mercredi, 01 octobre 2014
octobre 1914
1er octobre 1914
Chère Marie
J'ai reçu hier quatre de tes cartes, et ta lettre. Je m'étonne que tu ne reçoive de mes nouvelles, je t'ai écrit 3 fois dans le courant de septembre, la dernière le 27 septembre.
Je suis toujours en bonne santé et n'ai pas encore une égratignure. Quoique j'ai passé près plus d'une fois. La nuit dernière nous avons fait un vrai massacre, 300 boches tués ou blessés.
J'ai brulé ce soir la 300 cartouches, ça n'était pas le moment de toucher le canon du fusil.
J'espère que tu recevra cette lettre et même que tu dois en avoir reçu avant celle-ci.
Donne moi des nouvelles de Louis et de Léon. J'ai déjà rencontré deux fois Lucien Mauris. La fin de Claudius ne m'a pas surpris car je l'avais vu avant de partir.
Astu fait amener le bois que j'ai coupé ce printemps ?
Je t'embrasse bien tendrement ainsi que Thérèse Jeanne et Marcelle, que je remercie bien de leur lettre.
L'oncle Marie a-t-il toujours son cheval et le cousin François Ruche est-il toujours sous les drapeaux ? ?
Tu remercieras bien la tante Julienne et leur feras bien des amitiés.
Je finis car c'est un civil qui est venu aux tranchées chercher les lettres et il va partir.
J'écris dans une forêt a trente pas de 3 allemands qui dorment pour quelques temps, ils ne sont pas beaux à voir. Au dessus de ma tête la musique des obus français.
La lettre n'est pas terminée mais on comprend qu'il n'a pas eu le temps de conclure.
07:38 Publié dans Mon centenaire 1914/2014 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : 1914, lettre de poilu | Facebook | Imprimer
Commentaires
Je conserve des lettres de mes oncles qui ont fait la guerre en Algérie. ..... autre époque bien sûr mais les propos se rejoignent. ... rassurer la famille, sauver sa peau.....
Rien ne ressemble plus à une guerre qu'une autre guerre, même si les enjeux sont différents. ......
Ils avaient 20 ans et être militaire n'était pas leur métier
Écrit par : organza | mercredi, 01 octobre 2014
la fatigue commence à se sentir dans le rythme de cette lettre
Écrit par : anne | vendredi, 03 octobre 2014
Plutôt le réalisme de la guerre Anne !
Écrit par : Rosa | samedi, 04 octobre 2014
Tout à fait Organza… 20 ans et enrôlé d'office...
Écrit par : Rosa | samedi, 04 octobre 2014
Après une trop longue absence sur ce blog, je découvre ces lettres que tu as décidé de nous faire partager.
Que d'émotion à la lecture de ces lignes où l'on retrouve au fil des mots les mêmes préoccupations pour les êtres chers, le travail qu'on a laissé, la vie qui doit continuer là-bas malgré l'absence...
Mais, alors même qu'on tente de rassurer le destinataire, perce cette lucidité face à un lendemain dont on sait qu'il peut ôter la vie. Que dire des lettres envoyées au cousin pour qu'il les fasse parvenir à l'épouse en cas de décès ? De cette inquiétude permanente de savoir si le courrier est ouvert qui fait que l'expéditeur est obligé de s'autocensurer ?
Merci de les avoir reproduites ici. C'est terriblement touchant.
Écrit par : Dominique | lundi, 13 octobre 2014
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