lundi, 12 mars 2007
Rémi
En triant des papiers dimanche j'ai retrouvé ce poème de Rémi.
Il était dans ma classe il y a quelques années. En cours, il donnait l'impression de dormir. Ses camarades se moquaient de lui, gentiment car c'était une classe très sympa. Moi je voyais qu'il était tourné vers l'intérieur de lui-même comme s'il détenait quelque chose qu'il ne voulait pas laisser échapper...
C'était plutôt un bon élève, il a poursuivi sa scolarité mais les années suivantes mes collègues me disaient qu'il était souvent absent.
Il a réussi son Bac puis a continué en BTS...
Un jour il n'est plus venu.
A son enterrement, il y avait un grand chef indien en tenue traditionnelle. Un canadien francophone. Nous avons appris que la famille de Rémi lui avait offert la possibilité d'aller passer ses dernières semaines (il avait une leucémie) dans cette communauté indienne dont le "chef" se trouvait de passage à Lyon au moment de sa mort. Il lui a adressé un aurevoir dans sa langue.
Le poème écrit, un mois avant, dit bien ce qu'il a vécu, la sérénité et la préparation du départ.
J'aime particulièrement la chute qui reflète parfaitement ce qu'il était.
Si je rapporte ce souvenir, c'est surtout à l'intention des jeunes collègues qui "galèrent", car notre métier est d'une rare densité humaine et on ne se souvient après, que de ces élèves-là.
SI J'ETAIS UN OISEAU
Si demain je pouvais être un oiseau
Un grand aigle, noble, fier et beau
Je pourrais de quelque rocher
Du haut versant effilé
En un battement d'ailes majestueux
Prendre mon envol pour les cieux.
Avec mes ailes déployées
Je saurai apprécier
De chaque instant la beauté
Là, au milieu du ciel à planer
Le monde admirer
Le bruit du vent dans mes plumes écouter.
Je partirai en montagne pour visiter
Découvrir d'autres contrées
Et pour ma pause goûter
Je partirai en piquée
Pour quelque animal attraper
Dans mes serres acérées.
Et oui il faut se méfier
Quand on me voit tournoyer.
Mais je pourrais être moineau
Petit, fragile mais toujours un oiseau
Le plus important n'est pas la beauté,
De belles plumes, un bec effilé
C'est de sentir la liberté
Qu'ils ont a leur portée.
S'il y avait quelque dieu ou divinité
Qui pourrait mon souhait exaucer
J'en serais comblé.
Mais SVP soyez pas trop con
Me faites quand même pas pigeon !
12:15 Publié dans Souvenirs de prof | Lien permanent | Commentaires (2) | Facebook | Imprimer
Commentaires
C'est tellement émouvant, et en même temps réaliste !
C'était "quelqu'un" Rémi.
Merci Rosa.
Écrit par : Fauvette | mardi, 27 mars 2007
Ils les ont les mots toto croyez-moi.... Ce n'est pas un problème de mots et ceux que j'incrimine ne sont certainement pas les pauvres gamins qui manquent de mots...
Allez voir les blogues de mes jeunes collègues...
Vous comprendrez peut-être!
Ras le bol de toujours faire porter le chapeau aux enseignants et des attaques anti profs......
C'est une chance qu'on en trouve encore (des profs)...
Écrit par : Rosa | mardi, 27 mars 2007
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