samedi, 22 novembre 2008
Il fut aussi poète...
La poésie est en Chine le genre littéraire majeur.
Les empereurs de la dynastie des Tang qui ont institutionnalisé les concours de Lettrés permettant de devenir des fonctionnaires impériaux (618 à 907)
avaient fait de la poésie l'épreuve reine et déterminante.
Pour devenir fonctionnaire de l'empereur il fallait d'abord savoir écrire des vers.
La dynastie Tang marque d'ailleurs l'âge d'or de la poésie chinoise. L'anthologie de cette période compte 50 000 poèmes attribués à 2200 poètes. Les deux grands noms de cette époque sont Li Bai et Du Fu. Li Bai, taoïste, a été très inspiré par la nature et est devenu "le" modèle de la poésie chinoise. Du Fu au contraire était très engagé du point de vue social ce qui lui a valu l'exil. On le présente comme le Victor Hugo chinois.
Qui se douterait donc que Mao Zedong avait été poète et dans un genre très proche de Li Bai ?
Dans ses premiers poèmes, Mao est influencé par les poètes de la dynastie des Tang et des Song (960-1127). Il utilise des références de la littérature classique ou des légendes du passé pour exprimer le présent.
Nul doute que ces textes ont dû être soigneusement cachés pendant la révolution culturelle car ils appartiennent tout à fait à cette littérature honnie, caractéristique de la classe bourgeoise, qu'il fallait éradiquer à tout prix.
Actuellement ils sont édités en Chine, sans doute pour la première fois.
Une page est définitivelent tournée.
La Neige
( février 1936)
Paysage du Nord :
Mille lis de glace scellés,
Dix mille lis de neige en volée .
De la Grande Muraille, au-dedans, au dehors,
Rien qu'une blanche immensité sans bord.
Le grand Fleuve, en amont, en aval,
Perd soudain ses impétueux élans.
Les montagnes dansent, serpents d'argent ;
Les massifs de courir, éléphants de cire :
Ils veulent en hauteur égaler le ciel.
Par un jour de soleil,
C'est une belle en rouge enveloppée de blanc,
Enchantement sans pareil.
HUITAIN
Contempler les Montagnes
(1955)
J'ai gravé les Cimes du Nord à trois reprises
Tout Hangzhou se fait voir sous mes yeux
Des arbres oscillent près du Pavillon Phénix
Une brise souffle sur les Versants aux pêchers
Quand il fait chaud, on cherche l'Eventail
Quand il fait froid, on admire les Beautés
Dans leur course en s'éloignant à tire-d'aile
Des Aigles nous saluaient alors au crépuscule
19:40 Publié dans Âme chinoise | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : chine, poésie, lyon | Facebook | Imprimer
Commentaires
Ainsi traduite, cette poésie dépouillée et pure a un côté surréaliste que j'aime beaucoup. Merci. Quoi de plus difficile à rédiger qu'un haïku ou un renga auquel on s'essaye parfois dans un atelier d'écriture ?
Écrit par : Danielle Mangeot | samedi, 22 novembre 2008
C'est très intéressant, écrire des vers pour entrer dans l'administration, aujourd'hui, ça serait ne pas en écrire pour être reconnu... Je lis et j'avoue être surpris, évidemment, on a plus de difficultés à cerner une poésie très culturelle, mais un côté universel se dégage, c'est indéniable.
Écrit par : Léopold | dimanche, 23 novembre 2008
Un peu de douceur...
Merci Rosa, j'aime beaucoup
Bisous
Écrit par : noelle | dimanche, 23 novembre 2008
Danièle, la poésie chinoise est une poésie à contraintes, très codifiée.
Léopold, très surprenant en effet et je dois dire que cç m'avait aussi beaucoup impressionnée quand je l'ai découvert. La civilisation chinoise est une civilisation de Lettrés, c'est vraiment son identité profonde. C'est une des raisons de son opposition à la culture tibétaine, opposition très ancienne. Le Tibet a pour fondement la religion chamanique et magique et a évolué vers la théocratie.
Écrit par : Rosa | dimanche, 23 novembre 2008
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