

C'était un petit ramoneur
Qui ramonait de tout son coeur
Allant de ville en village
Tout en cherchant de l'ouvrage
Criait de sa plus haute voix:
"La cheminée du haut en bas"  - bis -

Ce fut la fille d'un riche marchand
Qui l'arrêta tout en passant
Lui dit. "garçon des villes
Ou ramoneur de filles
Pourrais-tu bien m'y ramoner
Ma cheminée du haut en bas ? " -bis -

Quand l'ramoneur eut fini d'ramoner
La demoiselle voulu le payer :
" Combien s'élève la chose
Combien ce petit ramonage
Pour m'avoir mis en bon état
Ma cheminée de haut en bas ? " - bis -

Le p'tit garçon répondit en riant :
" Mademoiselle je veux pas d'argent
Comme il y a pas de tirage
Dans nos petits ramonage
Je passerai une autre fois
Nous règlerons tout à la fois ! " - bis -

Sur ces paroles plaisantes, je retourne en Savoie.

jeudi, 31 mars 2011

Savoyard ou Savoisien ?

petiramo.jpgLes indépendantistes savoyards se revendiquent Savoisiens. Pourquoi ?

Pour eux "savoyard" est péjoratif  à double titre. Aujourd'hui, les Savoyards sont les habitants des deux départements devenus français après l'annexion de 1860. Ce que certains rejettent aujourd'hui.

Mais il y a une autre raison historique.

Jusqu'à l'annexion, l'habitant de la Savoie était un Savoisien, ce que François de Sales revendique fortement.

Voilà à l'époque sa réponse au roi de France qui voulait l'embaucher comme diplomate...

"Si votre excellence me le permet, je lui dirai avec esprit de liberté, que je suis né, nourri et instruit, et tantôt envieilli en une solide fidélité envers notre prince souverain, à laquelle ma profession outre cela, et toutes les considérations humaines qui peuvent se faire, me tiennent étroitement lié. Je suis essentiellement "savoisien", et moi et tous les miens, et ne saurais jamais être autre chose. »

En revanche à cette époque et même plus tard, le mot Savoyard était très péjoratif comme en témoignent des définitions d'anciens dictionnaires.

 Savoyard : homme sale, grossier et brutal, on emploie le mot savoyard par mépris », (Dictionnaire Universel, Paris 1834)

« Savoyard : dans un langage très familier, on emploie ce mot pour désigner un homme grossier, rustre », (Dictionnaire des Dictionnaires, Paris 1837)

« Savoyard : paysan grossier, ramoneur, employé comme injure au XIXe siècle », (Dictionnaire de langue Française de Paul Robert, Paris 1989)

Comme le rappelle le Robert le mot était une injure jusqu'au XIXème siècle.

Quant aux ramoneurs : c'est une autre histoire. N'étant pas français, ils étaient considérés comme de pauvres émigrés, faisant des tâches peu ragoutantes, nécessaires mais indésirables. Des "bougnoules" en somme ! Les petits ramoneurs, les enfants,  ont disparu avec la loi interdisant le travail des enfants.

Comme quoi c'était bon d'être devenu français !

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dimanche, 03 octobre 2010

Ce que les hymnes disent de nous...

 

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Ce que les hymnes révèlent de nous... La question mérite d'être posée. Hymnes nationaux, hymnes régionaux... On reproche à des joueurs de foot de ne pas chanter la Marseillaise : ont-ils tellement tort de ne pas le faire ?

Cela m'a intéressée, en cette année de commémoration de l'annexion de la Savoie à la France, de comparer les deux hymnes : les Allobroges et la Marseillaise.

L'hymne savoyard, les Allobroges, a été écrit par Joseph Dessaix, neveu du général... En 1848, il compose cet hymne appelé Liberté. Il s'agit d'une allégorie : c'est la Liberté qui parle (première personne) et s'adresse aux Savoyards. Le roi de Piémont-Sardaigne, Charles-Albert, venait d'éditer un Statut dit l'Albertin, qui accordait aux États de Savoie, liberté de Presse et d'expression.

Cette liberté n'existait alors ni en France ni dans d'autres pays d'Europe. La Savoie devint alors  une terre d'accueil des proscrits en particulier de ceux qui s'opposèrent à Napoléon III. Ainsi  Alexandre Dumas en était-il. Pour remercier les Savoyards de leur accueil, il écrivit un très beau roman, peu connu, sur la Maison de Savoie.

L'exercice peut paraître scolaire : mais je me suis amusée à dégager le langage dominant de chaque hymne.

Pour les Allobroges, langage de la Liberté, d'amour, de paix et de fraternité, souligné en vert. Pour la Marseillaise, violence, combat, paroles sanguinaires, soulignées en rouge...

Je te salue, ô terre hospitalière

Où le malheur trouva protection

D'un peuple libre arborant la bannière

Je vins fêter la constitution

Proscrite hélas ! J'ai dû quitter la France

Pour m'abriter sous un climat plus doux

Mais au foyer a relui l'espérance

Et maintenant et maintenant je suis fière de vous.

Refrain

Allobroges vaillants ! dans vos vertes campagnes

Accordez-moi toujours asile et sûreté

Car j'aime à respirer l'air pur de vos montagnes:

Je suis la Liberté ! la Liberté !

 

Au cri d'appel des peuples en alarme,

J'ai répondu par un cri de réveil

Sourd à ma voix ces esclaves sans armes

Restèrent tous dans un profond sommeil

Relève-toi ma Pologne héroïque

Car pour t'aider je m'avance à grands pas,

Secoue enfin ton sommeil léthargique

Et je le veux, et je le veux, tu ne périras pas. (refrain)

 

Un mot d'amour à la belle Italie

Alsaciens vers vous je reviendrai,

Un mot d'amour au peuple qui supplie,

Forte avec tous et je triompherai.

En attendant le jour de délivrance

Priant les dieux d'écarter leur courroux

Pour faire luire un rayon d'espérance

Bons Savoisiens, bons Savoisiens, je resterai vers vous. (refrain)

(...)

Chez les humains toujours je fais ma ronde;

Mon but unique est de tous les unir

J'espère bien faire le tour du monde

Et triompher dans un prompt avenir

Je veux raser ces murailles altières

Qui des tyrans abritent le courroux

Je veux bientôt tomber les frontières

La terre doit être libre pour tous. (refrain)

Dommage qu'en annexant la Savoie la France n'ait pas adopté son hymne. Pauvres savoyards qui, quelques décennies plus tard, sont allés se faire massacrer dans les guerres contre l'Allemagne alors que ce n'était pas leur histoire. Peuple pacifiste tout imprégné de ces paroles de paix...

Je veux bientôt tomber les frontières

Tu parles !

En 1870, puis 1914, ce furent en chantant la Marseillaise qu'ils partirent...

Allons enfants de la Patrie
Le jour de gloire est arrivé !
Contre nous de la tyrannie
L'étendard sanglant est levé
Entendez-vous dans nos campagnes
Mugir ces féroces soldats?
Ils viennent jusque dans vos bras.
Égorger vos fils, vos compagnes!

Aux armes citoyens
Formez vos bataillons
Marchons, marchons
Qu'un sang impur
Abreuve nos sillons

(...)

 Tremblez, tyrans et vous perfides
L'opprobre de tous les partis
Tremblez! vos projets parricides
Vont enfin recevoir leurs prix!
Tout est soldat pour vous combattre
S'ils tombent, nos jeunes héros
La France en produit de nouveaux,
Contre vous tout prêts à se battre.

Français, en guerriers magnanimes
Portez ou retenez vos coups!
Épargnez ces tristes victimes
À regret s'armant contre nous
Mais ces despotes sanguinaires
Mais ces complices de Bouillé
Tous ces tigres qui, sans pitié
Déchirent le sein de leur mère!

Nous entrerons dans la carrière
Quand nos aînés n'y seront plus
Nous y trouverons leur poussière
Et la trace de leurs vertus
Bien moins jaloux de leur survivre
Que de partager leur cercueil
Nous aurons le sublime orgueil
De les venger ou de les suivre!

Amour sacré de la Patrie
Conduis, soutiens nos bras vengeurs
Liberté, Liberté chérie
Combats avec tes défenseurs!
Sous nos drapeaux, que la victoire
Accoure à tes mâles accents
Que tes ennemis expirants
Voient ton triomphe et notre gloire!


lundi, 20 septembre 2010

Tamié

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Le séjour était prévu depuis un an : quarante-huit heures à l'Abbaye de Tamié, celle d'où venaient plusieurs des moines de Thibhirine et c'est un concours de circonstance si je m'y suis trouvée quelques jours après avoir vu le film "Des hommes et des dieux".

Tamié, c'est d'abord un des plus beaux lieux de la Tarentaise. Le monastère, situé près du col, à 900 mètres d'altitude, est un lieu protégé où la nature garde ses droits. J'aime l'aspect  austère des bâtiments qui convient au paysage de montagne mais aussi à la Règle trappiste des moines cisterciens. Bâtiment austère et accueil chaleureux : frère Pierre, le moine hôtelier, est un vrai personnage... Drôle, sympathique, direct... Je me demande d'ailleurs s'il pourrait suivre complètement la règle du silence sans cette fonction.

Le silence ! Pour nous qui vivons dans le bruit et le bavardage, à commencer par le bavardage virtuel de nos blogues, que c'est bon ! Quarante-huit heures sans téléphone -les mobiles ne passent pas- sans ordinateurs ni autre médias :  juste des journaux et  des livres. Les repas sans parler mais accompagnés de musique... Les journées rythmées par les offices tous plus beaux les uns que les autres. Celui du soir en particulier. L'Église est dans le noir le plus complet. Seule une lumière  éclaire le pupitre d'un lecteur ou d'un chantre, révélant , dans l'obscurité, la coule blanche d'un frère.

Silence bienfaisant mais que la vie est exigeante : chaque jour le moine partage à égalité, son temps entre la prière, le travail et les nécessités vitales... Il se lève à quatre heures et demie  et se couche à vingt et une heure le soir.

P1020541.JPGQuant au travail il est essentiellement agricole. Les moines fabriquent un excellent fromage, le Tamié. Entre tomme de Savoie et reblochon. Ils n'ont pas de vaches mais font vivre les éleveurs de leur canton, car contrairement à l'ensemble des entreprises agro-alimentaires, ils achètent le lait à un prix décent.

Fait particulier qui marque leur esprit d'innovation, le petit-lait issu de la fabrication, est méthanisé et brûlé dans les chaudières qui chauffent l'Abbaye.

À table, on mange peu de viande et les légumes-100% bio- sont cultivés par les moines.

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Autre activité économique, l'hôtellerie ! Très demandée, il faut réserver sa place longtemps à l'avance. Dimanche j'ai d'ailleurs senti les moines inquiets de la récente notoriété que leur donne le film de Xavier Beauvois. Ils ont peur d'être submergés.

Un temps hors du monde : difficile d'en sortir.

Heureusement sur le chemin du retour, nous avons fait halte chez Edith, une visiteuse de ce blogue, qui grâce à sa délicieuse tarte aux pommes et à l'excellente Roussette (vin de Savoie) de son gendre, nous a facilité le retour à la réalité. Il me fallait bien ça pour revenir sur terre ! Merci Edith ! Et j'espère que Montmélian a gagné !

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dimanche, 15 août 2010

15 août

En Haute-Savoie, et plus particulièrement dans le Chablais, le 15 août est une fête toujours célébrée. Fêtes de village et feux d'artifice un peu partout.

Curieusement ce jour-là, en ce qui concerne le temps, c'est tout ou rien.

Chaleur accablante qui vous écrase certains étés... Le vin blanc, les bouteilles de Bourgogne et les grillades...Les guêpes s'agglutinent sur les tartes aux prunes. On sirote le café sous le poirier sans avoir la force de se lever pour faire la vaisselle.

Ou alors l'été nous joue des tours. Pluie et froid d'automne. Les nuages traînent dans les vallées, les sommets disparaissent dans la brume. On allume la cheminée...

C'était le scénario de cette année : vivement l'année prochaine.