dimanche, 07 juin 2015
Ecrire ou fabriquer ?
Hier j'étais à Paris pour une rencontre nationale sur les Grands-Parents. Cette rencontre pompeusement baptisée colloque n'était à mon avis, qu'une opération de com, complètement opposée à ce que nous faisons à Lyon dans notre association : un vrai travail de réflexion.
Parmi les intervenants il y avait Alexis Jenny qui a obtenu le prix Goncourt il y a quelques années pour un pavé mal construit, mal écrit et fort ennuyeux.
Au demeurant c'est un Lyonnais.
Il était invité à parler de sa relation avec son grand-père. Beaucoup de banalités mais avec un point intéressant : il a été élevé par une mère soixante-huitarde, une vraie, c'est à dire née dans les années 50, qui a envoyé promener la religion. Mais lui a retrouvé le goût du spirituel au contact de son grand-père.
Mais si je parle de lui ce n'est pas pour cette raison.
En évoquant ses livres, il a répété à plusieurs reprises : j'ai fait ce livre où les livres que j'ai faits.
On peut pointer deux choses… La pauvreté du vocabulaire : souvenez-vous des exercices de français de l'école primaire où on devait trouver un verbe plus précis au verbe "faire".
Deuxième point, peut-être le plus important, cela indiquerait qu'un livre aujourd'hui se fabrique et ne s'écrit plus. Pendant sa prise de parole je me suis répété "il va bien finir par l'employer ce mot écrire". mais pas une seule fois.
L'acte de publier un livre, de le fabriquer, est devenu complètement indépendant, déconnecté, de l'acte d'écrire.
J'aime beaucoup cette formule de Xavier Pattier, écrivain peu connu mais que j'aime beaucoup.
Il écrit, je cite de mémoire : "Il y a des auteurs de livres qui ne sont pas des écrivains et des écrivains qui n'ont jamais publié de livres."
D'ailleurs c'est ainsi que je considère pour moi l'acte d'écrire : une discipline du quotidien comme celle de marcher ou de courir qui n'a d'autre vertu que de m'entretenir intellectuellement, moralement et spirituellement.
Même si ce n'est pas trop visible sur ce blogue.
10:34 Publié dans Au jour le jour, Chronique lyonnaise, D'une génération à l'autre | Lien permanent | Commentaires (9) | Facebook | Imprimer