lundi, 28 novembre 2016
Quelle terreur ?
Il y a quelques mois j'ai été très marquée par la lecture d'un petit livre de Frédéric Boyer qui s'appelle : "Quelle terreur en nous ne veut pas finir". C'est un écrivain dont j'ai déjà parlé, ce n'est pas un auteur facile mais percutant, dérangeant.
Ce texte très court est à la fois un plaidoyer et un réquisitoire.
Plaidoyer pour l'accueil des réfugiés, réquisitoire contre tout un discours lepenisé qui nous paralyse, s'insinue dans la société française comme un poison.
Frédéric Boyer démonte les mécanismes de nos peurs : peur d'être envahis, peur du déclassement, peur du remplacement. C'est un texte fort avec des accents prophétiques et poétiques. Des passages obscurs également.
Ce texte m'a donc remuée.
Je me suis rapprochée d'une association qui aide les demandeurs d'asile, Welcome, fondée par les Jésuites.
Welcome recherche des familles pour héberger un réfugié, entre deux et six semaines. Celui-ci est ensuite pris en charge par une autre famille.
J'en ai parlé à Roso qui n'était pas trop d'accord. Il est vrai que nous avons déjà un réfugié quasi permanent en la personne de notre fils aîné schizophrène. Welcome m'a alors proposé de devenir tutrice d'un demandeur d'asile, c'est à dire quelqu'un qui l'accompagne, fait le lien avec ses familles d'accueil. Pour cela j'ai suivi une formation assurée par le Secours Catholique.
C'est là que j'ai découvert l'incroyable complexité de la demande d'asile.
Je ne peux vous faire un résumé de cette formation c'est compliqué. Ce qu'il faut retenir c'est qu'il est extrêmement difficile d'obtenir le statut de demandeurs d'asile.
Il est dès le départ difficile d'en faire la demande.
Si un réfugié est obligé de donner ses empreintes dans un pays européens dans lequel il arrive, il dépende de ce pays et ne peut aller ailleurs. S'il le quitte pour aller ailleurs il est réexpédié dans le pays dont il dépend.
Évidemment que la France n'est souvent pas le premier pays dans lequel arrivent les migrants.
Voilà pourquoi les passeurs brûlent les bouts des doigts avec de l'acide et certains migrants le font eux-mêmes avec des barres de fer chauffées au feu.
Ensuite, quand le réfugié a obtenu le droit de déposer une demande, les démarches sont très longues et semées d'embûches.
Au bout du compte 31% des demandeurs d'asile ont, en 2015, obtenu leur statut en France. Soit 3000 personnes.
Je pense en reparler ici quand je serai opérationnelle !
15:13 Publié dans Au jour le jour, Coups de coeur, Passages vers... | Lien permanent | Commentaires (4) | Facebook | Imprimer
Commentaires
Ah! «Des choses idiotes et douces», c'était donc Frédéric Boyer! J'avais aimé cela il y a vingt ans.
J'admire votre démarche, je me sens loin de votre enthousiasme. Dans notre colocation, en Suisse, nous accueillons depuis août et pour six mois un jeune réfugié érythréen. La vie quotidienne est difficile, vu l'énorme différence de culture, et le peu d'énergie que met ce jeune à essayer d'intégrer quelques règles de communication. L'expérience laisse un goût amer. Mais effectivement, aucun de nous n'était formé à cela et chacun a sa vie ailleurs.
Tenez-nous au courant de la suite de votre action, c'est vraiment intéressant!
Amitiés.
Écrit par : Natacha | lundi, 28 novembre 2016
C'est un bel engagement, Rosa; je te vois très bien dans ce rôle! Tu nous raconteras?
Écrit par : Choubine | jeudi, 01 décembre 2016
Oui, bel engagement Rosa !
Je t'embrasse
Écrit par : noelle | jeudi, 01 décembre 2016
C'est un magnifique choix que vous faites là,celui du courage qui tourne le dos à la résignation, celui de l'engagement qui entretient l'espérance et combat les faux débats et les théories toutes faites.Formidable!
Écrit par : alezandro | dimanche, 04 décembre 2016
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