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Rechercher : l'obèle

Lectures de l'été : premières impressions

Tout d'abord en ce qui concerne le débat sur Dantec (note sur lectures d'été suite ) la palme revient à ses lecteurs et défenseurs. A dire vrai je n'ai pas lu tout ce que j'avais prévu, faute de temps. Je me suis régalée avec "L'Obèle" de Martine Mairal d6d55bacb772c9bb289dbd7a9cca4c9d.jpg Martine Mairal fait revivre Marie de Gourmay, fille spirituelle et éditrice de Montaigne. Livre savoureux car l'auteure imite à merveille la prose de Montaigne, ressuscitant le langage de cette époque pas encore épuré des mots du terroir : heureusement Malherbes n'était pas encore venu. Mais surtout le roman évoque la situation des femmes "savantes" de cette époque, ridiculisées à tords par Molière. Je sais, vous allez me dire que Molière n'a dénoncé que les excès des femmes instruites, c'est ce qu'on dit pour défendre notre monument national de la Littérature mais à ce jour je n'en suis plus si sûre : lisez "L'Obèle". Histoire de passion : pour la pensée, la littérature. Amour passionné de Marie pour Michel: lui répond par l'amour filial de celui qui a trouvé sa véritable héritière spirituelle, sa fille adoptive. Dévotion de Marie pour le restant de ses jours ; elle suivra l'édition de toutes ses oeuvres, et apparemment ce n'était pas une mince affaire, d'où le titre. L'obèle est une petite croix qui, dans la marge, signale un renvoi à un rajout et apparemment Montaigne en faisait beaucoup. Ainsi ce petit livre a-t-il décidé d'une semaine de vacances dont le contenu n'était pas fixé : j'irai visiter Bordeaux que je ne connais pas. J'ai beaucoup aimé "L'Infamille" de Christophe Honoré.

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J'ai préféré ce roman à "Livre pour Enfant" du même auteur. La famille finalement c'est le seul sujet important car nous sommes tous d'une famille et il nous faut vivre avec. Je parle de notre famille d'origine. J'aime le ton du roman qui aborde ce sujet dans la tragédie, le réalisme mais aussi la drôlerie. Des trouvailles inoubiables, comme les cendres du père, cachées après l'incinération dans un sac d'aspirateur. C'est ce que j'aime chez Christophe Honoré, il fouille des êtres dans le plus intime, leur faisant cracher l'inavouable tout en restant dans la banalité de la vie quotidienne. J'adhère à son idée de la famille : un groupe humain, fait de hasard dont on cherche à se libérer mais dont on ne peut se passer. Le roman qui a le plus marqué mon début d'été est "Tokyo" de Mo Hayder. Et je remercie Myster de me l'avoir fait découvrir.
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C'est un thriller qui repose sur un fait historique abominable, trop ignoré des Occidentaux : le massacre de Nankin. En 1937, les Japonais ont envahi la Chine affaiblie par la décadence de la famille impériale et les guerres que la Chine a subi de l 'Europe durant le XIXème siécle. Les Japonais ont occupé Pékin où ils ont soumis la population de manière humiliante (lire Lao She). Le gouvernement de Tchang Kaï Chek s'étant installé à Nankin, les Japonais sont entrés dans sa capitale de la manière la plus brutale qui soit, massacrant les civils avec une cruauté sans égal dans l'Histoire. Le roman de Mo Hayder, c'est l'histoire d'une jeune anglaise en recherche d'une rédemption pour une faute qu'elle n'a pas commise. Dans sa quête, elle part sur les traces d'un témoin chinois du massacre de Nankin qui vit au Japon. Et c'est là que le roman est magistral : la cruauté de l'armée niponne de 1937 trouve écho dans la cruauté des yakuzas actuels. Tous des monstres. On suit en parallèle l'aventure de la jeune anglaise embauchée dans un club à hôtesses et le journal de décembre 1937 du Chinois dont le secret est bien verrouillé. Il faut savoir aussi que les Japonais pratiquent un révisionnisme terrible par rapport à cet épisode de leur Histoire. Je suis allée sur un site Japonais consacré au massacre de Nankin : j'ai posé une question modérée sur le rapport à la mémoire. Quand je suis retournée ma question avait disparu. à lire absolument. Parce qu'on me l'a offert, j'ai parcouru "L'élégance du hérisson". Bofffff!!!!!! De la veine d'Amélie Poulain avec une bonne tartine de gloubi-boulga philosophico-culturel. Tout ce que je déteste ! J'ai du mal à comprendre ce phénomène de "best seller". Et vous ? vos lectures ?

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vendredi, 27 juillet 2007 | Lien permanent | Commentaires (38)

A Max Gallo

... nouvellement élu à l'Académie française. "La peste soit de l'Académie et des Académiciens ! Aussi soumis à la voix de Richelieu que fille transie à son galant. Docte assemblée des plus prudents lettrés de France, réunis pour sa gloire et par sa volonté, ils ne le contredisent jamais. Le pouvoir et l'amour font également perdre le sens commun à cette sorte d'hommes. Fâcheux état qui prétend en dicter les termes et en régler la définition ! Il faut les voir façonner leur dictionnaire de la langue française à coups de serpe, déclarant hérétique l'usage des plus vieux mots de notre langue. Le cardinal leur souffle-t-il d'écorner le mot jadis, ou de démoder allégresse ? J'ai beau rager, vilipender, crier à la volerie, tout à trac ils s'acquittent, sans du tout barguigner. Et, ce faisant, biffent d'un trait de plume tyrannique la chose au coeur du mot, la souche des lettres, l'exultation d'écrire à pleine voix. (...) Car il n'est, pour y entrer, que de déposer un vil blason de flatterie à gueules d'obéissance aux pieds du Cardinal. Quant à la qualité littéraire, l'étiquette mondaine y suffit. Le pot fait la confiture. Disons-le tout net. La cène Académique rassemble un curieux dîner de têtes politiques. Sous couleur de régenter les soit-disant déportements des belles-lettres et de notre orthographe, Richelieu insinue par la force l'arme de ses édits dans nos us langagiers." Bien sûr, c'était au temps de Richelieu, à une autre époque. Propos prêtés à Marie de Gourmay, dernière amie de Montaigne et son éditrice, par Martine Mairal dans son roman, "L'Obèle", consacré à cette femme que l'Académie, récemment créée, avait rejetée.

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samedi, 02 juin 2007 | Lien permanent | Commentaires (8)

Rencontre avec Insa Sané

Ashab le libraire m'a donné l'occasion de rencontrer récemment Insa Sané, auteur d'un très joli roman pour d'jeunes (et même vieux ! la preuve !). Il lui a fallu tout d'abord me convaincre : facile ! Ashab me vend ce qu'il veut, je sors toujours de sa librairie enrichie par ses connaissances et le porte-monnaie allégé. Mais c'est un détail. Donc il a dû me convaincre car j'avais horreur de la "littérature" pour ados. Quand j'enseignais, je l'ai toujours évitée même si parfois c'était vraiment très sportif de faire lire des lycéens mâles dans un établissement technique industriel... Cette fois j'ai été séduite complètement par ce petit livre, Sarcelles-Dakar f94ac56da81c424b821f8af9137f58ce.jpg et par son auteur. Ce jeune écrivain qui vit à Sarcelles, a commencé par le Slam et le Rap. Son premier roman est une petite merveille, tout à fait propre à intéresser les adolescents garçons qui n'aiment pas lire. J'ai pensé à vous, Myster et Léa, selon vos futures classes... Il s'agit du parcours initiatique d'un jeune homme -limite racaille- vivant dans une cité. Les premiers chapitres sont parfaitement accrocheurs dans le langage des banlieues. Je fais une parenthèse pour noter un paradoxe : j'ai lu Sarcelles Dakar en même temps que l'Obèle de Martine Mairal qui donne la parole à Marie de Gourmay, éditrice de Montaigne. Livre écrit dans le langage de son époque. J'ai trouvé aux mots, de la banllieue et de Montaigne, la même saveur, celle d'un langage vivant et goulayant... Donc notre héros, obligé par sa mère à partir pour le Sénégal, son pays d'origine, va vivre une véritable aventure intérieure au contact de la culture de ses ancêtres. En fait, dans un pays officiellement musulman, le héros découvre l'animisme, véritable religion et grande culture. Il en reviendra transformé... Après le verlan, place à la poésie et de très beaux chapitres qu'Insa Sané nous a lus chez Ashab en Slam : magnifique. J'en publierai un passage. Si vous avez autour de vous des ados qui n'aiment pas lire, offrez-leur ce roman : ils vont adorer. Pour terminer, hommage au jeune éditeur qui a créé cette collection EXPRIM aux éditions Sarbacane.

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Il s'appelle Tibo Bérard.
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Insa Sané dédicace.

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mardi, 26 juin 2007 | Lien permanent | Commentaires (10)

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