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samedi, 12 avril 2014

Adieu Pierre

L'ami poète, Pierre Autin Grenier dont j'ai souvent parlé sur ce blogue est décédé ce samedi 12 avril. Je suis encore dans l'émotion même si cette mort était prévisible. Je lui consacrerai donc une note plus tard...

"Mourir ne dure jamais très longtemps, vivre, guère plus.(...) 

On mène ainsi une vie à grands coups de galoches, ignorant des heures les plus précieuses minutes et que trahir s'avance au moindre souffle des vents. Jeunesse dure, mon amour, l'instant d'un incendie de poubelles ! 

On se retrouvera bientôt ventru à jouer au billard sous les lumières blafardes d'un bistrot de banlieue, avec pour habitude l'aube et ses poivrots apeurés. Chaque matin la mer te prendra dans ses bras avec ses nouveaux vertiges ; il me faudra cesser de fumer...

Enfin un jour tout tremble, la vie elle-même s'inquiète et pour un rien on prendrait froid aux pieds. A petits gestes froissés on court encore vers quelque chose bien sûr, mais déjà les oiseaux dans les arbres et leurs plumes vous laissent indifférents. La mémoire rend méconnaissables les anciens secrets, on meurt de son vivant. Alors vient un soir formidable où l'on s'endort, du sang plein les yeux.

Et pourtant : jamais sais-tu, personne de ceux que j'ai aimés n'est mort."

Jours anciens

2003

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mardi, 01 janvier 2013

"Le char doré de l'avenir..."

C'est le jour où notre histoire continue... comme hier mais avec ce repère dans le temps, une année nouvelle. Il  en faut bien, des repères dans le temps. Pour notre histoire et pour l'Histoire.

Notre histoire et,  l'Histoire, la grande, celle dont on parle dans les livres et d'elle, on ne sait pas trop où elle va...

On sait -depuis quand en fait ? - qu'elle ne va pas dans le sens du Progrès humain... La nature ayant horreur du vide, une idéologie pernicieuse  s'installe assurant qu'on va dans le sens du déclin... 

Pourquoi irait-elle plus dans le sens du déclin l'Histoire ?

L'Histoire n'a pas de direction, ou plutôt comme nous, elle va cahin-caha, avec ses bons et ses mauvais jours, ses réussites et ses échecs, ses saints et ses salauds (même si on parle plus des seconds).

Comme nous, qui ne suivons pas un chemin mais le traçons au jour le jour...

 

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Bonne année 2013

à vous tous

et à chacun

Que votre avenir soit celui entrevu par Jean-Pierre Lemaire

Tu vas si lentement au bord de la mer

sous les palmes qui scintillent,

regardant bondir les lions blancs des vagues,

que tous te dépassent : les enfants, bien sûr,

dans le tourbillon de leurs jouets neufs,

les familles en cortège, éblouies

derrière le char doré de l'avenir,

même les vieillards qui cherchent un banc.

Le soleil seul (et ta femme à ton bras)

ne presse pas l'allure,

se règle comme un roi sur le pas de chacun,

s'attarde avec toi. Sa douceur hivernale

te recoud les entrailles.

"Figures humaines"

Gallimard

lundi, 24 décembre 2012

Noêl

 Très beau Noël à tous...

noël,littérature,poésie

Une seule fois

Une seule

Dans l'histoire du monde

La nuit,

Délaissant pour un instant

La peur et la mort,

La guerre et le crime,

Le vice et la misère...

 

Une seule fois

Une seule 

Dans l'histoire du monde

La nuit

mère abusive de l'ombre,

A enfanté de la lumière.

 

Bernard-Dominique Lacroix

lundi, 23 avril 2012

Lendemain d'élection...

Grâce à un commentaire de Gil, j'ai redécouvert ce très beau poème chinois que je trouve émouvant. Il faut revenir à l'essentiel : la poésie !

Je  réédite la note intégralement : dans les commentaires, celui de Gazelle qui est partie comme Yves...

 

Pour Aliscan et Bruno

amateurs de Haïku.

La poésie chinoise classique est également très riche en magnifiques textes courts.

Ainsi le "ci" classique qui était une poésie chantée par les courtisanes.

De Guan Daosheng, poétesse chinoise du XIII ème siècle, ce joli texte d'amour.

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Toi et moi brûlons

l'un pour l'autre,

comme perdus dans le four du potier.

D'une poignée

de glaise, forme un toi,

forme un moi. Réduis-nous

de nouveau en glaise, ajoute

de l'eau, reforme

un toi, reforme un moi.

Afin que tu sois dans mon corps et moi dans le tien.

 

Comme de nombreux poètes, Guan Daosheng était également peintre et calligraphe.

 

 

 

 

Je retourne quelques jours au Havre mon mari ayant décidé d'y faire une tournée d'adieux. Profitez-en pour apprendre le poème par coeur, excellent pour les neurones.

vendredi, 02 mars 2012

Le printemps des poètes

Le printemps des poètes

Mars est, on le sait, le mois de la poésie.

Belle  occasion de lire  les poètes d’aujourd’hui…

 J'ai découvert récemment Jean-Pierre Lemaire   à lire absolument.

Son dernier recueil, « Figure humaine » porte bien son nom : on découvre une poésie incarnée dans le temps présent, dans la vie réelle. Ici pas de métaphores abstraites et stériles… Il y a des hommes, des femmes, des fleurs, le rythme des saisons… La relation à l’Autre est instaurée par le « tu » : on est dans le dialogue…Le rythme est paisible, serein les mots cheminent et prennent leur temps.  

La poésie de Jean-Pierre Lemaire est également  profondément imprégnée de spiritualité sans être dans le religieux. 

Pour célébrer mars et la poésie, savourons le printemps de Jean-Pierre Lemaire.

 

"Assis au pied des choses,

Tu reprends doucement ton ancien métier

de musicien des rues :

tu notes les gouttes

capricieuses de mars

tombant du toit sur les jacinthes,

les oiseaux revenus,

la conversation des filles qui passent

avec leurs secrets.

Toutes les voix se posent

sur les balcons, les branchent, les fils parallèles

qui traversent ton cœur.

Toutes sont accordées.

Tu cherches des yeux au sommet des arbres,

Entre les nuages,

L’ange silencieux qui t’a rapporté

La mesure et la clé. »

 

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lundi, 01 juin 2009

René Depestre

 

René Depestre est un magnifique poète haïtien, que j'ai découvert récemment (aux Xanthines !). Beaucoup moins connu que Césaire il est pourtant l'auteur d'une oeuvre aussi intéressante que celle du grand Martiniquais. 
Ce premier poème est dédié à toutes les visiteuses de ce blogue.

Comme les Anges pleureraient
à Nelly Campano
Si la femme n'existait pas
Comme les arbres auraient froid
Comme le pain du petit matin
Aurait peur de la main de l'homme
Et la mer de ses propres vagues
Si la femme n'existait pas
Comme les cheminées seraient seules
Comme les anges par les nuits
De pluie pleureraient
Comme les dieux vieilliraient vite
Si la femme n'existait pas
Le ciel serait toujours en colère
Les abeilles n'auraient pas découvert
Le miel ni l'homme la charrue
Ni l'Indien son Amérique
Ni le coeur la poésie
Ni les hirondelles le printemps
Ni les peuples n'auraient trouvé
leur nord dans la révolution.
Si la femme n'existait pas
La vie serait sans légendes
Sans sel, sans portes, sans boussole
Le jour et la nuit dormiraient
Sur le même sable froid
Et les cogs au lieu de chanter
Et les arbres au lieu de fleurir
Et les poètes au lieu d'aimer
Passeraient leur temps à dessiner
De petites croix sur les murs
Les lits, les tableaux
Et les chemins sans fin du monde.
René Depestre
Recueil "Rage de vivre" chez Seghers


 

 

lundi, 25 mai 2009

Le retour des Anges...

Les Anges reviennent : il était temps... Cette note est dédiée à mon frère Philippe qui vient d'échapper, sans une égratignure, à un spectaculaire accident de scooter. "J'ai vraiment senti la présence de mon ange gardien" nous a-t-il dit.

Pierre Ulm, fidèle lecteur, aime les anges...

Mon Ange

L'Ange se dévoile
Peut-il décrocher une Etoile
Silencieuse
Comme une prieuse

L'Ange à tire-d'aile
Peut-il aimer pour Elle
Silencieuse
Comme une amoureuse

L'Ange qui rêve
Peut-il me parler d'Eve
Silencieuse
Comme une langoureuse

Poème écrit le 12 Mai 2009

Pierre Ulm

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"ça n'en finissait plus. Comme une bête qu'on égorge et qui crie. ça semblait venir de loin. Finalement nous y sommes allés, une lanterne à la main ; la nuit était trapue.

(...)

Quelques pages plus loin...

"Voilà, nous étions là, tapis dans l'ombre. Mais à deux doigts de percer le mystère, une touffe d'arbrisseaux nous voilait l'entrée de la caverne... Il allait donc falloir agir ouvertement et vite ! Surgir des fourrés, fusils braqués droit devant, comme un seul homme !

HARDI ! un bond, un cri : Halte-là, qui vive ?!"...

Le feu nous tomba des mains. Vision d'apocalypse !

Dans une mare de sang mêlé de plumes, à grands coups de machette deux bandits en riant dépeçaient un ange."

Le Cri Nouvelle du recueil "L'ANGE AU GILET ROUGE". De Pierre Autin-Grenier.

 

Dans le roman de Jean-Marie Blas de Roblès " Là où les tigres sont chez eux", le héros, Kircher, Jésuite et personnage historique, a une vision.

51tONIBV+-L._SS500_.jpg"Sur chacune des sept planètes qu'il visita, ce qu'aucun homme n'avait jamais accompli avant lui, mon maître fut salué par l'ange ou archange qui régissait son influence. Vérifiant point par point les Écritures, il rencontra ainsi Michel, Raphaël, Gabriel, Uriel, Raguel, Saraquaël, et Remiel lesquels s'adressaient à lui directement pour l'instruire de la sphère où il était.

(...)

Kircher fut secoué par de longs frissons qui hérissèrent jusqu'aux poils de sa barbe, mais il paraissait n'éprouver aucune crainte. Et à vrai dire, plus il progressait en compagnie de l'ange, plus son visage s'irradiait d'une intense félicité.

Regarde, Athanase, regarde bien ! C'est au sein de cet abîme insondable que se cache le mystère de la divinité. Les âmes seules comprennent ce mystère. Pour lors, contente-toi de l'immense privilège qui t'a été accordé. Loue et adore Dieu dans toute son ardeur. Le jous se lève ; il est temps pour moi de regagner le premier Choeur de la hiérarchie céleste."

Ce roman fleuve, Prix Médicis 2008, ne m'a pas enthousiasmée en raison de trop de poncifs... dont les anges !

Mais il faudra qu'un jour je parle de mon ange ...

 

Mais en attendant, un billet magnifique ICI.