dimanche, 03 octobre 2010
Ce que les hymnes disent de nous...
Ce que les hymnes révèlent de nous... La question mérite d'être posée. Hymnes nationaux, hymnes régionaux... On reproche à des joueurs de foot de ne pas chanter la Marseillaise : ont-ils tellement tort de ne pas le faire ?
Cela m'a intéressée, en cette année de commémoration de l'annexion de la Savoie à la France, de comparer les deux hymnes : les Allobroges et la Marseillaise.
L'hymne savoyard, les Allobroges, a été écrit par Joseph Dessaix, neveu du général... En 1848, il compose cet hymne appelé Liberté. Il s'agit d'une allégorie : c'est la Liberté qui parle (première personne) et s'adresse aux Savoyards. Le roi de Piémont-Sardaigne, Charles-Albert, venait d'éditer un Statut dit l'Albertin, qui accordait aux États de Savoie, liberté de Presse et d'expression.
Cette liberté n'existait alors ni en France ni dans d'autres pays d'Europe. La Savoie devint alors une terre d'accueil des proscrits en particulier de ceux qui s'opposèrent à Napoléon III. Ainsi Alexandre Dumas en était-il. Pour remercier les Savoyards de leur accueil, il écrivit un très beau roman, peu connu, sur la Maison de Savoie.
L'exercice peut paraître scolaire : mais je me suis amusée à dégager le langage dominant de chaque hymne.
Pour les Allobroges, langage de la Liberté, d'amour, de paix et de fraternité, souligné en vert. Pour la Marseillaise, violence, combat, paroles sanguinaires, soulignées en rouge...
Je te salue, ô terre hospitalière
Où le malheur trouva protection
D'un peuple libre arborant la bannière
Je vins fêter la constitution
Proscrite hélas ! J'ai dû quitter la France
Pour m'abriter sous un climat plus doux
Mais au foyer a relui l'espérance
Et maintenant et maintenant je suis fière de vous.
Refrain
Allobroges vaillants ! dans vos vertes campagnes
Accordez-moi toujours asile et sûreté
Car j'aime à respirer l'air pur de vos montagnes:
Je suis la Liberté ! la Liberté !
Au cri d'appel des peuples en alarme,
J'ai répondu par un cri de réveil
Sourd à ma voix ces esclaves sans armes
Restèrent tous dans un profond sommeil
Relève-toi ma Pologne héroïque
Car pour t'aider je m'avance à grands pas,
Secoue enfin ton sommeil léthargique
Et je le veux, et je le veux, tu ne périras pas. (refrain)
Un mot d'amour à la belle Italie
Alsaciens vers vous je reviendrai,
Un mot d'amour au peuple qui supplie,
Forte avec tous et je triompherai.
En attendant le jour de délivrance
Priant les dieux d'écarter leur courroux
Pour faire luire un rayon d'espérance
Bons Savoisiens, bons Savoisiens, je resterai vers vous. (refrain)
(...)
Chez les humains toujours je fais ma ronde;
Mon but unique est de tous les unir
J'espère bien faire le tour du monde
Et triompher dans un prompt avenir
Je veux raser ces murailles altières
Qui des tyrans abritent le courroux
Je veux bientôt tomber les frontières
La terre doit être libre pour tous. (refrain)
Dommage qu'en annexant la Savoie la France n'ait pas adopté son hymne. Pauvres savoyards qui, quelques décennies plus tard, sont allés se faire massacrer dans les guerres contre l'Allemagne alors que ce n'était pas leur histoire. Peuple pacifiste tout imprégné de ces paroles de paix...
Je veux bientôt tomber les frontières
Tu parles !
En 1870, puis 1914, ce furent en chantant la Marseillaise qu'ils partirent...
Allons enfants de la Patrie
Le jour de gloire est arrivé !
Contre nous de la tyrannie
L'étendard sanglant est levé
Entendez-vous dans nos campagnes
Mugir ces féroces soldats?
Ils viennent jusque dans vos bras.
Égorger vos fils, vos compagnes!
Aux armes citoyens (...) Tremblez, tyrans et vous perfides Français, en guerriers magnanimes Nous entrerons dans la carrière Amour sacré de la Patrie
Formez vos bataillons
Marchons, marchons
Qu'un sang impur
Abreuve nos sillons
L'opprobre de tous les partis
Tremblez! vos projets parricides
Vont enfin recevoir leurs prix!
Tout est soldat pour vous combattre
S'ils tombent, nos jeunes héros
La France en produit de nouveaux,
Contre vous tout prêts à se battre.
Portez ou retenez vos coups!
Épargnez ces tristes victimes
À regret s'armant contre nous
Mais ces despotes sanguinaires
Mais ces complices de Bouillé
Tous ces tigres qui, sans pitié
Déchirent le sein de leur mère!
Quand nos aînés n'y seront plus
Nous y trouverons leur poussière
Et la trace de leurs vertus
Bien moins jaloux de leur survivre
Que de partager leur cercueil
Nous aurons le sublime orgueil
De les venger ou de les suivre!
Conduis, soutiens nos bras vengeurs
Liberté, Liberté chérie
Combats avec tes défenseurs!
Sous nos drapeaux, que la victoire
Accoure à tes mâles accents
Que tes ennemis expirants
Voient ton triomphe et notre gloire!
22:51 Publié dans 150 ans du rattachement de la Savoie à la France, D'une génération à l'autre | Lien permanent | Commentaires (4) | Facebook | Imprimer
Commentaires
@ "Aux...larmes citoyens"
Frédéric Chopin aurait pu mettre ceci en musique sur son piano.Tu sais la guerre c'est l'histoire de "personne" ,déclenchée par des gens qui se connaissent et faites par des gens qui ne se sont jamais vus.
Je suis désormais "citoyen du monde" et défends donc les valeurs de la citoyenneté qui sont le respect et la tolérance.On peut s'engager "citoyen du monde " mais pas pour dire je suis "citoyen du monde"mais agir dans l'action et la proposition qui sont pour moi deux éléments cardinaux de l'engagement.
Quant à la Marseillaise on la chante ou on ne la chante pas c'est cela la liberté.Les paroles sont à changer pour mon avis personnel oui mon avis personnel ( beaucoup ne partage pas mon avis).
Tu sais mon pére a combattu avec la 1° Division de la France Libre dans une terrible bataille pour sauver Strasbourg,bilan de la 1° DFL:perte de 1337 hommes, tués,disparus...alors...
Pierre
Écrit par : ulm pierre | lundi, 04 octobre 2010
La comparaison est claire !
Paroles dépassées ! Je préfère "Imagine" ou celle de Noah qui faisait un clin d'œil avec ses "arbres"....
Écrit par : alsacop | lundi, 04 octobre 2010
J'aime beaucoup celle de Noah "Aux arbres citoyens !
Il est grand temps qu'on propose
Un monde pour demain !
Écrit par : noelle | lundi, 04 octobre 2010
Pierre, je comprends que l'hymne national ait eu pour ton père une autre résonance : pas question de chanter les paroles à cette époque. Il devenait à juste titre le symbole de la Liberté.
Pierre, Alsa, Noelle... ma suggestion garder cet hymne mais sans paroles ! Après tout les Espagnols ont bien un hymne sans paroles !
Écrit par : Rosa | lundi, 04 octobre 2010
Les commentaires sont fermés.