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mardi, 23 octobre 2007

La transmission en crise

L'Ecole des Grands-Parents de Lyon avait organisé ce soir une conférence sur un thème qui peut surprendre à savoir ... les grands-parents à l'école.

En fait la thèse du conférencier était simple: la transmission est en crise et, pour pallier ce vide, il faut .... que les grands-parents parlent dans les écoles.

Le "monde ancien" s'est écroulé dans les années 80 avec ce qu'on appelle la mondialisation. Avec lui a disparu la stabilité, en particulier la stabilité professionnelle qui permettait la transmission des valeurs attachées aux métiers comme celle du travail bien fait. Nous sommes entrés dans un monde d'incertitudes et, dans la vie professionnelle, les repères collectifs ont disparu au profit du développement individuel que le conférencier a résumé ainsi :

-fais ce que tu veux mais sois performant

- sois performant et tais-toi.

Nous avançons donc vers un monde inconnu auquel il est impossible de se préparer.

Il a ensuite beaucoup insisté sur le changement, pour les enfants et adolescents par rapport au temps, à l'espace et à la transmission d'énoncé.

Par rapport au temps (pas étonnant que les lunautes m'égarent)

il a distingué 4 étapes dans l'Histoire de l'humanité.

- le temps archaïque : sociétés traditionnelles fondées sur la répétition cyclique

- le temps religieux : avec un présent sur terre et  un futur dans la recherche du Salut après la mort

- depuis le XVI ème siècle, un temps mis en perspective avec le passé, le présent et l'avenir.

Cette structuration du temps est celle que nous avons connue mais ce rapport au temps a disparu pour les jeunes. C'est aujourd'hui un temps autarcique c'est-à-dire fondé sur l'immédiateté.Passé, présent et futur sont disloqués. La mémoire est maintenant semblable à celle d'une télévision où une image chasse l'autre, où une information chasse l'autre. C'est un temps autocentré.

En ce qui concerne l'espace, il nous a fait noter que pour les enfants d'aujourd'hui c'est l'ubiquité permanente : avec la télévision ou Internet on est en permanence dans d'autres lieux, d'où un phénomène d'excitation.

Dernier point d'achoppement pour la transmission : la transmission d'énoncé.

L'information remplace l'énoncé. Les élèves ont du mal à écrire car ils ont une intelligence du traitement de l'information qui fonctionne sur le modèle informatique et non sur la structure d'un énoncé qui construit la pensée. Ils ne peuvent ainsi investir un espace intérieur qui demande un cheminement, dans l'attente et la patience.

Face à ces bouleversements qui remettent en cause la transmission du modèle de pensée qui a été celui des grands-parents, le conférencier a conseillé d'éviter et la nostalgie et le manichéisme (le monde ancien était bon le monde moderne est mauvais).

Les grands-parents peuvent avoir toutes les clés de la transmission à condition qu'ils apprennent à utiliser les outils des petits-enfants (comme Internet) mais avec une approche différente.

J'espère que mon compte-rendu n'est pas trop rasoir car j'ai été passionnée !

 

Commentaires

Quel beau texte.J'y reviendrai en détail.Pierre

Écrit par : ulm pierre | mercredi, 24 octobre 2007

Passionnée avec raison ! Très intéressabt, en effet. Il donne à réfléchir, je le copie-colle (vive Internet !) pour y penser plus à loisir (vieille méthode ! )
Cordialement.

Écrit par : rony | mercredi, 24 octobre 2007

Rasoir ? non !

Je crois que les enfants, gavés d'images et d'informations kaléidoscopiques (désolée, j'ai osé !) finissent par se retourner et cherchent à ordonner et reformuler toutes ces données, de la même manière qu'un logiciel d'ailleurs, auquel on demande de défragmenter son disque dur...

Ils trient ce qu'ils ont acquis, et se projettent en avant avec l'assurance de leur âge, sans toujours prêter attention à la valeur de ce que nous appelons "culture générale".

Ma fille (13 ans) me demandait encore hier soir :
"mais à quoi sert de retenir toutes ces dates en Histoire ?"

Ce à quoi mon fils (16 ans) a répondu :
"si tu ne connais pas l'Histoire et les erreurs commises au cours des siècles, tu les réitéreras et les conséquences en seront toujours plus dramatiques parce que ce qui ne concernait que quelques peuples ou pays naguerre engendrera un chaos à l'échelle mondiale".

Il n'a pas répondu à sa soeur, en fait, mais j'ai trouvé que ce garçon, qui passe tout sont temps libre devant son PC (virus du lunaute incurable) a malgré tout bien assimilé l'essentiel et a su le formuler (certes d'une manière frappante) clairement.

Tout ça pour dire, que ce que nos enfants n'entendent pas de la bouche de leurs grands-parents, ils le trouvent par eux même (pour peu qu'ils soit avides de connaissances), et leur esprit habitué à gérer des informations en masse parvient à restructurer l'essentiel.

Les temps changent, la transmission évolue, la nature humaine s'adapte...

Écrit par : anne | mercredi, 24 octobre 2007

Bonsoir Rosa,

Votre compte rendu a la fraîcheur d'un article original : sans doute parce que les thèmes évoqués lors de cette conférence vous sont chers, tout comme à moi.

La réflexion centrale, c'est celle qui concerne le "temps plat" contemporain : même dans les temps archaïques, la saisonnalité, les pratiques cultuelles, la présence sous le même toit de plusieurs générations, etc., toutes choses qui d'ailleurs n'étaient pas nécessairement idylliques, obligeaient à se poser le problème du temps qui passe et de la destinée humaine. Depuis l'avènement du monde de l'immédiateté, dont toutes les conséquences ne sont pas négatives, car il permet notamment l'interréactivé des blogs et des forums, la perception du temps est rendue plus difficile pour les plus jeunes, d'autant que nombre d'entre eux n'a pas de surcroît acquis les nécessaires repères chronologiques : c'est le temps plat, celui des média audiovisuels, où une image vient chasser l'autre sans hiérarchisation, ni véritable traitement des informations que contiennent ou vectorisent ces images.

Le discours optimiste d'Anne, encouragé par la maturité manifeste de son fils, ne me paraît pas plus ni moins fondé que des positions plus critiques, comme celles qui, si j'en crois le compte rendu de Rosa, ont été exposées lors de la conférence à laquelle elle a assisté.

Bien cordialement.

Écrit par : André-Yves Bourgès | mercredi, 24 octobre 2007

Bonsoir Rosa,
J'avais un peu déserté ton blog, parce que j'étais pas mal prise et que tu avais dit que tu t'éloignais de ton ordi quelques temps. Je vois que tu as repris la main, et quelle main! Bravo pour cet article qui est passionnant. Vite je vais rattraper le retard et lire le précédent. A +

Écrit par : Laurence | mercredi, 24 octobre 2007

Anne tu as en effet de la chance d'avoir des enfants qui prennent du recul et heureusement ce n'est pas exceptionnel.
Bien sûr l'intervenant a parlé d'une tendance générale confirmée par mes collègues encore en activité.
Ce qui est grave c'est que les prescriptions des formateurs d'enseigants accompagnent cette tendance et la suive.
L'intervenant situait d'ailleurs la responsabiité des grands-parents nous disant : ne comptez plus sur l'école pour assurer une transmission d'un patrimoine culturel.
Je me sens donc pour ma part plus proche du point de vue de André-Yves qui est réaliste.
Ceci dit pour reprendre encore les propos de mon intervenant : gardons-nous du manichéisme !

Écrit par : Rosa | jeudi, 25 octobre 2007

Je suis plutôt d'accord avec le constat. Je pense que dans cette histoire du temps, il faut surtout lutter contre la captation du temps par ceux qui veulent faire du profit avec. Le gros problème c'est celui là, à mon sens, le fait que le monde de la pub, du divertissement, de la mode, des média s'approprie le temps des enfants pour effectuer une transmission, celle de la pulsion de consommer.

Écrit par : Bruno | jeudi, 25 octobre 2007

La consommation compulsive est ton thème actuel Bruno que tu traites avec beaucoup d'humour sur ton blogue mais la question de la transmission est encore autre chose... Il me semble que le besoin de consommer est un obstacle à la transmission, il comble par le matériel un vide qui est ailleurs en fait. Il est en effet lié à l'immédiateté alors que la transmssion demande de la patience et du temps.

Écrit par : Rosa | jeudi, 25 octobre 2007

Bonjour Rosa, non seulement vous n'avez pas été " rasoir ", mais c'est trés intéressant, et il serait intéressant de connaitre les grandes lignes de la conférence de " l'écomle des grands pârents " de Lyon seraient interessantes à connaitre ?
En général la nostalgie l'emporte : http://vieillegarde.hautetfort.com/archive/2005/12/15/doulce-france.html

mais c'est tout à fait vrai que les " anciens " devraient pouvoir expliquer la dureté de la vie il n'y a pas si longtemps
en France, pour les enfants, et la véritable dévotion qu'avaient les gamins comme moi ( 1935 ) pour leurs enseignants et l'école, et aussi pour les bons curés de campagne et leurs leçons ....

Le grand problème est que les héritiers des " Hussards Noirs de la République " n'y croient plus... et qu'ils ferment leurs écoles à tout ce qui vient de l'extérieur...

Bon dimanche Rosa....

Écrit par : maurice | vendredi, 26 octobre 2007

Maurice je suis allée voir votre blogue mais n'ai pu déposer de commentaire...
L'Ecole des grands-parents de Lyon devrait ouvrir un blogue prochainement.

Écrit par : Rosa | vendredi, 26 octobre 2007

Merci pour le renseignement, j'ai signalé ce problème à Hautetfort !!

Un peu de distraction : http://vieillegarde.hautetfort.com/shadokisme/

Écrit par : maudub | samedi, 27 octobre 2007

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