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jeudi, 17 juillet 2008

Parce qu'on a toujours envie d'y croire...

6.jpgQue l'on soit amateur des spectacles sportifs ou non, on a tous une histoire  d'amour avec le Tour de France. Il fait partie de notre patrimoine, de notre imaginaire collectif...

Célébré en 1957 par Roland Barthes dans "Mythologies" il a un caractère sacré. Les coureurs deviennent des dieux. Ils sont propulsés par un élan surhumain que Barthes appelle le jump.

Mais déjà en 1957

"Il y a une affreuse parodie du jump, c'est le dopage : doper le coureur est aussi criminel, aussi sacrilège que de vouloir imiter Dieu ; c'est voler à Dieu le privilège de l'étincelle. Dieu d'ailleurs sait alors se venger : le pauvre Malléjac le sait, qu'un doping provocant a conduit aux portes de la folie (punition des voleurs de feu). Bobet, au contraire, froid, rationnel, ne connaît guère le jump : c'est un esprit fort qui fait lui-même sa besogne ; spécialiste de la forme, Bobet est un héros tout humain, qui ne doit rien à la surnature et tire ses victoires de qualités purement terrestres, majorées grâce à la sanction humaniste par excellence : la volonté. Gaul incarne l'Arbitraire, le Divin, le Merveilleux, l'Élection, la complicité avec les dieux ; Bobet incarne le Juste, l'Humain, Bobet nie les dieux, Bobet illustre une morale de l'homme seul. Gaul est un archange, Bobet est prométhéen, c'est un Sisyphe qui réussirait à faire basculer la pierre sur ces mêmes dieux qui l'ont condamné à n'être magnifiquement qu'un homme."

Dans Courrier International, l'interview intéressante issue de  DER SPIEGEL, d'un philosophe allemand passionné de cyclisme. Peter Sloterdijk a gravi le Ventoux à vélo. Il avait  60 ans.

Voilà ce qu'il dit du dopage.

"Depuis que je fais moi-même du vélo, je sais qu'il est impossible qu'un coureur fournisse pendant les six heures d'une étape de montagne une puissance moyenne de 280 watts à chaque coup de pédale, avec des pointes de 450 watts et plus dans les cötes très raides. D'un point de vue purement  physiologique, ce n'est pas possible sans recourir à des substances chimiques. Si l'on exclut l'idée du dopage, on exclut du même coup  celle de performances de pointe."

 Ne vaudrait-il pas mieux légaliser le dopage en contrôlant les produits les plus dangereux ? Ne sommes-nous pas en pleine hypocrisie ?

Peter Sloterdijk ajoute : "Le cyclisme ressemble structurellement au catholicisme : il ne peut survivre sans un minimum d'hypocrisie. Une réforme du Tour de France est impensable parce qu'on devrait envoyer dans la course des coureurs totalement à jeun et ils ne seraient pas à la hauteur. Le Tour est un des rares mythes du XXème siècle qui, récemment encore, arrivait à foctionner plus ou moins bien."

Moi comme chaque année je regarderai les étapes des Alpes qui m'ont toujours enchantée...