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lundi, 14 mars 2016

L'arbre du pays Toraja

JUnknown.jpeg'ai lu,  dès sa parution, "L'arbre du pays Toraja" de Philippe Claudel. Fan de ce romancier j'ai dans un premier temps été déçue. Rien à voir avec "Les âmes grises" ou le sublime et fascinant "Rapport de Brodeck". Lire un roman de Philippe Claudel c'était s'engouffrer dans une déferlante qui vous portait, vous roulait dans des abîmes et vous abandonnait sur une plage, complètement vidé après un dénouement qui vous avait achevé. 

Rien de comparable dans ce livre.

J'ai eu le sentiment, à la lecture, que l'auteur Philippe Claudel, qui durant cette décennie a plus tourné de films qu'écrit de livres, victime du cinéaste, avait disparu en tant qu'écrivain. Ultime tour de passe-passe du maître des dénouements époustouflants. 

J'ai eu l'occasion de parler du livre  avec une amie qui elle, au contraire,  l'avait beaucoup aimé.

Je suis donc revenue sur ce premier jugement.

Si on fait l'effort d'oublier le Philippe Claudel grand romancier il est indéniable que ce roman est intéressant.

C'est un récit de vie dans lequel il évoque, à l'occasion de la mort de son meilleur ami producteur de films, à la fois la mort, le deuil d'un ami et le monde di cinéma. Il dit lui-même dans un entretien "Le livre est un roman sur le cinéma. J'emploie des techniques de cinéma, de cadrage, de montage."

Il s'explique aussi sur la nécessité qu'il a ressenti d'aborder le sujet de la mort.

"A force de vouloir s'aveugler sur le fait que la mort est inévitable, on vit dans une inquiétude permanente."

J'espère juste qu'il retrouvera sa puissance d'évocation romanesque dans ses prochains livres.

mardi, 08 mars 2016

Vieux monsieur

Ce vieux monsieur qui me touche tant

je le rencontre régulièrement dans une église du centre de Lyon.

Un vieux monsieur, mais avec tellement d'allure, de classe… Cheveux ondulés argentés, d'une grande élégance.

Toujours seul et pourtant il se guide avec une canne blanche.

Je le vois s'approcher à petits pas vers l'escalier du métro, vêtu d'un manteau noir, avec un chapeau et une écharpe rouge.

Toujours silencieux et recueilli.

Serein, presque souriant. 

Mais vraiment seul.

J'aimerais savoir qui il est … Le connaître mais je n'ose l'aborder.

Il porte en lui à l'infini le  mystère et le romantisme, image d'un monde disparu.

Vieille dame...


Quand vous serez BIEN vieille, au soir, à la chandelle,
Assise auprès du feu, dévidant et filant,
Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant :
Ronsard me célébrait du temps que j’étais belle.

Lors, vous n’aurez servante oyant telle nouvelle,
Déjà sous le labeur à demi sommeillant,
Qui au bruit de mon nom ne s’aille réveillant,
Bénissant votre nom de louange immortelle.

Je serai sous la terre et fantôme sans os :
Par les ombres myrteux je prendrai mon repos :
Vous serez au foyer une vieille accroupie,

Regrettant mon amour et votre fier dédain.
Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain :
Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie.

Pierre de Ronsard, Sonnets pour Hélène, 1578

En ce début de printemps des poètes c'est ce texte qui résonne dans ma tête.

Quand j'étais adolescente je frémissais  à la lecture du vers

"Vous serez au foyer une vieille accroupie,"

vers terriblement réaliste qui m'effrayait tout en me paraissant loin...

Maintenant je  doute de son  réalisme car s'accroupir devient plus difficile avec l'âge.

Mais soit : je suis devenue cette vieille dame qui a du mal à s'accroupir mais reste volontiers auprès du feu...

Vieille dame pourtant ne me correspond pas tout à fait… Encore très active, beaucoup trop me semble-t-il mais j'ai mes temps de vieille dame.

Ainsi pendant ces dernières vacances scolaires en Haute-Savoie.

La maison était envahie, neveux, famille recomposée, amis des neveux… beaucoup d'enfants, beaucoup de jeunes quadras...

Besoin de retrait au milieu du charivari.

près du feu, assise sous une lampe avec un livre, dans un coin, recul absolu.

Vieille dame je vous dis.