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lundi, 23 avril 2012

Lendemain d'élection...

Grâce à un commentaire de Gil, j'ai redécouvert ce très beau poème chinois que je trouve émouvant. Il faut revenir à l'essentiel : la poésie !

Je  réédite la note intégralement : dans les commentaires, celui de Gazelle qui est partie comme Yves...

 

Pour Aliscan et Bruno

amateurs de Haïku.

La poésie chinoise classique est également très riche en magnifiques textes courts.

Ainsi le "ci" classique qui était une poésie chantée par les courtisanes.

De Guan Daosheng, poétesse chinoise du XIII ème siècle, ce joli texte d'amour.

200px-Bamboo_and_Stone_by_Guan_Daosheng.jpg

 

 

 

Toi et moi brûlons

l'un pour l'autre,

comme perdus dans le four du potier.

D'une poignée

de glaise, forme un toi,

forme un moi. Réduis-nous

de nouveau en glaise, ajoute

de l'eau, reforme

un toi, reforme un moi.

Afin que tu sois dans mon corps et moi dans le tien.

 

Comme de nombreux poètes, Guan Daosheng était également peintre et calligraphe.

 

 

 

 

Je retourne quelques jours au Havre mon mari ayant décidé d'y faire une tournée d'adieux. Profitez-en pour apprendre le poème par coeur, excellent pour les neurones.

jeudi, 17 juin 2010

Songer à son père

41oO3Gcv8YL._SL500_AA300_.jpgLa remise en cause de Freud et de la psychanalyse est dans l'air du temps. Ce n'est pas pour me déplaire car j'ai toujours ressenti ces théories comme terriblement oppressantes. Le poids de l'inconscient auquel il serait difficile d'échapper m'est toujours apparu comme insupportable. Selon ces théories, il va de soi que tous les maux que nous subissons viendraient de nos ascendants, de nos parents en particulier.

Les Chinois ont échappé à cette culture, on dit qu'ils le regrettent et que certains s'y intéresseraient.

Certainement pas l'écrivain Yan Lianke.

Lui serait plutôt dans le retour au Confucianisme également dans l'air du temps en Chine.

Ainsi ce magnifique petit livre, "Songeant à mon père", est-il à lire pour confronter la relation que nous avons à nos parents à celle des Chinois.

La première partie, consacrée à de courtes nouvelles, fragments que l'auteur dits "écrits dans la paume de la main" , souvenirs épars de l'enfance, peignent l'univers vers lequel revient le narrateur qui fut officier de l'armée chinoise.

Le paysage de son enfance pour nous aider à comprendre.

La seconde partie, tout à fait bouleversante, ressemblerait à une confession mais n'en est pas une car la culpabilité en est absente. C'est pourtant un long examen de conscience, lucide et courageux. L'auteur examine tous les torts qu'il a eus à l'égard de son père et dont celui-ci serait mort. C'est impressionnant, tout à fait étranger à la culpabilisation pathologique dont on ferait preuve en Occident, mais sans complaisance.

Le ton est donné par cette très belle phrase reprise en quatrième de couverture.

"Je me suis assis pour écrire et je peux, à travers la vie et la mort de mon père, comprendre le monde, regarder en face ce qu'il y a de bon et de mauvais en moi, regarder en face la vie et la mort, la décadence et la prospérité de toutes choses, l'eau tarie du fleuve, les feuilles mortes, regarder en face, à travers ma propre vie, la disparition et la renaissance, la renaissance et la disparition de tout ce qui vit."

À méditer durant l' été !

dimanche, 31 mai 2009

Mieux vaut ne pas se mettre mal avec ses élèves...

Pour Edith, afin qu'elle ne soit plus intimidée par la Littérature chinoise.

Mise en bouche pour lire Yu Hua.

41WzUOrFVsL._SS500_.jpgCe n'est pas un extrait de "Brothers", qui est un gros livre, mais de "1986", roman court de 90 pages.

1986, vingt ans après le début de la Révolution culturelle. Une femme a refait sa vie après que son mari a disparu pendant la Révolution culturelle.

C'était un professeur. Vu par sa femme, vingt ans plus tard.

"Tout ce qu'elle savait, c'est que son mari avait soudain disparu la nuit où il avait été emmené, sans plus de précisions. Elle tenait l'information d'un homme qui travaillait comme vendeur dans un magasin, et qui était l'un des gardes rouges qui avaient fait irruption chez elle à l'époque."Nous ne l'avons pas battu, avait-il dit, nous nous sommes contentés de le conduire au bureau de l'école et lui avons demandé de rédiger ses aveux. Nous ne l'avons pas non plus fait surveiller, mais, le lendemain, nous avons découvert qu'il n'était plus là." ... "D'habitude, votre mari était sympa avec les élèves, c'est pourquoi nous ne l'avons pas torturé."

Yu Hua "1986" Actes Sud.

 

samedi, 30 mai 2009

Yu Hua aux Assises du roman

Si le programme des Assises du roman ne me passionnait pas cette année, il est une rencontre que j'aurais été désolée de manquer.

Yu Hua, dont j'ai déjà parlé à propos de son dernier ouvrage "Brothers" et François Jullien, philosophe et sinologue.

Et je dois dire que je n'ai pas été déçue par leurs échanges.

Je ne ferai pas un compte-rendu complet car certains thèmes traités, comme "L'éloge de la fadeur", titre du dernier livre de François Jullien, étaient trop spécifiques de la culture chinoise.

La rencontre a commencé par la confrontation entre les itinéraires de ces deux écrivains. Yu Hua, le plus jeune, né en 1960, était enfant pendant la Révolution culturelle. Il est venu au roman social en s'inspirant de la Littérature occidentale car, a-t-il précisé, la Littérature chinoise traditionnelle aux codes figés, ne peut s'adapter aux exigences de lecture d'aujourd'hui.

François Jullien dit avoir ressenti la nécessité de faire un détour par la pensée chinoise étrangère pour prendre du recul et appréhender autrement la pensée européenne.

Chacun est ainsi passé par un détour dans la culture de l'autre.

Le détour a d'ailleurs été un thème abordé par les deux écrivains. Pour François Jullien, depuis toujours, la Chine pratique l'art du détour et non la confrontation directe comme en Europe. On aborde l'ennemi de biais, dans le débat comme dans le combat. Mao connaissait bien cette stratégie indirecte. Avant  la révolution culturelle les cibles ont été désignées peu à peu.

Pour les Chinois, il s'agit d'économiser son énergie en évitant l'affrontement direct en faisant mourir la condition de violence avant qu'elle n'éclate.

Selon Yu Hua, la France utilise aussi la stratégie de l'indirect, c'est le propre des politiques et des hommes d'affaire. Mais les pauvres ont recours à la bagarre dans la rue. François Jullien estime que ce recours à l'indirect est une nécessité dans une civilisation qui n'a jamais connu de véritable liberté d'expression. Il y a deux mille ans déjà l'image poétique avait pour fonction d'exprimer ce qui ne pouvait l'être directement.

Deux autres thèmes intéressants ont été ceux de l'évolution de la Chine et des différences culturelles avec au centre le positionnement sur les Droits de l'homme.

À propos des mutations en Chine, François Jullien remarque que leur spécificité est de s'être faites sans rupture. Pourtant les Chinois ont vécu en 40 ans ce qui s'est déroulé en 400 ans pour l'Occident.

Les Occidentaux, héritiers de la pensée grecque ont été habitués à penser en extrême. La Chine a toujours eu coutume de penser la transition par rapport à la tradition. La Révolution a été un concept emprunté à l'Occident et les révolutionnaires se sont formés en Europe. Mais la Chine s'est transformée en gardant ses structures. C'est le seul cas d'une structure étatique qui pratique une économie capitaliste.

Yu Hua a insisté sur l'événement de Tian'anmen, il y a juste vingt ans, qui a modifié le pays. En juin 1989, un profond enthousiasme politique animait la jeunesse. En octobre 89, à l'université on jouait au majong ou on apprenait l'anglais : l'argent était devenu roi.

Depuis 1989, la pensée politique a disparu, on n'a plus pensé qu'à gagner de l'argent. La réforme politique s'est arrêtée au profit de la réforme économique qui a entraîné la corruption. Les problèmes sociaux et politiques ont été cachés mais n'ont pas disparu.

Pour Yu Hua ces problèmes vont resurgir dans les deux ans qui viennent.

Enfin les deux écrivains se sont retrouvés d'accord sur ce qu'on pourrait appeler un dialogue inter-culturel. Yu Hua souhaite une recherche des points communs avec l'Occident mais que la Chine préserve son identité culturelle. La Chine ne peut être comme l'Occident. Le Passé chinois est très différent. L'Occident ne comprend pas la Chine sur la question des Droits de l'homme et tous les pays, selon lui, ont des problèmes de Droits de l'Homme. Pour lui, le plus grave dans la réalité chinoise est l'injustice judiciaire.

Malheureusement le temps était écoulé et Yu Hua n'a pu développer davantage.

samedi, 28 mars 2009

C'est fini

"Une association n'est pas destinée à vivre éternellement. Mieux vaut savoir l'interrompre que  la voir décliner".

Ainsi mon président a-t-il introduit l'Assemblée générale de dissolution de l'association de culture chinoise à laquelle j'appartiens depuis dix ans.

Il en a ensuite précisé les raisons après en avoir rappelé l'historique.

Pas de renouvellement, personne pour lui succéder à la présidence mais aussi, et surtout, parce que la Chine étant un pays très médiatisé, il nous était devenu impossible de faire entendre notre voix, souvent à contre-courant de l'information de masses.

Faire découvrir une Chine vraie, sans complaisance, tel était l'objectif de Chine-service devenu impossible.

Mieux vaut se taire que de parler dans le désert, tel est son point de vue.

Bien sûr beaucoup de tristesse et d'émotion.

Mais un bilan tellement positif par l'enrichissement culturel que nous a apporté la confrontation avec cette grande et fabuleuse civilisation, que la conscience des trésors engrangés l'a emporté sur la nostalgie.

ACS L'eurasienne 16-10-08e.jpg

Danièle Li

L'eurasienne

entre France et Chine

à l'origine de Chine-service.

 

samedi, 14 mars 2009

En ce temps de crise...

En ce temps dit de crise, les préceptes d'un ancien maître chinois pourront peut-être  inspirer certains.

 

Richesse assurée

S'efforcer d'acquérir et réduire ses besoins
Se rendre compte des arts ; étendre ses connaissances par l'étude.
Constamment passer en revue les affaires domestiques.
Ne pas s'adonner au vin et aux femmes.
Ne pas manquer de régler ses dettes.
Quand les esclaves, hommes et femmes, sont habiles dans les travaux de l'agriculture et du tissage.
Dormir la nuit et se lever tôt.
Faire à la maison l'élevage des six sortes d'animaux domestiques. 
En agriculture ne pas manquer la saison favorable.
Le moment venu faire la récolte et engranger.
Quand les enfants sont d'un seul coeur.
Quand la mère du maître de la maison ne croit pas en Bouddha.
Quand toutes les femmes de la maison sont en bon accord.
Ne pas être ennemi du simple et du frugal.
Avoir l'inventaire de ses biens.
Accumulant des petites quantités en constituer une grande.
Pour acheter ou vendre ne pas manquer le moment pportun.
Ne pas gâcher les objets utiles.

Li Yi-chan
Lettré du Xème Siècle.

lundi, 26 janvier 2009

Bonne année du buffle

à ma jeune amie chinoise; Zhang Lei

Nouvel an chinois...Les maisons vont être décorées de sentences parallèles. Des textes poétiques qui encadrent les entrées et portent bonheur.

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Cette année sera l'année du buffle. J'ai cotoyé ce sympathique animal, très aimé des Chinois, à l'occasion de mon dernier voyage.
Le buffle est indissociable du paysage des rizières. Et pourtant cet heureux animal ne travaille guère. En tout et pour tout deux semaines par an. Il n’est jamais utilisé comme animal de trait. On ne le mange pas. C’est en quelque sorte un animal de compagnie que les paysans sortent le matin pour aller paître. On le voit également se prélasser dans l’eau des rivières, sous les ponts.
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Mais il nous a offert un spectacle sympathique qui nous a fort réjouis. À l’occasion de la fête de la lune, nous avons pu assister à un combat de buffles. Aucune violence : les deux animaux se poussent tête contre-tête et le premier qui cède a perdu.
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Rien à voir avec les coqs de combat que nous avons pu rencontrer presque tout déplumés dans certains villages. Spectacle dans le spectacle : les paysans attentifs, leur pipe à eau à la bouche.
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Toutefois il y a un prix à payer pour nos buffles. On ne les tue pas …sauf tous les 13 ans au cours d’une fête rituelle à la mémoire des Ancêtres. De nombreux buffles sont sacrifiés. À cette occasion,on mange du buffle, à l’exclusion de toute autre nourriture pendant huit jours.

Extrait d'un passage de Pearl Buck dans "Terre chinoise".
Une famille est dans la plus grande misère suite à une série de mauvaises récoltes.Le grand-père  suggère de manger le buffle.
« Le vieillard dit :
« Bientôt nous allons manger le buffle. »
Alors Wang Lung se récria, car c’était pour lui comme si on eüt dit : « Bientôt nous allons manger un homme. »
Le buffle était aux champs son compagnon et il avait marché derrière lui en le félicitant ou en l’injuriant suivant son humeur et depuis sa jeunesse qu’il connaissait la bête, qu’on avait achetée petit veau. »

Pearl Buck