samedi, 24 septembre 2011
La finale du concours des chefs d'orchestre
C'est finalement le japonais Yuki Kakiuchi qui a remporté cette finale du concours des jeunes chefs d'orchestre de Besançon. Choix des professionnels, du jury et des musiciens de l'orchestre, mais pas le choix du coeur, celui du public qui lui a voté pour Stamatia Karempini après lui avoir fait une immense ovation à la fin de son passage.Un peu de déception donc...Sur le chemin du retour, j'ai même entendu dans les rues de Besançon des spectateurs furieux. Il est vrai que le concours précédent avait déjà été remporté par un Japonais, ça peut lasser... "Ils sont formatés" disait une dame... D'autres pensent que c'est l'excellence et la perfection.
Faites-vous votre opinion
en regardant sur Arte
dimanche 25 septembre à 19 heures 15
la retransmission de cette finale.
23:02 Publié dans Au jour le jour, Coups de coeur | Lien permanent | Commentaires (2) | Facebook | Imprimer
mercredi, 21 septembre 2011
Lettre à un ami
Cher Ashab,
C'est vrai, c'est une problème : chaque fois que je te visite dans ta librairie, tu travailles et nous sommes interrompus dans nos discussions.
Hier nous avons amorcé un débat que nous n'avons pas terminé.
Tu as aimé "L'art français de la guerre" et détesté "Les Bienveillantes", contrairement à moi. Dans le bus, j'ai réfléchi à nos positions respectives.
Première remarque tu es libraire, donc tourné vers la vente et la nouveauté. Comme ancienne prof, je suis plus naturellement orientée vers la littérature du patrimoine.
Mais aussi tu es quadra et moi sexa : deux générations différentes ! Énorme aujourd'hui.
Or, "L'Art français de la guerre" le roman d'Alexis Jenni me paraît typique de la génération quadra, aimant étaler son ressenti et portant son sexe en bandoulière. "Les Bienveillantes" ne sont pas dépourvues de concession au goût du jour mais c'est minime au regard de la force prodigieuse du roman.
Dans "L'art français..." une loghorée dont je n'ai ressenti ni le sens, ni l'intérêt... Dans "Les Bienveillantes", pas un mot de trop même si certains aspects du récit m'ont paru de trop. Mais la différence fondamentale est ailleurs.
Alexis Jenni écrit sur la guerre : mais pourquoi ? Il fait le portrait d'un guerrier : encore pourquoi ? J'ai senti de la complaisance à l'égard ce qu'il appelle le retour du militaire dans notre société.
Jonathan Littell au contraire va à l'essentiel en affrontant de plein fouet le problème du Mal. Ce mystère que depuis des millénaires "les hommes de bonne volonté" essaient d'appréhender, de comprendre, d'expliquer.
Pour moi le livre de Jenni est vide alors que celui de Jonathan Littell est plein d'humanité.
17:31 Publié dans Coups de coeur, D'une génération à l'autre | Lien permanent | Commentaires (8) | Facebook | Imprimer
La finale...
Mes chouchous sont donc en finale ! Il reste un Japonais : à noter qu'il y avait 7 candidats japonais au départ et que c'est un japonais qui avait remporté le concours il y a deux ans. Mes chouchous ont deux personnalités très différentes et je serai ravie de voir gagner l'un ou l'autre. Je parie plutôt sur Stamatia Karempini, la grecque, qui a un tempérament de feu. Mais le bel Hongrois tout en finesse à ses chances...
Les candidats sélectionnés à l'issue des épreuves de demi-finales sont :
- Yuki Kakiuchi, Japon (33 ans)
- Stamatia Karempini, Grèce (33 ans)
- Gergely Madaras, Hongrie (27 ans)
Un seul remportera le Grand Prix lors de la Finale, vendredi 23 septembre à 20h au Théâtre musical
- Jarrell, ...ombres...
Création mondiale, commande du Festival
- Saint-Saens, Concerto pour piano n°2, opus 22 (2ème et 3ème mouvement)
- Strauss, Don Juan, poème symphonique op. 20
Brussels Philharmonic
Marie-Josèphe Jude, piano
09:53 Publié dans Au jour le jour, Coups de coeur | Lien permanent | Commentaires (5) | Facebook | Imprimer
mardi, 20 septembre 2011
Qui sera le meilleur ?
Mes deux chouchous pour le concours des jeunes chefs d'orchestre de Besançon ont passé le cap des quart de finale et se retrouvent en demi... Ils seront six pour cette épreuve : j'ai des chances d'en écouter au moins un en finale...
08:57 Publié dans Au jour le jour, Coups de coeur | Lien permanent | Commentaires (2) | Facebook | Imprimer
lundi, 19 septembre 2011
Qui sera le meilleur ?
Samedi j'ai découvert le festival de musique de Besançon, l'un des plus anciens de France, entièrement dédié à la musique symphonique. Il est mondialement connu pour le concours de jeunes chefs d'orchestre qu'il organise tous les deux ans. Cette année se déroule donc cette compétition et j'ai assisté au huitième de finale... Avec réticence au départ, car si Roso est musicien je suis plutôt ignare, malgré mon intérêt pour la musique ... J'ai donc été encouragée à participer à ce marathon où s'affrontaient 19 candidats venus du monde entier.
L'épreuve est intéressante.
Pour chaque passage de 15 minutes, le candidat dirige l'exécution d'un morceau puis il doit faire travailler l'orchestre pendant le temps qu'il lui reste.
C'est cette seconde partie que j'ai le plus appréciée car, même pour une profane, les différences sur la manière d'aborder l'orchestre sont évidentes. C'est de la pédagogie après tout, un domaine que je connais un peu !
Durée de la manifestation, six heures avec une pause de deux heures...
La première performance est donc pour l'orchestre de Besançon qui a joué 19 fois les mêmes morceaux...
En l'occurence :
- Pulcinella de Stravinsky
-un extrait de la Symphonie numéro 2 de Beethoven.
Donc, bien que très ignorante, il se trouve que tous mes préférés figurent parmi les dix candidats du second tour qui se déroule aujourd'hui.
J'ai en particulier deux chouchous.
Le jeune hongrois Cergely Madaras très fin, très subtil, très hongrois de mes fantasmes...
Et la grecque Stamatia Karampini fougueuse, volcanique comme on imagine les héroïnes grecques mais sans la tragédie !
Vendredi je retourne assister à la finale : il ne restera que trois candidats... J'espère qu'ils en seront !
16:27 Publié dans Au jour le jour, Coups de coeur | Lien permanent | Commentaires (2) | Facebook | Imprimer
mardi, 13 septembre 2011
Lectures de vacances : la découverte de Jean Hougron
C'est un vieux livre de poche, des années 60, posé sur un carton de livres destinés à Emmaüs, dans un couloir de la maison familiale... Je n'ai plus rien à lire...Les pages jaunies gardent quelque humidité, il sent le moisi, les caractères sont très petits... Rien pour plaire. Pourtant je retrouve tout l'univers des mes lectures d'adolescente. Pas de résumé en quatrième de couverture, ni de présentation de l'auteur en première page. Je ne connais pas l'écrivain : Jean Hougron, son nom n'évoque aucun souvenir...
Le livre s'appelle : "Tu récolteras la tempête".
C'est le premier roman d'une saga consacrée à l'Indochine.
L'Indochine, c'était avant le Vietnam et ce n'était pas le Vietnam. J'ignorais tout finalement de cette époque coloniale, première raison pour laquelle le roman de Jean Hougron parti en Indochine en 1947 comme camionneur m'a captivée. Un roman comme on n'en écrit plus hélas ! Avec des vraies histoires, des aventures, des personnages fascinants. On connaît moins bien me semble-t-il cette colonisation que celle de l'Algérie. Jean Hougron en retrace l'atmosphère avec les français qui n'étaient pas vraiment des colons : des fonctionnaires et commerçants, des aventuriers plutôt comme son personnage principal, Lastin, un médecin qui a dû fuir la France à cause d'une histoire compliquée. Beaucoup sont alcooliques ou opiomanes. Et les femmes Annamites sont merveilleuses. Facilement on imagine de nombreuses aventures amoureuses de l'écrivain.
J' ai lu ainsi trois romans de Jean Hougron, sans parvenir à le quitter. L'écriture, serrée et nerveuse, captive dès les premières lignes. Au fil du récit, de légères touches descriptives, semblables à celles d'une aquarelle, dessinent un paysage sans exotisme artificiel mais envoûtant.
J'ai quitté l'univers de Jean Hougron pour me plonger dans un des livres de la déferlante de la rentrée et sur lequel on écrit beaucoup de bien. "L'art français de la guerre" d'Alexis Jenni, un lyonnais. C'est très rare que je lise des succès récemment parus et on ne m'y reprendra plus. C'est verbeux et ennuyeux. Un pavé qui se passe partiellement pendant les dernières guerres mais dont le récit, quand il est intéressant, se noie dans les commentaires ennuyeux d'où n'émerge même pas une pensée originale.
Vraiment, autant redécouvrir la littérature des années soixante.
L'Indochine
au temps de la colonisation française.
23:04 Publié dans Coups de coeur, Passages vers... | Lien permanent | Commentaires (27) | Facebook | Imprimer
samedi, 10 septembre 2011
Lectures de vacances... Les Bienveillantes
Certes la publication de cet énorme livre de Jonathan Litell remonte à 2006. Il avait été couronné par deux grands prix littéraires : le Goncourt et le Grand Prix de l’Académie française. Mais j'ai toujours préféré lire les livres à succès plus tard, avec le recul du temps passé.
On peut le dire d’emblée : "Les Bienveillantes" est une œuvre magistrale , sans doute la première grande œuvre du XXIe siècle comme cela a été beaucoup écrit.
Une oeuvre qui m'a beaucoup touchée... J'avais emporté le livre au Pérou où les soirées sont longues, sa lecture m'a permis de les occuper.
Le sujet est connu : Alexandre Aue, un jeune Allemand, très cultivé et sensible, s’engage, par idéal, chez les SS. Il a fait des études de Droit mais n’aime que la Littérature. On le suit pendant toute la durée de la guerre. Sa mission ne changera guère : rédiger, dans différents lieux d’opération de l’Allemagne nationale-socialiste, des rapports ayant pour objectif davantage d’efficacité. Confronté à l’horreur, il réagira par la maladie ou des séquences de folie mais conservera, presque jusqu’à la fin, son idéal national-socialiste. À noter que l’écrivain n’emploie jamais l’abréviation « nazi », ce qui n’est pas neutre.
En effet, le roman nous oblige à changer de regard et à sortir de toutes nos idées reçues, aussi fondées soient-elles.
Le ton est donné dès la première phrase :
« Frères humains, laissez-moi vous raconter comment ça c’est passé. » Bien sûr on pense à Villon qui apostrophe ainsi le lecteur au début de la Ballade des pendus. Tout le contenu du livre est dans cette phrase. Celui qui a participé à l’abominable est notre frère, semblable à nous.
Il insiste à la fin de son prologue :
« Ceux qui tuent sont des hommes comme ceux qui sont tués, c’est cela qui est terrible. Vous ne pouvez jamais dire : Je ne tuerai point, c’est impossible, tout au plus vous pouvez-vous dire : j’espère ne point tuer.Moi aussi je l’espérais, moi aussi je voulais vivre une vie bonne et utile, être un homme parmi les hommes, égal aux autres, moi aussi je voulais apporter ma pierre à l’oeuvre commune. »
Ainsi est-on d'emblée au coeur du roman dont le sujet est le Mal.
Le Mal et son mystère, car il y a un mystère du Mal, que l’humanité ne finira jamais d’essayer de comprendre et d’approfondir.
Car Alexandre Aue est un homme qui recherche le Bien et la Vérité. Il croit très profondément et très sincèrement en l’idéal national-socialiste et pourtant le Mal vient le saisir dans cette poursuite d’un idéal. Dans « Les Bienveillantes » Jonathan Litelle montre ainsi que le mystère du Mal n’est pas qu’une question morale auquel on l’a trop souvent réduit : c’est de l’ordre de la métaphysique et du spirituel. En effet la morale appartient souvent à une époque et à un pays. Pour les Allemands des années 30, on pourrait même dire pour les Européens de cette époque, l’antisémitisme n’est pas immoral. Ce qui ne signifie pas qu’on avait moins de sens moral qu’aujourd’hui. C’est aussi le propos d’Alexandre Jardin dans son dernier livre « Des gens très bien ».
Le héros des « Bienveillantes » est donc ce jeune homme idéaliste pris dans le tourbillon nazi dans lequel il n’a pas su reconnaître le visage du Mal. Pourtant il reçoit des signaux, des malaises, des nausées, des diarrhées mais aussi de violents troubles psychiques.
Jonathan Litell appréhende la question du mal de l’intérieur et ne lui donne pas de réponse, sinon celle des écrivains de l’Antiquité : les Bienveillantes, pour les Grecs, c’était les Euménides, déesses persécutrices qui punissaient les auteurs de crimes.
Dans l’organisation du national-socialisme, le Mal repose sur une bureaucratie extrêmement performante, assurée par des experts en Sciences humaines : ethnologues, linguistes, médecins sont au service du génocide. On ne s’interroge pas assez sur le pouvoir des experts !
08:39 Publié dans Coups de coeur | Lien permanent | Commentaires (11) | Facebook | Imprimer