Film Elefante Blanco
Pour Vincent
ami haïtien
qui a de bonnes raisons de savoir pourquoi l'Amérique Latine a aimé Chavez...
Ce dimanche dernier j'ai eu l'opportunité de rencontrer un prêtre ayant vécu 36 ans en Argentine et avec lequel j'ai eu un échange très intéressant.
Il a connu le nouveau pape comme évêque de Buenos Aires et porte sur lui un avis mitigé.
Oui, il y a des zones d'ombre sur la façon dont il n'aurait pas défendu les prêtres assassinés par la junte au pouvoir.
Mais pour ce prêtre, qui par son âge et ses idées a dû être proche des théologiens de la Libération,
il faut lui donner une chance : l'essentiel n'est pas son passé mais ce qu'il va faire aujourd'hui.
En revanche il m'a développé un vibrant hommage sur Chavez. Allant jusqu'à le comparer à Moïse ! car pour lui, Chavez, comme le grand prophète, a pris soin de son peuple. Dansle bilan de feu les président vénézuélien, la lutte contre l'illettrisme et l'amélioration de la santé.
Le monde à l'envers... Chavez défendu par un curé.
Vous trouverez peut-être ce propos farfelu...
Pourtant il est confirmé par un article que j'ai lu dans "Courrier International", signé Eduardo Febbro.
"Que vont-ils faire maintenant que leur grand adversaire a passé l'arme à gauche ? L'Occident a perdu un ennemi sans égal qui, au cours des années passées à la tête du Venezuela, a mis à nu toutes les hypocrisies qui permettent aux démocraties occidentales d'asseoir leur légitimité. Diabolisé par la presse, ridiculisé jusqu'à tourner en ridicule ceux qui se moquaient de lui, Hugo Chavez était le miroir inversé à partir duquel les âmes bien-pensantes des pays occidentaux construisaient leur propre image de démocrates honnêtes.
(...)
Pour les moralistes de l'Ouest, Hugo Chavez incarnait le profil parfait du "nouveau despote américain". Cet homme représentait tout le mal qu'ils pensaient de l'hémisphère Sud : il était la preuve formelle de "leur supériorité".
(...)
Maintenant il y a un ennemi de moins. La mort a emporté un chef d'État controversé, dont le verbe implacable mettait en évidence les contradictions moralistes de ceux qui gouvernent le monde selon leurs modèles. Faute de coups d'Etat et de despotes aussi meurtriers qu'extravagants, Hugo Chavez occupait l'espace imaginaire grâce auquel l'Occident s'estimait supérieur et méprisait quasiment tout le reste de la planète."
Pour ma part j'ai souvent dit mon exaspération des leçons de démocratie que nous donnons au monde entier sous couvert de Droits de l'homme. En oubliant souvent que le premier des Droits de l'Homme est de manger à sa faim...
Et pour rejoindre cette actualité, je vous recommande ce très beau film de Pablo Trapero, jeune réalisateur argentin. Deux prêtres, un argentin et un Européen, l'excellent Jérémie Renier, dans un bidonville de Buenos Aires.