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jeudi, 17 juin 2010

Songer à son père

41oO3Gcv8YL._SL500_AA300_.jpgLa remise en cause de Freud et de la psychanalyse est dans l'air du temps. Ce n'est pas pour me déplaire car j'ai toujours ressenti ces théories comme terriblement oppressantes. Le poids de l'inconscient auquel il serait difficile d'échapper m'est toujours apparu comme insupportable. Selon ces théories, il va de soi que tous les maux que nous subissons viendraient de nos ascendants, de nos parents en particulier.

Les Chinois ont échappé à cette culture, on dit qu'ils le regrettent et que certains s'y intéresseraient.

Certainement pas l'écrivain Yan Lianke.

Lui serait plutôt dans le retour au Confucianisme également dans l'air du temps en Chine.

Ainsi ce magnifique petit livre, "Songeant à mon père", est-il à lire pour confronter la relation que nous avons à nos parents à celle des Chinois.

La première partie, consacrée à de courtes nouvelles, fragments que l'auteur dits "écrits dans la paume de la main" , souvenirs épars de l'enfance, peignent l'univers vers lequel revient le narrateur qui fut officier de l'armée chinoise.

Le paysage de son enfance pour nous aider à comprendre.

La seconde partie, tout à fait bouleversante, ressemblerait à une confession mais n'en est pas une car la culpabilité en est absente. C'est pourtant un long examen de conscience, lucide et courageux. L'auteur examine tous les torts qu'il a eus à l'égard de son père et dont celui-ci serait mort. C'est impressionnant, tout à fait étranger à la culpabilisation pathologique dont on ferait preuve en Occident, mais sans complaisance.

Le ton est donné par cette très belle phrase reprise en quatrième de couverture.

"Je me suis assis pour écrire et je peux, à travers la vie et la mort de mon père, comprendre le monde, regarder en face ce qu'il y a de bon et de mauvais en moi, regarder en face la vie et la mort, la décadence et la prospérité de toutes choses, l'eau tarie du fleuve, les feuilles mortes, regarder en face, à travers ma propre vie, la disparition et la renaissance, la renaissance et la disparition de tout ce qui vit."

À méditer durant l' été !

Commentaires

@ A lire...


Formidable cette absence de culpabilité comme tu dis, que l'on cultive en Occident.C'est paradoxal mais autant on peux ecrire à travers la vie et la mort de son père autant on peut aussi voir passer notre vie lorsque l'on court un marathon et les Japonais l'avaient remarqué également.

Conclusion je vais le lire et peut être aimer le livre ,aimer l'auteur;l'affection n'a pas besoin de paroles,les regards suffisent...

Pierre

Écrit par : Ulm Pierre | vendredi, 18 juin 2010

Pierre, je n'ai pas parlé de l'écriture à la fois sobre et poétique.
Petit livre qui devrait te plaire.
Oui c'est vraiment fantastique cette façon de reconnaître ses torts, sans complaisance mais aussi sans culpabilité morbide : je n'ai jamais rien connu de semblable. Il me semble que c'est une attitude salutaire.
L'auteur est un ancien officier et j'avais oublié que la Chine avait participé à la guerre du Vietnam contre les Américains en envoyant des hommes...

Écrit par : Rosa | vendredi, 18 juin 2010

Je ne manquerai pas de lire ce livre.... je découvre au travers de ton blog la littérature asiatique que je ne connaissais pas.... le net n'a pas que du mauvais..
mais mon coup de coeur reste pour le moment "le totem du loup" je l'ai offert autour de moi,il fait l'unanimité....
merci

Écrit par : Organza | vendredi, 18 juin 2010

Organza "Le Totem du loup" fait en effet l'unanimité : tous les ingrédients d'un bon roman. Tant mieux pour son auteur qui a mis 15 ans à l'écrire !

Écrit par : Rosa | vendredi, 18 juin 2010

Merci d'avoir parlé de ce livre, j'espère m'y plonger dès que possible. Vos conseils sont souvent très bons.
Je vous souhaite un beau voyage en Turquie!

Écrit par : Natacha | lundi, 21 juin 2010

Les commentaires sont fermés.