Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

lundi, 03 novembre 2008

Les folles de la Salpêtrière

à Léopold

Comme le livre d'Enquist m'a marquée, je vous en propose un nouvel extrait.

756px-Étienne_Jeaurat_001.jpg

Conduite des filles de joie à la Salpêtrière au XVIIIème siècle.

"En 1657, la mendicité fut interdite à Paris, les mendiants furent arrêtés et conduits à la Salpêtrière, qui au XVIIIè siècle devint le plus grand hospice d'Europe avec plus de huit mille patients et prisonniers.

Personne n'arrivait à distinguer ces deux notions, patient t prisonnier. On finit par se mettre d'accord pour dire patient.

Les vieux, les sans-ressources, les mendiants, les prostituées atteintes de maladies vénériennes, les paralysés, les malades chroniques, les spastiques, les malades mentaux et les enfants abandonnés, tous furent réunis là. Aussi ceux qui n'entraient dans aucune de ces catégories mais qu'on avait fini par définir ainsi. Ceux qui se trouvaient tout en bas de l'échelle séjournaient dans le ventre du Château, la cavité abdominale qu'on appelait les Loges des Folles : des caves avec sol en terre battue destinées aux  femmes aliénées démentes, ou les patientes les plus faibles étaient rapidement mises à mort par des hordes de rats belliqueux qui dans le noir engageaient la lutte pour la survie, une lutte qu'ils remportaient généralement face à ces intruses d'un âge avancé."

Pendant la Révolution française, l'aliéniste Philippe Pinel, esprit marqué par les Lumières, devient directeur de la Salpêtrière. Il tente d'humaniser le lieu et de libérer les femmes.

"Citoyen Pinel serais-tu fou pour libérer ces femmes animales !"

Il obtient gain de cause.

"Quelques centaines de femmes furent alors remontées à la lumière du jour. Une foule révoltée effrayée par l'aspect physique de ces femmes se jeta sur Pinel. Celui-ci fut sauvé par un soldat du nom de Chevigne, qu'il venait de libérer de dix années aux fers."

Commentaires

Rosa, il faudra que je vienne lire attentivement toutes tes dernières Notes. Dans quelques jours car je suis un peu pris en ce moment...

Celle là me plaît beaucoup.

Bises et très bonne soirée.

Écrit par : LP | lundi, 03 novembre 2008

On n'était pas très au fait à l'époque des "maladies de femmes". Hystérie vient d'utérus je crois.

Écrit par : stephane | mardi, 04 novembre 2008

C'est toujours aussi révoltant. La civilisation occidentale portait depuis des siècles les germes de l'ignominie nazie et d'ailleurs la bactérie n'est toujours pas éteinte, elle peut se réveiller comme l'explique Camus dans la Peste.

La condition de la femme est une chose vraiment atroce à étudier, notamment la question du plaisir féminin. Ce dernier est condamné depuis la nuit des temps. Dans Lysistrate d'Aristophane, on voit des femmes qui s'autoprivent du plaisir amoureux pour pouvoir dominer l'homme, mais elles souffrent de cette privation (je pense qu'il y a certainement tout un fond mysogine derrière ces propos).

Écrit par : Léopold | mardi, 04 novembre 2008

Stéphane : en effet, c'est un diagnostic masculin.

Léopold, je vois que tu as par rapport à ces questions la même sensibilité que l'auteur de "Blanche et Marie".
En revanche j'ai relu Lysistrata il n'y a pas très longtemps. Non, les femmes dans cette comédie d'Aristophane font la grève de l'amour pour contraindre les hommes à ne plus faire la guerre et pas pour les dominer.
Cette comédie d'Aristophane est d'ailleurs assez surprenante de ce point de vue.

Écrit par : Rosa | mardi, 04 novembre 2008

No comment, mais ceci :
L’ÎLE DES FOLLES À VENISE
La lagune a le dense éclat du jade vert.
Le noir allongement incliné des gondoles
Passe sur cette eau glauque, et sous le ciel couvert.
Ce rose bâtiment, c'est la maison des folles.

Fleur de la passion, île de Saint - Clément,
Que de secrets bûchers dans votre enceinte ardente!
La terre desséchée exhale un fier tourment,
Et l'eau se fige autour comme un cercle du Dante.

Ce soir mélancolique où les cieux sont troublés,
Où l'air appesanti couve son noir orage,
J'entends ces voix d'amour et ces cœurs exilés
Secouer la fureur de leurs mille mirages!

Le vent qui fait tourner les algues dans les flots
Et m'apporte l'odeur des nuits de Dalmatie,
Guide jusqu'à mon cœur ces suprêmes sanglots.
O folie, ô sublime et sombre poésie!

Le rire, les torrents, la tempête, les cris
S'échappent de ces corps que trouble un noir mystère.
Quelle huile adoucirait vos torrides esprits,
Bacchantes de l'étroite et démente Cythère?

Cet automne, où l'angoisse, où la langueur m'étreint,
Un secret désespoir à tant d'ardeur me lie;
Déesse sans repos, sans limites, sans frein,
Je vous vénère, active et divine Folie!

Pleureuses des beaux soirs voisins de l'Orient,
Déchirez vos cheveux, égratignez vos joues.
Pour tous les insensés qui marchent en riant,
Pour l'amante qui chante, et pour l'enfant qui joue.

O folles! Aux judas de votre âpre maison
Posez vos yeux sanglants, contemplez le rivage:
C'est l'effroi, la stupeur, l'appel, la déraison,
Partout où sont des mains, des yeux et des visages.

Folles, dont les soupirs comme de larges flots
Harcèlent les flancs noirs des sombres Destinées,
Vous sanglotez du moins sur votre morne îlot;
Mais nous, les cœurs mourants, nous, les assassinées,

Nous rôdons, nous vivons; seuls nos profonds regards,
Qui d'un vin ténébreux et mortel semblent ivres,
Dénoncent par l'éclat de leurs rêves hagards
L'effroyable épouvante où nous sommes de vivre.

Par quelle extravagante et morne pauvreté,
Par quel abaissement du courage et du rêve
L'esprit conserve-t-il sa chétive clarté
Quand tout l'être éperdu dans l'abîme s'achève?

O folles, que vos fronts inclinés soient bénis!
Sur l'épuisant parcours de la vie à la tombe
Qui va des cris d'espoir au silence infini,
Se pourrait-il vraiment qu'on marche sans qu'on tombe?

Se pourrait-il vraiment que le courage humain,
Sans se rompre, accueillît l'ouragan des supplices?
Douleur, coupe d'amour plus large que les mains,
Avoir un faible cœur, et qu'un Dieu le remplisse!

Amazones en deuil, qui ne pouvez saisir
L'ineffable langueur éparse sur les mondes,
Sanglotez! A vos cris de l'éternel désir,
Des bords de l'infini les amants vous répondent...

Et aussi la mère de Charles Juliet dans LAMBEAUX !!!

Écrit par : Danielle Mangeot | mercredi, 05 novembre 2008

Merci pour ce texte Danielle : qui en est l'auteur ?
Oui, la mère de Charles Juliet
autre problème, morte de faim à cause des nazis
enfermée par sa famille...

Écrit par : Rosa | mercredi, 05 novembre 2008

ce roman t'a "impressionnée"!WAOUW!
je l'ai lu il y a plus d'un an et je ne me rappelle pas de tout.le souvenir qu'il me reste est que j'ai été touché et émue et les quelques annotations que j'ai retrouvées sont celles -ci: la vie" romancée " de 2 femmes extraordinaires, Blanche Whitman, une des patientes favorite de Charcot et Marie Curie, une scientifique de génie.Leur amitié à travers les mystères de la science et de l'amour . A la fin de ma lecture j'avais le sentiment que ce roman ressemblait à un "réajustement , une sorte de réhabilitation de la femme" dans un siècle où elles étaient for mal traitées.

Écrit par : patricia | vendredi, 07 novembre 2008

Rien à ajouter Patricia, nous en avons parlé en direct !

Écrit par : Rosa | samedi, 08 novembre 2008

Les commentaires sont fermés.