Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

samedi, 26 novembre 2011

Atriaux ou verrines ?

200902021553_w350.jpg

En arrivant à Allinges -à côté de Thonon-les-Bains- j'ai eu l'impression de faire une plongée dans l'hiver. J'avais quitté à Lyon un bel automne, doux et lumineux, et je subissais un ciel gris et le premier froid.

C'est donc frigorifiée que j'ai parcouru le marché de Thonon. Achat  d'un superbe boudin à la crème à cuisiner avec des pommes. Le soir, chez une belle-soeur, atriaux et saucisses au chou : en un jour, le plein de cochonaille. Tout ce que nos médecins nous interdisent.

Ma mémoire des saveurs est moins raffinée que celle de Proust puisque n'y figure aucun biscuit fondant dans le thé mais plutôt de roboratifs plats de cochon. 

Octobre et surtout novembre étaient les mois où on tuait le cochon et le village, aux premières heures du jour, retentissait des cris des cochons saignés par un boucher itinérant qui allait de ferme en ferme. Désolée pour les âmes sensibles mais utile pour tous les nostalgiques de la vie rurale qu'on a tendance à édulcorer...

Ceci dit je peux me ranger parmi ces âmes sensibles. Un de ces matins de novembre, notre institutrice avait décidé de nous conduire à la fruitière toute proche où on tuait également le cochon. L'observation du sacrifice de l'animal devait être l'objet de la "rédaction" du jour.

Angoissée par cette perspective d'un spectacle pour moi insoutenable, je lui avais demandé de ne pas m'y rendre.

Très compréhensive, elle m'en avait dispensé.

J'étais donc restée seule avec mon livre... seule dans la classe mais aussi seule dans l'école qui ne comprenait qu'une seule salle classe à plusieurs niveaux. Impensable aujourd'hui.

Et pourtant j'avais très bien réussi ma rédaction... exercice dont on doit avoir oublié jusqu'au nom.

 

Donc, ce jeudi soir dernier, je déguste à nouveau chez une belle-soeur force cochonaille car, si on ne tue plus le cochon dans les fermes, on continue de s'en régaler aux premiers froids.

À ce dîner en famille, nous avons évoqué la cuisine de nos mères, non par nostalgie, mais pour faire ce constat.

Nous étions pauvres il y a quarante ans et pourtant nous ne connaissions pas la misère.

Et surtout nous mangions mieux qu'aujourd'hui.

Chaque maison avait son potager, ses clapiers à lapins et ses poules.

Pas de boeuf sur les tables, réservé aux riches : même le poulet était pour les jours de fête.

Les repas étaient riches et consistants et pourtant nous ignorions l'obésité.

Ce week-end, collecte de la banque alimentaire : si nous réapprenions aux jeunes parents à cuisiner et apprécier des choses simples ? Il est prouvé que la cuisine familiale est la moins onéreuse.

À mon retour, dans mon courrier, je trouve une publicité pour un de ces appareils destinés à fabriquer ces mousses qu'on sert en verrines : la grande mode...

S'est-on interrogé sur ce qu'on déguste avec cette cuisine "tendance" ?

Du spectacle et du vent.

Commentaires

J'eprouve cette nostalgie des plats campagnards, voire rustiques, que tu evoques. Mais comment faire passer ça aux generations "McDo" ?
Bravo en tout cas pour cette note.

Écrit par : christophe | samedi, 26 novembre 2011

Bonjour Rosa, et merci pour cette note pleine de recul et de sagesse.
"Tout ce que nos médecins nous interdisent" oui, c'est ce qu'ils font dans leur grande majorité, mais leur rôle n'est pas d'interdire mais de guider, d'ailleurs, avait on besoin d'interdire à l'époque où il fallait tuer le cochon pour faire le boudin et le saucisson, les tripes et le lard ? Il fallait l'interdire aux riches, peut être, pour leurs crises de goutte et d'hypertension, ce que ne font plus les riches maintenant, ils ont laissé çà aux pauvres et aux moins pauvres, avec plein de poudre dans les yeux, et en plus pervers. Les médecins insistent sur nos comportements : "interdire, autoriser...", les spécialistes et les pouvoirs publics sur le dépistage et la génétique, et nous, on essaye de comprendre, mais personne, ou presque, ne met en avant les déterminants sociaux majeurs de l'obésité, du diabète, etc...

Écrit par : xavier | dimanche, 27 novembre 2011

Bonjour, je reviens dès que je peux écrire dans de bonnes conditions(ordinateur fixe) car dans ce sujet il y a une référence à ma jeunesse et un passé ps si lointain dont j'ai réellement envie de parler ! A dans quelques jours ....
Doume

Écrit par : doume | lundi, 28 novembre 2011

Christophe je ne pense que ce soit si difficile : il suffit de leur proposer

Xavier tu lances un débat intéressant.
En fait actuellement on se réapproprie cette cuisine de pauvres pour sa saveur.
Ce que je voulais dire c'est que ce serait peut-être plus efficace d'apprendre aux pauvres à cuisiner des choses simples et peu coûteuses plutôt que de les assister par des dons alimentaires.
Je fais pour ma part de la cuisine simple (cuisine courante du quotidien) et peu onéreuse...
Le fameux adage "apprendre à pêcher" qu'on applique aux pays en voie de développement pourrait aussi convenir chez nous.

Doume, contente de te voir en forme.
Je pense bien que cette note doit trouver écho chez toi !

Écrit par : Rosa | lundi, 28 novembre 2011

Rosa

En te lisant , j'ai pensé à la "sanquette" que je mangeais quand j'étais gamine. je viens de vérifier si ce mot existe vraiment !

Le dimanche, c'était donc poulet,' (du poulailler) et on récupérer le sang qu'on mélangeait avec persil, ail, échalote, sel, poivre, ce genre de galette se faisait cuire, et on la servait très chaude ! très bon !

tu connaissais ?

Écrit par : noelle | lundi, 28 novembre 2011

Les commentaires sont fermés.