jeudi, 19 février 2009
Requiem des innocents
"ça commence au bout du monde".
Première phrase d'un récit qui se déroule nulle part. Récit véridique sans aucune place pour la fiction. Il s'agit de l'enfance de Louis Calaferte, écrivain lyonnais que j'ai eu le goût de lire grâce à Solko. Un récit brutal qui vous laisse KO. L'auteur raconte une enfance passée dans l'abjection d'une misère qu'il est impossible d'imaginer. La Zone se situe à Lyon, nommée une seule fois mais qui pourrait être dans n'importe quelle grande ville.
Le domaine de la violence, du sexe, de l'alcool, de la perversité sous toutes ses formes. Le couple parental n'échappe pas à la règle : mère dépravée, père petit truand.
L'enfant Calaferte, n'a d'autre famille que la bande de gamins livrés à eux-mêmes, et pour lesquels il emploie à plusieurs reprises le mot "racaille". Il est le second du chef de la bande, des gosses cruels qui s'acharnent contre les plus faibles d'entre eux. Absence totale d'humanité. Huis-clos de fureur où la police vient systématiquement chercher un coupable quand un mauvais coup est commis quelque part. On ne sort jamais de la Zone. Les lieux sont balisés : le fleuve, la voie ferrée, les voûtes.
Le miracle se produit un jour. À la suite d'une action particulièrement atroce commise par la bande "d'innocents" contre l'un des leurs, la presse s'émeut de cette situation. Au lieu de la maison de redressement, les enfants sont conduits dans une école "normale", encadrés par les policiers, dans une classe à part... Ils n'auront même pas droit à la récréation. Calaferte finit par y rencontrer un instituteur différent, marginal lui aussi, qui comprend ce que l'enfant porte en lui. Il va l'aider à faire surgir son humanité et le sauver. Miracle d'une rencontre, histoire de salut au sens spirituel du terme.
On est réellement sonné par la lecture de ce texte qu'on reçoit comme un coup de poing.
Arrive-t-on à évacuer un jour tous les déchets de son passé ? Ne reste-t-il pas toujours dans un coin de la mémoire ce petit tas de gravats
qu'on aimerait bien ne pas regarder mais qui est toujours là ?
"Requiem des innocents" de Louis Calaferte Folio
Image envoyée par Pierre Autin-Genier pour illustrer son commentaire.
PAG reconnaît l'influence de Calaferte, qu'il a beaucoup lu, sur son oeuvre.
22:41 Publié dans Coups de coeur | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : lyon, littérature | Facebook | Imprimer
Commentaires
Une note entre 2 valises! merci Rosa "lecture qu'on reçoit comme un coup de poing" on sera prêt
Bisous
Écrit par : noelle | jeudi, 19 février 2009
ça m'interresse. L'histoire m'intérrèsse , oui...
C'est en livre de poche ?
Écrit par : cathy | jeudi, 19 février 2009
Cathy, oui Folio...
Et je suis sûre que ce livre t'intéresserait.
Noelle, sac !
Écrit par : Rosa | jeudi, 19 février 2009
vendredi.....dure semaine finie ce soir tard en principe...
tu pars quand ?
alors : bon voyage et bon séjour - pense bien à ceux qui restent et ...bossent...
merci
ciao
pas de chance pour le cendrier, fumer et moi nous sommes fachés depuis 25 ans...
bonne fin de semaine
bises - Doume
Écrit par : Doume | vendredi, 20 février 2009
On peut tout lire de Louis Calaferte et, notamment, sa trilogie de textes courts : Promenades dans un parc, Ébauche d'un autoportrait et Memento mori. Mais aussi, bientôt Printemps de la Poésie, l'admirable "C'EST LA GUERRE", sorte de long poème où l'enfant Calaferte âgé alors de onze ans raconte la guerre. Un petit chef d'oeuvre.
(En folio)
Écrit par : PAG | vendredi, 20 février 2009
Merci PAG
Rosa, bien sûr des sacs!, prête à partir?
A bientôt
Bisous
Écrit par : noelle | vendredi, 20 février 2009
L'écrivain,,le poète,sont des espaces de transition de passage entre le passé et le présent ,le moment où la vie se concentre dans un temps d'extrème urgence de danger et aussi d'espoir ,de survie;une course vers la vie et par-là même vers l'amour...
Bon séjour en Haïti,le Conseil Régional d'Aquitaine fait beaucoup pour eux, en tout cas autant que faire se peut.
Pierre
Écrit par : ulm pierre | vendredi, 20 février 2009
Je suis très surprise, je connais Calaferte, mais de nom seulement. Et ce n'est pas du tout ce que j'imaginais !
Je ne sais pas si j'oserais me lancer à le lire, mais je note.
Merci.
Écrit par : Fauvette | vendredi, 20 février 2009
Pierre, tout à fait d'accord... il y a l'écriture de survie, c'est souvent la plus intéressante. cela ma fait penser dans certains cas aux sportifs qui réussissent pour survivre, exister alors que les nantis n'ont pas besoin de ça; Quand je parle de nantis je n'envisage pas que le côté matériel.
je croyais que tu étais au stade de France ce soir ?
Fauvette, l'oeuvre de Calaferte est d'une très grande variété.
Difficile de te conseiller mais compte-tenu de ce que tu écris, tes révoltes contre les nantis (un de tes derniers billets) tu devrais essayer.
Écrit par : Rosa | vendredi, 20 février 2009
@ Rosa
Non le rugby international fait une pause ce week-end,reprise des "hostilités" le week-end prochain avec France-Galles vendredi soir,j'y serai.
Pierre
Écrit par : ulm pierre | vendredi, 20 février 2009
c'est ça ... C'est la survie !
Je courais vite parce que je laissais le passé derrière moi et puis je m'envolais vers un autre ailleurs et j'entendais les applaudissements des gens et donc j'existais... j'étais !
Écrit par : cathy | vendredi, 20 février 2009
Oui, oui, très bon Calaferte. Un grand autodidacte, toujours révolté.
Écrit par : Feuilly | vendredi, 20 février 2009
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