mercredi, 20 avril 2011
Vandalisme à Lyon sur une oeuvre d'art
Une colonne de casseroles de 7 mètres de haut, réalisée par l'artiste camerounais Pascale Marthine Tayou, a été vandalisée mardi soir dans l'église Saint-Bonaventure...
L'artiste :
Le recteur de Saint-Bonaventure, Luc Forestier a écrit un très beau texte à son sujet...
Extraits :
"Même si son titre joue volontairement sur une ambivalence, il y a un rapprochement possible entre le prénom de l'artiste et le sommet de la vie chrétienne qu'est la fête de Pâques...Car l'une des interprétations possibles de la colonne pourra noter au moins deux éléments de convergence entre l'oeuvre installée et ce qui nous rassemble autour de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ.
D'une part, le rappel d'une forte verticalité est particulièrement pertinent dans un bâtiment qui, au fur et à mesure des ajouts, est très large. La colonne pascale montre bien la juste posture chrétienne, qui est d'être debout-et non écrasé par son péché ou les forces de l'histoire- face à Dieu et face aux autres. (...)
D'autre part, le deuxième élément, plus intime encore, entre la "colonne Pascale" et ce que l' Église célèbre à Pâques tient au matériau choisi pour constituer la colonne. Il n'y a pas qu'un renvoi qui pourrait sembler exotique à la culture africaine, dont il est quand même temps de prendre conscience de son importance pour notre pays, mais il y a surtout l'usage d'éléments du quotidien que l'accumulation conduit à transcender. Ces casseroles-il faut bien choisir le mot le plus banal pour honorer la démarche- ces casseroles empilées renvoient aux incertitudes actuelles sur la capacité des humains, et non de la Terre, à suffire à leur subsistance, tout en désignant le lieu même où s'actualise pour nous le relèvement de l'humanité. Car la source et le sommet de notre rassemblement se trouve dans un repas ritualisé, qui renvoie au dernier repas de Celui qui a librement engagé son existence dans le don de lui-même. Et la taille même des ustensiles choisis conduit à penser à un repas qui dépasse toujours le petit groupe, mais qui annonce le festin ultime de l'humanité tout en exigeant de nous un partage qui est toujours le signe de la maturité humaine."
(...)
Luc Forestier, prêtre de l'Oratoire, recteur de Saint-Bonaventure
Pascale Marthine Tayou
22:18 Publié dans Au jour le jour, Chronique lyonnaise, Coups de coeur | Lien permanent | Commentaires (11) | Facebook | Imprimer
dimanche, 17 avril 2011
Fin de la semaine péruvienne
La semaine de vacances de ma belle-fille péruvienne se termine et donc avec elle discussions et cuisine...
Aujourd'hui c'était la Causa : on prononce "caoussa". Une entrée savoureuse mais catastrophique pour la ligne. Le Pérou, on le sait, est le berceau de la pomme de terre. Il en existe une multitudes de variétés différents. Pour la petite histoire, quand ma belle-fille est arrivée en Europe, elle a été estomaquée par le prix des pommes de terre nouvelles, les petites rates. Chez elle, m'a-t-elle dit, on les donne aux cochons et on ne mange que les grosses.
Donc la Causa est à base de pommes de terre... Prévoir ensuite un repas léger. Mais elle fait merveille dans les buffets...
c'est simple à préparer mais assez long.
18:17 Publié dans Au jour le jour, Coups de coeur | Lien permanent | Commentaires (5) | Facebook | Imprimer
lundi, 11 avril 2011
Élections présidentielles au Pérou
Quand un pays n'est pas en guerre, on n'en parle pas... Il y avait ce week-end le premier tour des élections présidentielles au Pérou. C'est vrai que je m'y intéresse parce que j'ai une belle-fille péruvienne. Au Pérou, le vote est obligatoire, même pour les Péruviens qui vivent à l'étranger. En cas d'abstention, ils paient une amende lourde quand ils reviennent dans leur pays.
Au premier tour, c'est Ollanta Humala, le candidat de la gauche nationaliste, comme Chavez (Venezuela) et Moralès (Bolivie) qui est en tête pour le second tour. Le Président sortant Garcia, un libéral centriste, n'avait plus le droit de se présenter...
Nous irons pour la première fois au Pérou en juillet faire la connaissance de la famille de notre belle-fille.
Cusco est la ville d'origine de notre belle-fille...
Voir aussi ce lien que m'a envoyé Yves...
http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2011/04/11/perou-...
10:20 Publié dans Au jour le jour, Coups de coeur, D'une génération à l'autre | Lien permanent | Commentaires (8) | Facebook | Imprimer
dimanche, 10 avril 2011
La musique parfois a des accords majeurs
Week-end avec Bernard Lavilliers. Roso, qui en est un fan de longue date, est allé l'écouter jeudi, le chanteur donnait un concert à Lyon. Un supporteur lyonnais qui admire un stéphanois, c'est plutôt rare. Immersion donc dans l'univers musical du chanteur stéphanois pendant le week-end.
J'aime plus particulièrement celle-ci : Noir et Blanc. Lavilliers est un grand musicien et un remarquable parolier.
C'est une ville que je connais
Une chanson que je chantais.
Y a du sang sur le trottoir
C'est sa voix, poussière brûlée
C'est ses ongles sur le blindé.
Ils l'ont battu à mort, il a froid, il a peur.
De n'importe quel pays, de n'importe quelle couleur.
Po Na Ba Mboka Nionso Pe Na Pikolo Nionso
Il vivait avec des mots
Qu'on passait sous le manteau
Qui brillaient comme des couteaux.
Il jouait d'la dérision
Comme d'une arme de précision.
Il est sur le ciment, mais ses chansons maudites
On les connaît par cœur,
La musique parfois a des accords majeurs
Qui font rire les enfants mais pas les dictateurs.
De n'importe quel pays, de n'importe quelle couleur.
La musique est un cri qui vient de l'intérieur.
Ça dépend des latitudes
Ça dépend d'ton attitude
C'est cent ans de solitude.
Y a du sang sur mon piano
Y a des bottes sur mon tempo.
Au-dessous du volcan, je l'entends, je l'entends
J'entends battre son cœur.
La musique parfois a des accords mineurs
Qui font grincer les dents du grand libérateur.
De n'importe quel pays, de n'importe quelle couleur.
La musique est un cri qui vient de l'intérieur.
C'est une ville que je connais
Une chanson que je chantais
Une chanson qui nous ressemble.
C'est la voix de Mandela
Le tempo docteur Fela
Ecoute chanter la foule
Avec les mots qui roulent et font battre son cœur.
De n'importe quel pays, de n'importe quelle couleur.
La musique est un cri qui vient de l'intérieur
10:10 Publié dans Au jour le jour, Coups de coeur, D'une génération à l'autre | Lien permanent | Commentaires (1) | Facebook | Imprimer
mercredi, 06 avril 2011
Maudit soit Dostoïevski
Que vient faire Dostoïevski à Kaboul ? Deux cultures qui paraissent aux antipodes, et pourtant...
Atiq Rahimi, dont c'est le second roman écrit en français, rappelle les liens que l'Afghanistan a entretenus avec l'ancienne URSS et donc la littérature russe. Dans l'Afghanistan des années 90, on est ainsi considéré comme communiste parce qu'on lit un écrivain russe. Le moins que l'on puisse dire, c'est que Rassoul, personnage principal de "Maudit soit Dostoïevski", est complètement imprègné de l'oeuvre du grand écrivain .
Le roman s'ouvre par le meurtre qu'il commet sur une usurière ayant exploité la femme qu'il aime. Le crime paraît justifié mais, à l'instar de Raskolnikov dont il se ressent comme un double, Rassoul a un très fort sentiment de culpabilité. Dans une société livrée au chaos et aux bombes, qui se soucie de la mort d'une vieille maquerelle ? Rassoul a conscience de sa faute dans un monde où l'assassinat et la torture représentent la norme.
Dans Kaboul, clans et factions se déchirent alors que Rassoul lutte, seul, pour obtenir d'être jugé. Il sacrifie à cette quête d'expiation sa vie et son amour. À tel point qu'il en devient pour un temps muet. Le poids de son silence contre les flux des paroles d'endoctrinement, de condamnations et de haine exprime son incapacité à se faire comprendre. Tous lui sont hostiles et il sera pris dans un tourbillon d'événements qu'il ne maîtrise pas. Comme dans "Synghé Sabour", le silence est un personnage éloquent.
Malgré la noirceur apparente du récit liée à une société sans boussole et sans morale, l'histoire d'Atiq Rahimi porte un espoir de rédemption : même dans l'enfer il reste au moins un juste qui a le sens du mal. Très beau texte au demeurant, dans un français très pur. Parfois on se demande si ce ne sont pas les écrivains étrangers qui sauveront la Littérature française.
"À peine Rassoul a-t-il levé la hache pour l’abattre sur la tête de la vieille dame que l’histoire de Crime et châtiment lui traverse l’esprit. Elle le foudroie. Ses bras tressaillent ; ses jambes vacillent. Et la hache lui échappe des mains. Elle fend le crâne de la femme, et s’y enfonce. Sans un cri, la vieille s’écroule sur le tapis rouge et noir. Son voile aux motifs de fleurs de pommier flotte dans l’air avant de choir sur son corps replet et flasque. Elle est secouée de spasmes. Encore un souffle ; peut- être deux. Ses yeux écarquillés fixent Rassoul, debout au milieu de la pièce, l’haleine suspendue, plus livide qu’un cadavre."
16:37 Publié dans Coups de coeur | Lien permanent | Commentaires (5) | Facebook | Imprimer
vendredi, 25 mars 2011
L'Arpitanie
Depuis quelques mois je sais que je vis en Arpitanie. Ne cherchez pas dans un atlas: l'Arpitanie fait partie des Nations sans État d'Europe...
Signe des temps... Angoisse de la mondialisation, retour à l'identitaire... Sur Internet fleurissent les réseaux de retour aux origines linguistiques.
L'Arpitan est donc le nom donné au langage autrefois appelé francoprovençal, terme qui prêtait à confusion. Arpitan annonce la couleur puisqu'il signie : montagnard. Sa zone d'influence est identifiée sur la carte ci-dessus. Elle intègre ainsi des cantons suisses et le Val d'Aoste en Italie.L'arpitan est une langue romane qui vient du latin.
L'Arpitanie a son drapeau...
Selon l'Atlas des Nations sans État d'Europe, l'arpitan est la langue des Arpians, les bergers.
"La conscience arpitane se développe au XXè siècle, quand les groupes de locuteurs de la langue vernaculaire prennent l'initiative d'orgnaniser, de façon régulière, des rencontres internationales, dans l'une ou l'autre des régions de l'Arpitanie. Bien que conscients de parler la même langue, quoique riche en particularismes locaux, les habitants continuent à se réclamer de leur région historique, la Savoie et le Val d'Aoste étant les deux régions les plus emblématiques de ce vaste territoire."
Michael Bodlore-Penlaez
Paradoxe sans doute mais le premier grammairien de la langue française fut Vaugelas, né en Arpitanie... Et François de Sales le Savoisien écrivait dans un français plus proche du nôtre que celui de Montaigne, son contemporain.
22:59 Publié dans Chronique lyonnaise, Coups de coeur, D'une génération à l'autre, Passages vers... | Lien permanent | Commentaires (31) | Facebook | Imprimer
vendredi, 18 mars 2011
Crépuscule
Pour Pierre Ulm et Aliscan, les vers baudelairiens de cet ami poète cloué dans son fauteuil, naufragé de l'âge et de la maladie.
La mélancolie déjà... pourtant il était encore jeune. Le poète n'a pas la même horloge que nous.
Les nuages filent
Faufilent et défilent
Un, deux, trois...
Une cloche sonne
Détonne et résonne
Dans le bois.
Sans dé ni pelote
Deux branchent tricotent
À l'endroit,
Des mailles de lunes
Pour les tuiles brunes
Du vieux toit.
Ce nuage en détresse
Jeunesse, ma jeunesse,
C'est bien toi.
La lune boit la lune
Adieu et sans rancune
Oublie-moi.
Bernard Dominique Lacroix
Claude-Joseph Vernet
(1714-1789)
09:29 Publié dans Au jour le jour, Coups de coeur, D'une génération à l'autre | Lien permanent | Commentaires (13) | Facebook | Imprimer