jeudi, 28 août 2014
Août 1914, suite
Vendredi 28 aout 1914
Ma chère Marie
Tu ne saurais croire le plaisir que j'ai eu a recevoir ta lettre la 1ère depuis notre séparation. Je l'ai recue hier 27 et elle a donc mis 13 jours a arriver.
Nous avons déjà combattu deux jours et nous avons reculer, je crois que ça va recommencer bientôt autour de Vervins pour nous. Le deuxième Zouave a perdu onze cents hommes tués ou blessés sur 3 milles, le 3è a peu près cinq cents. Quant a moi je suis je suis toujours indemne. Je me souhaite la même chance pour la prochaine fois.
Et toi comment vas-tu. Comme je n'ai reçu que ta lettre d'hier, je te prie de me renseigner sur ce que je te demandait sur les autres, car c'est la 5è que je t'écris, je t'ai envoyé la dernière de Rocroy le 16 tu l'auras peut être reçue quand tu liras celle là.
Donc 1e l'Oncle Marie a-t-il le mulet sans qu'on lui ait fait d'ennui a la réquisition des chevaux. A-t-il toujours le sien ? Est-il faché de n'avoir pas eu le mien.
2e Fais amener le bois que j'ai fait ce printemps, au blizzard si tu ne sais ou sais, Joseph Layat peut l'indiquer à l'Oncle.
Je suis bien content que le regain soit rentré. Vivement que je revienne t'embrasser ma petite chérie car je suis comme toi j'espère bien revenir.
Nous ne pouvons pas envoyer de télégramme. Dis moi si on avait ouvert la lettre que tu as recue.
Je t'embrasse de tout mon coeur et je t'aime encore plus qu'avant de te quitter. Ma pensée se reporte toujours vers toi.
Aie confiance nous nous reverrons.
Embrasse bien mes soeurs pour moi, elles reverront leur fiancé.
H.Mermin
Vervins
à 45 kms de Rocroy
Lors de la retraite de l'armée française en août 1914, la 5e armée française établit son QG durant un jour dans la commune, le 25 août 1914. Précisément dans l'école primaire.
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samedi, 16 août 2014
Autour du 15 août , suite
Deux lettres à cette date...
L'une donnant des nouvelles, l'autre que François Ruche devait remettre en cas décès à ma grand-mère et qui a dû lui parvenir en décembre seulement, d'après la date du télégramme annonçant sa mort.
Rocroy 16 aout 1914
Chère femme Chères soeurs
Sommes arrivés aujourd'hui a Rocroy, a 5 km de la frontière belge après 36 h de chemin de fer, par Moulins, Nevers Paris Soisson. Demain nous entrons en Belgique a pied après je n'en sais pas plus long. Ne vous faites pas de soucis pour moi, vous me verrez revenir. Je vous embrasse bien toutes. au revoir
H.Mermin
Rocroy 16 août 1914
Ma Chère Marie
Cette lettre je te l'écris a la veille d'affronter la mort.
Si tu l'as reçoit c'est que je ne serait plus.
Pour les titres adresse toi a Mr Bonnon (?) ou a son successeur, muni de la lettre que je t'ai remise.
Il n'y a plus que des obligations serbes 41/2 p cent or 1909.
Avec tu paieras Challande.
Et tu restera a la maison, tu y auras un droit inaliénable, quand tu recevras la nouvelle officielle de mon décès tu porteras mon testament au notaire, c'est indispensable.
J'espère que tu ne seras pas à la misère, ni notre enfant que j'aurais eu tant de plaisir a voir. Tout ce que je regrette c'est d'avoir bâti au lieu d'avoir laissé cet argent disponible. Mais pouvait-on prévoir ?...
Adieu ma Chère Marie, toi que j'aimai plus que moi même soit forte pour notre enfant qui sera peu de moi qui te restera.
Adieu mon amour, toute ma vie, je t'embrasse de toute la force de mon être ainsi que le pauvre innocent qui va naitre.
Ton mari qui t'adore
Henri Mermin
Allusion à Challande.
C'était le meunier, nos grands-parents devaient lui confier leur blé à moudre. Cet été je l'ai retrouvé pour la première fois : il n'en reste que des ruines.
08:24 Publié dans Mon centenaire 1914/2014 | Lien permanent | Commentaires (2) | Facebook | Imprimer
jeudi, 14 août 2014
Autour du 15 août 1914
Plusieurs lettres d'Henri Mermin entre les 14 et 16 août 1914.
Pour ce jour, deux lettres mentionnant des endroits d'expédition différents.
La première est adressée à un cousin pour lui confier une lettre destinée à son épouse dans le cas où il serait tué au combat.
La seconde a été envoyée comme les précédentes à ma grand-mère et à ses soeurs.
Rocroy 14 aout 1914
Cher François
Deux mots a la veille d'aller a la vie ou à la mort pour vous prier si plus tard vous recevez la nouvelle officielle que je ne reviendrai pas (car c'est a vous qu'on l'adressera) de bien vouloir bien remettre a ma femme celle qui est dans la votre quoique j'espère bien revenir.
Bien des amitiés a toute la famille.
H.Mermin
Remarque : c'est en effet à François Ruche qu'est adressé le télégramme de l'armée annonçant son décès.
Satonay 14 aout 1914
Ma Chère Marie
Mes chères soeurs
nous embarquons aujourd'hui pour je ne sais où. recevez vous mes lettres ? Sont elles décachetées. Car je crois qu'on les décachette. Aussi ne vous étonnez pas si je ne vous dis pas grand chose, car si on parle de l'armée elles sont mises au panier.
Dans mes précédentes je vous demandai des nouvelles de votre genre de vie. Ecrivez moi une longue lettre. Adresse (illisible)
et avec mention : en campagne.
J'ai une idée invincible que je vous reverrai aussi je ne vous dis pas adieu mais au revoir, et jevous embrasse bien, ma chère Marie, mes chères soeurs,
Votre mari et frère
H.Mermin
PS C'est la 5è que je vous écris si une vous parvient répondez moi vite.
Rocroy, citadelle Vauban
qui a dû héberger son régiment
08:08 Publié dans Mon centenaire 1914/2014 | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | Imprimer
dimanche, 10 août 2014
10 août 1914
Rilleux 10 aout 1914
Chere femme, Chères soeurs
Avez-vous reçu ma lettre de vendredi. J'espère que oui d'autant plus que j'en ai envoyé une a l'oncle Marie D. aujourd'hui ou je lui dit a peu près la même chose.
Je vous en écris une seconde fois afin de vous prévenir et que vous le préveniez aussi que j'ai changé de compagnie, je suis maintenant à la quatrième 4ème 1er bataillon d'Afrique. Cette fois je crois que mercredi nous partons pour ? (destinations probablement la Belgique où va se trouver le grand coup de tampons avec les armées Anglo-Franco Belge et les Allemands Je vous rapporterai quelques oreilles de Prussiens.) Ne vous faites pas de mauvais sang. Vous verrez que la fameuse classe 10 reviendra intacte.
Je ne vous en dit pas plus long pour le moment. Dites moi un peu ce qui se passe à ST D. Je vous embrasse toutes.
H.Mermin
3è Z 4ème Compagnie
Ecrivez toujours les lettres suivront toujours.
06:41 Publié dans Mon centenaire 1914/2014 | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | Imprimer
10 août 1914
Je poursuis la publication des lettres de on grand-père même si leur intér^t est inégal… Devoir de souvenir.
Rilleux 10 aout 1914
Chere femme, Chères soeurs
Avez-vous reçu ma lettre de vendredi. J'espère que oui d'autant plus que j'en ai envoyé une a l'oncle Marie D. aujourd'hui ou je lui dit a peu près la même chose.
Je vous en écris une seconde fois afin de vous prévenir et que vous le préveniez aussi que j'ai changé de compagnie, je suis maintenant à la quatrième 4ème 1er bataillon d'Afrique. Cette fois je crois que mercredi nous partons pour ? (destinations probablement la Belgique où va se trouver le grand coup de tampons avec les armées Anglo-Franco Belge et les Allemands Je vous rapporterai quelques oreilles de Prussiens.) Ne vous faites pas de mauvais sang. Vous verrez que la fameuse classe 10 reviendra intacte.
Je ne vous en dit pas plus long pour le moment. Dites moi un peu ce qui se passe à ST D. Je vous embrasse toutes.
H.Mermin
3è Z 4ème Compagnie
Ecrivez toujours les lettres suivront toujours.
06:38 Publié dans Mon centenaire 1914/2014 | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | Imprimer
vendredi, 08 août 2014
Terrasse de Saint-Bonaventure
Cet été, pour ceux qui restent à Lyon, le sanctuaire de Saint-Bonaventure organise ses terrasses pour la seconde année tous les jeudis à 20 heures. Intéressant et sympathique. J'ai eu le plaisir d'animer hier une rencontre autour des poètes lyonnais dont Louis Calaferte et Pierre Autin-Grenier.
Un texte de chacun d'eux.
Simple
Un caillou, un bout de bois, un morceau de ficelle… Il écrit tout ça sur une feuille de papier qu'il faut bien dire d'une blancheur impressionnante. Il ajoute un chien mouillé aussi ; un verre vide, une calebasse emplie de citrons posée sur un coin de la table de marbre...
Moins blanche la page maintenant. Déjà noircie au tiers (l'écriture est généreuse) par ces mots, si simples.
Alors levant les yeux vers les yeux de celui qui lisait, intrigué par-dessus son épaule, il dit humblement : "ça n'est que ça la poésie." Et l'autre, surpris, lui parle alors d'où il vient : un pays de cailloux. Lui parle de bouts de bois et morceaux de ficelle avec lesquels il fabriquait, jadis, les jouets de son enfance...
Les verres ne restent pas vides longtemps quand on cause ainsi des choses de tous les jours. Tout le monde a aimé aussi un chien mouillé, une fois au moins dans sa vie. Mais certains, par pudeur, n'en disent rien. C'est pour ceux-là - qu'ils osent enfin parler - que le poète écrit parfois un poème. Très simplement. Pour des gens comme lui en sommes, simples.
"Patron ! Remettez-moi ça !"
Pierre Autin-Grenier
"Jours anciens"
Un matin transparent.
L'ombre bleue d'un arbre.
Une lune blanche.
Une rose rouge.
Une rose jaune.
Une rose jaune.
Une rose rose.
Un visage de femme.
Un verre d'eau glacée.
Un livre vingt fois relu.
Une maison calme et tiède.
Une joue d'enfant ronde.
Et tout ce qui est beau.
Et pur.
Et émouvant.
Et tout ce qui fait de moi un homme de foi debout dans la Vie.
Louis Calaferte
"L'homme vivant."
11:12 Publié dans Au jour le jour, Chronique lyonnaise | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | Imprimer