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vendredi, 18 juillet 2008

Être ou se sentir coupable

Demain je retourne à Allinges, le berceau de nos familles à mon mari et à moi.

Jusqu'à ce jour Allinges c'était ça :

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Mais depuis quelques semaines c'est devenu le lieu de la tragédie.

Très touchée d'apprendre le suicide du prof  de Margencel ce matin.

D'abord parce que l'un de mes frères connaît bien son épouse, très impliquée au bureau de l'École de Musique du secteur

mais aussi parce que c'est un collègue, passionné de son métier.

Qu'on pense à lui toutes les fois où on critique les enseignants. 

Il  se trouve aussi que pour d'autres raisons je me pose la question de la culpabilité

ou plus exactement "être ou se sentir coupable".

J'avais déploré la sévérité de la justice à l'égard du malheureux chauffeur responsable de l'accident. Je me demande aujourd'hui si, d'une certaine façon, cette sanction ne l'a pas protégé du sentiment de culpabilité. C'était la société qui le désignait comme tel, se désigner soi-même comme coupable est infiniment plus destructeur. On ne peut rien faire pour quelqu'un qui se sent coupable sans raisons objectives. Essayer de le raisonner, ce qu'a fait bien sûr l'entourage de l'enseignant, ne peut qu'aggraver ce sentiment par l'incompréhension.

Un autre exemple m'occupe l'esprit actuellement.

Ce matin je suis allée fleurir la tombe du meilleur ami de mon plus jeune fils.

Il y a dix ans, le 13 juillet 1998, lui et ses amis fêtaient et leur réussite au Bac et la victoire de la coupe du monde.

Pour une raison que nous n'avons jamais connue, mon fils et deux de ses amis sont partis en voiture avec un copain plus jeune qui avait emprunté la voiture de son père en vacances, alorsqu'il n'avait pas le permis de conduire et pratiquait la "conduite accompagnée".

Accident, Jérémie est mort sur le coup.

Au procès, aucune charge n'a été retenue contre le jeune conducteur qui était mineur alors que ses passagers étaient majeurs.

Ses parents se sont démenés, faisant valoir entre autres, son profil d'élève brillant. Il a passé son permis normalement, l'âge de dix-huit ans à peine atteint. Nous avons su qu'il était entré dans une école d'ingénieurs puis nous l'avons perdu de vue.

Souvent je pense à lui et me demande si l'absence de sanction ne l'a pas, en fait, chargé moralement beaucoup plus que ne l'aurait fait une sanction symbolique. 

Désolée de partir sur une note triste mais c'est vous qui en avez parlé les premiers ! 

Heureusement, il reste les enfants, sourires de l'avenir.

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JE REVIENS LE 4 AOÛT. 

 

 

Commentaires

Bonnes vacances. Loin de tout ce que peut représenter ce magnifique endroit...

(si mon village était toujours synonime de car espagnol et de nombreux morts... soupir...)

Écrit par : Falconhill | vendredi, 18 juillet 2008

Tu pars sous des nuages bien sombres. La culpabilité se commande-t-elle? Elle s'installe et tourne comme un disque rayé. On la trouve sur son chemin, impalpable et sournoise. Qui peut l'effacer?
Bon repos et reviens-nous avec un ciel plus serein.

Écrit par : pierre | vendredi, 18 juillet 2008

Tu as raison Pierre mais je ne vais pas partir sur ce billet.

Écrit par : Rosa | vendredi, 18 juillet 2008

À peine posée, tu repars! Tu vas nous manquer, encore.

Pour ce qui est du sentiment de culpabilité... Certains prennent sur leur dos tous les péchés du monde; ils se sentent coupables pour eux-mêmes, coupables aussi pour les autres. Et d'autres ne sont jamais coupables de rien - quoi qu'il arrive, peu importe ce qu'ils ont fait ou ce qu'ils auraient dû faire.

Écrit par : Choubine | samedi, 19 juillet 2008

Tu as raison Choubine
la douloureuse et mystérieuse condition humaine.
Même si c'est douloureux je préfère être du côté de ceux qui culpabilisent : on se sent plus humain.

Écrit par : Rosa | samedi, 19 juillet 2008

"JE REVIENS LE 4 AOÛT".

Dans la nuit, j'espère!

Écrit par : PAG | dimanche, 20 juillet 2008

Ben elles sont toute mignonnes tes deux petites ! :-)

Écrit par : L'hérétique | lundi, 28 juillet 2008

Triste fait divers, cet homme n'a pas pu surmonter son sentiment de culpabilité. Pourtant il n'était en rien coupable, c'est le destin qui a frappé,qui sait comment on pourrait réagir dans de telles circonstances?

Écrit par : laurence | jeudi, 31 juillet 2008

C'est surtout révélateur du fonctionnement de l'éducation nationale !
Pas de médecine du travail … Les proches des victimes ont sûrement eu une aide psychologique. Les enseignants, rien, ils font avec, ils encaissent jusqu'à l'overdose fatale.
Cette nouvelle m'a aussi beaucoup attristée même si je ne connaissais pas le collègue. Quand les Autres veulent nous faire passer pour des irresponsables, ils n'ont sûrement pas la même conscience d'esprit …
J'espère que tu as bien pu profiter de ta pause.

Écrit par : Sar@h | vendredi, 01 août 2008

Pour Sarah et les autres collègues
ce prof avait déjà été traumatisé par le suicide d'un jeune collègue en mai de la même discipline que lui
Histoire-Géo.
Notre métier est vraiment particulier, nous touchons au profond de l'être humain.

Écrit par : Rosa | dimanche, 03 août 2008

Les commentaires sont fermés.