jeudi, 31 juillet 2014
Les grands-mères
Pour continuer sur le thème, je publie à nouveau ce texte attribué à un écolier savoyard...
"Il y en a qui boitent, d'autres qui sont bossues et d'autres qui portent une canne. On les appelle les mémés. Nous on a les copains, les copines. Les grands-mères, si elles n'ont pas de copains, elles n'ont rien à faire. alors elles n'ont qu'à être là. Quand elles vous emmènent en promenade voir les mouettes, elles marchent lentement, sans même écraser les miettes. Ni les belles feuilles, ni les chenilles. Elles ne disent jamais "avance plus vite". En général, elles sont grosses, mais pas trop pour pouvoir attacher nos baskets. Elles savent qu'on a toujours envie d'une chiclette ou d'un gros cornet glacé à la crème. Une vraie grand-mère ne bouscule jamais un enfant. Elle sait rester sage. Elle sait aussi se mettre en colère en riant. Les grands-mères portent des lunettes. Parfois elles peuvent enlever leurs dents. Quand elles nous racontent des histoires, elles ne sautent jamais un bout. Si on a envie elles nous racontent la même histoire plusieurs fois. Les grands-mères sont les seuls adultes qui ont toujours le temps. Elles ne sont pas aussi fragiles qu'elles le disent, même si elles meurent plus souvent que nous. Tout le monde devrait essayer d'avoir une grand-mère. Surtout ceux qui n'ont pas la télé. C'est aussi pour m'amuser que moi aussi j'ai une grand-mère." Ecrit par Loïc 8 ans de Haute-Savoie
Chiclette : chewing-gum en Suisse
16:05 Publié dans D'une génération à l'autre | Lien permanent | Commentaires (7) | Facebook | Imprimer
mardi, 29 juillet 2014
Mon centenaire
Quelle absence ! On finit par oublier...
Oui je ferai un compte-rendu de mon séjour en Alsace et de "la rencontre" avec Doume et Alsa.
Pour le moment je suis noyée dans les confitures à cause des fruits qui m'arrivent de partout tant ils sont abondants cette année.
Mais aussi je me promets de commémorer à ma manière le centenaire de 1914 car c'est l'année oùmes grands-parents se sont mariés, en mai. Mon grand-père étant parti à la guerre en août et ayant été tué en novembre, mon père et ma fratrie doivent leur existence aux trois mois que mes grands-parents ont passé ensemble.
10:28 Publié dans Mon centenaire 1914/2014 | Lien permanent | Commentaires (4) | Facebook | Imprimer
7 août 1914
Comme annoncé voici la première lettre de mon grand-père parti à 24 ans, marié depuis six mois à la guerre.
La plupart des lettres sont écrites au crayon à papier donc certains mots sont illisibles : gros travail de déchiffrage ! Il faut également savoir qu'elles ne comportent aucune indication des lieux où elles ont été écrites car c'était interdit de le mentionner… Celles qui lui étaient expédiées, j'en ai retrouvée une seule d'une tante, étaient adressées à Satonay, lieu de son incorporation. Je n'ai retrouvé aucune lettre de notre grand-mère...
Mon grand-père avait fait ses trois de service militaire obligatoire chez les Zouaves à Bizerte (Tunisie). Il en était rentré en décembre 2013.
Les Zouaves étaient constitués de Français et d'Africains : c'étaient vraiment les régiments "chair à canons". D'où la mort de mon grand-père dès le début de la guerre…
J'ai laissé les fautes d'orthographe… En fait il y en a plutôt moins que dans les dernières copies de mes élèves ! Il avait quitté l'école à 12 ans après son certificat d'études.
vendredi 7août 1914
Chere femme, chères soeurs,
Je vous écrit encore de Sathonay où nous sommes encore pour 5 ou 6 jours. Je crois qu'après nous serons dirigé sur le camp de Châlons et peut-être de là en Belgique. Ne vous faites pas de mauvais sang pour moi. Nous sommes tous gais et il faut que chacun fasse son devoir. Hervé lui-même a demandé à marcher. Vous avez dû apprendre par les journaux que la Belgique est attaquée par les allemands, je crois que nous irons en Belgique.
Et vous vous comment arrangez-vous votre petite vie, est-ce que tout commerce est arrêté ?
A-t-on pris le cheval de l'oncle, et a-t-il pris mon mulet ?
Que disent les gens de la guerre ? Quel est leur état d'esprit ?
Ne vous fiiez pas trop aux nouvelles des journaux, une bonne moitié est fausse, neamoins il semble bien que ça ne tourne pas à l'avantage de l'Allemagne, si on l'écrase ça fera le bonheur du peuple allemand lui-même, il sera débarrassé de son autocratie militaire c'est pourquoi les socialistes eux-mêmes marchent. Que voulez-vous la guerre fera des victimes mais du mal viendra le bien, l'Europe sera débarrassée de ce régime intolérable pourra s'occuper d'organiser un régime meilleur.
Recrivez moi vite et adressez moi votre lettre toujours
3è Zouaves 20 éme compagnie Sathonay Ain
Ayez confiance, nous nous reverrons bientôt et je vous donnerai le plus souvent possible de mes nouvelles.
Ma chère Marie a t on pris le mulet de ton père, si oui recommande a ton oncle qu'il lui prête le notre.
Je vous embrasse toutes de tout coeur.
Vite de vos nouvelles.
H Mermin
06:30 Publié dans Mon centenaire 1914/2014 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : poilus, guerre1914 | Facebook | Imprimer