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lundi, 25 juillet 2016

Baptême anglais

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Demain, embarquement pour l'Angleterre où va avoir lieu le baptême d'Hector notre petit-fils de dix-huit mois. En Albion m'a dit une amie. La famille anglaise est très sympathique mais ce sera compliqué. Les grands-parents de ma belle-fille ont voté le Brexit... Et nous serons les seuls français,  donc obligation de parler anglais... Enfin ce sera pour un jour seulement. Mais si je me débrouille plutôt bien pour parler j'ai beaucoup de mal à comprendre. Là je compte sur Roso qui comprend mieux que moi, oreille de musicien sans doute.

Ceci dit nous serons près de Stradford, la ville de Shakespeare, une ville très agréable au bord de la rivière.

lundi, 18 juillet 2016

Mon père, vétérinaire rural

Numériser.jpegMon père était vétérinaire rural, il a exercé seul durant toute sa carrière. Pour sa génération il n'y avait pas encore d'associations et les premières cliniques vétérinaires commençaient à apparaître en ville.

Il s'est installé en 1943 dans le village de son enfance en Haute-Savoie. C'était encore un petit village. Il ne soignait pas les chiens et encore moins les chats. Quand un chien était trop vieux ou malade on l'achevait d'un coup de fusil. Mon père aimait énormément son travail surtout pour la relation avec les paysans qu'il conseillait pour l'élevage, l'agriculture et même l'éducation des enfants.

Pendant les vacances scolaires il nous emmenait dans ses tournées, ma soeur et moi.

Je me souviens plus particulièrement de l'hiver, de l'ambiance chaude de l'étable quand il gelait dehors. Les mamelles gonflées des vaches me fascinaient comme la dextérité des doigts de la fermière qui faisait gicler le lait car la traite se faisait encore à la main.

Mon père s'attardait toujours avant de prendre congé, buvant un café ou un verre de sirop de cassis l'été.

Une fois il lui est arrivé de sauver un nourrisson. Les paysans, préoccupés par l'état de leur vache, n'avaient pas vu que le bébé se déshydratait et risquait la mort. Mon père les avait alertés et conduits chez le médecin. Mais  il y avait des visites que je redoutais, c'était celles à l'abattoir où il contrôlait la viande. C'était froid, nu et ça sentait le sang. Une fois j'avais failli vomir à la vue de viscères accumulés dans un coin à même le sol. J'étais partie en courant et mon père m'avait traitée de petite nature. En revanche je n'ai jamais assisté à des castrations de taureaux, c'était réservé à mes frères.

Parlons-en de la castration des animaux.

Dans une lettre qu'il a adressé à ma mère, j'ai lu que mon père se présentait comme "hongreur". Le mot est inexact puisque le hongreur ne castre que les chevaux, les ânes et les mulets. Le cheval hogre, à qui on a enlevé les testicules, doit son nom aux chevaux de steppe en Hongrie. Les Arabes en revanche, superbes cavaliers, ne castraient pas les chevaux, très fiers de monter des chevaux entiers. C'est plus viril.

Mon père castrait donc régulièrement des animaux d'espèces diverses : les porcs, pour les engraisser, les chats et même rarement les chiens, mais aussi les chevaux et les taureaux.

Ce sont ces gros mammifères qui occasionnaient les opérations les plus redoutables car elles étaient pratiquées sans anesthésie.

Deux de mes frères Michel et Philippe ont récemment confronté  les souvenirs qu'ils conservaient de ces castrations.

Pour les taureaux, aucun doute puisque Michel a filmé une opération. Six hommes forts maintiennent un jeune taureau pourtant entravé.Le vétérinaire découpe les testicules qu'il enlève et suture la plaie. Ce jour-là, ma mère les avait cuisiné au déjeuner de midi. Inutile de préciser que mon père avait été le seul à s'en régaler.

Mais pour les chevaux, mes frères n'étaient pas d'accord sur la méthode. Philippe avait vu notre père bloquer les testicules d'un cheval avec des casseaux -cylindres de bois fabriqués à cet usage- et les entortiller avec une cordelette : le sang n'arrivant plus, les organes sèchent et finissent par tomber d'eux-mêmes. Michel au contraire avait vu une castration faite par incision comme pour les taureaux. En fait les deux méthodes existent.

Aujourd'hui, les castrations se font la plupart du temps sous anesthésie général.

Mon père travaillait tout le temps, il faisait des visites même le dimanche sauf à l'heure de la messe qui était sacrée, autant pour lui que pour ses clients. Il ne prenait jamais de vacances. L'été il avait un peu de temps libre l'après-midi quand les paysans étaient dans leurs champs. Le travail arrivait le soir, à l'heure de traire on découvrait qu'une vache n'allait pas bien ou se préparait à véler difficilement. Mais l'après-midi nous allions nous baigner au lac puisque nous habitions  près du lac Léman.

C'est ma mère qui tenait comptes et registres et passaient les commandes pour les médicaments. Car le vétérinaire est aussi pharmacien. Ma mère vendait les médicaments les plus courants que les clients connaissaient et réclamaient comme celui pour la mammite, cette infection de la mamelle -on disait les trayons- fréquente chez les vaches laitières. Les clients venaient à la maison, dans le bureau, pièce qui bénéficiait d'une entrée indépendante. Mais pas question pour ma mère de tenir un chien si d'aventure une estivante venait faire soigner le sien. Elle avait peur des animaux et les exécrait, mon père devait se débrouiller seul.

Le plus difficile pour lui c'était quand même les vélages de nuit. Mon père était un gros dormeur et quand il devait partir dans la nuit d'hiver véler une vache en montagne, quelle épreuve...la sonnerie du téléphone ou de la porte me réveillait et je l'entendais râler , ma mère l'accompagnant de paroles apaisantes.

Le vétérinaire était à cette époque un personnage important comme l'instituteur et le curé. De lui dépendait la subsistance d'une famille. Perdre une vache bonne laitière et en capacité de se reproduire pouvait entraîner la pauvreté.

 

 

vendredi, 15 juillet 2016

Fatiguée

J'avais préparé pour ce week-end une note sur mes lectures d'été. Mais hier soir, au retour du feu d'artifice lyonnais, l'horreur m'a à nouveau assommée comme elle a bouleversé tous les Français. 

Nous sommes sidérés, abasourdis, anesthésiés mais surtout fatigués par cette déferlante de haine.

Fatigués de pleurer, de nous émouvoir.

Fatigués de ces émotions inutiles en pensant et maintenant "à qui le tour, ça ne finira jamais." 

Fatigués d'en parler, d'analyser, de chercher à comprendre.

Éprouvés et sans voix.

donc je n'ai plus  la tête à mes lectures.

finalement je me suis réfugiée dans le dérisoire et j'ai fait de la confiture.

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